Cette semaine, j’avais envie de te parler de motricité libre. Seulement voilà, ce n’est pas mon domaine d’expertise ! Alors j’ai fait appel à une experte et amie Charline Bouquet.
J’ai connu Charline lors de ma formation de spécialiste en approche empathique de l’enfant à l’école d’Isabelle Filliozat. J’adore cette fille ! Elle est pétillante, drôle, intelligente et calée dans de multiples domaines : massages bébés, Dunstan Baby language, motricité libre, mon moment magique… Tu pourras retrouver ses textes inspirants sur Facebook et sur Instagram : @nospetitsateliers.
Bonne lecture !
Dis-moi Charline, c’est quoi la motricité libre ?
Ce que j’ai l’habitude d’en dire, c’est que c’est du bon sens. Tu sais celui qu’on a oublié à force d’être poussés à l’achat de supers trucs et machins chouettes par les grandes marques.
C’est vrai que ça m’a rassurée quand j’allais devenir maman pour la première fois de posséder un tapis d’éveil avec une arche aux milles couleurs et milles suspensions.
C’est vrai que ça m’a rassurée d’avoir un super cocon tout doux tout neuf pour poser la prunelle de mes yeux dedans.
Comme c’est vrai que j’ai vite mis tout ça de côté.
J’ai réalisé que ce qui comptait le plus c’était de lui offrir ce dont elle avait vraiment besoin.
De la proximité et de la liberté d’action.
Des câlins, du peau à peau, du portage, me mettre par terre avec elle et regarder ce qu’elle regarde et la laisser faire.
La regarder avec un regard émerveillé à chaque premier geste.
Je me rappelle encore de la tête mi-stupéfait mi-inquiet du papa rentrant du travail quand je lui ai dit d’un ton d’admiration extrême :
« tu sais pas ce qu’a fait ta fille aujourd’hui ?
Elle a tendu le bras pour attraper le hochet que j’avais posé à côté d’elle, l’a saisi et l’a porté à la bouche ! Tu te rends comptes ? »suivi de trémolos dans la voix et d’un
« mais tu te rends compte comme ça passe trop vite ? Elle sait déjà faire ça?!! »
Pour être connectée à 200%, ça je l’étais !
Dès qu’elle bougeait un orteil (j’exagère à peine) je faisais des recherches sur le net… la Leche league, les formations, les livres en tous genres, les vidéos des plus grands pédiatres… Tout était prétexte à apprendre pour comprendre ce qu’il se passait pour elle dans l’instant présent et mettre en place des choses.
Et puis, je suis tombée sur une certaine Emmi Pikler et une Maria Montessori. C’est en lisant que je me suis dit, c’est dingue! Elles ont tout compris!
J’ai alors arrêté de tout prévoir et d’essayer de tout comprendre et suis allée encore plus vers la liberté.
Le lâcher prise de mon côté était difficile.
Parce que la motricité libre c’est quoi au juste ?
C’est respirer, regarder passer toutes nos pensées préconçues sur le développement de l’enfant et la manière dont nous pourrions faire et observer son bébé, son bambin, faire. Lui offrir la confiance dont il a besoin pour grandir.
On installe au sol bébé et un petit objet de chaque côté. Sauf s’il est vraiment trop dur ou trop glissant (les carreaux des années 70 par exemple, oui c’est du vécu) un grand tapis de gym suffira. Une petite cuillère en bois, une timbale (légère) en inox… ou un hochet… des bidules dont le poids est en deçà de 15/20 grammes en matières nobles -parce que les sensations sont différentes chaud, froid, dur moins dur,…. alors que le plastique est toujours pareil et dépourvu de richesse sensoriel.
Puis contemple et écoute.
Chaque mouvement répond à un besoin. Celui de se développer, de découvrir le monde qui l’entoure ou celui de proximité. Et comme Isabelle Filliozat le dit, tu es son porte avion.
Au début, quelques minutes d’exploration lui suffisent amplement avant d’avoir besoin de faire le plein d’amour. Et puis plus les semaines passent et plus il élargit son espace de prospection, plus il y reste de temps et moins il a besoin de remplir son réservoir.
Il va ramper, se tourner d’un côté, faire du quatre pattes, tourner de l’autre, avoir parfois même l’air d’être coincé… non non ! Nous sommes bien faits, ce bras qui coince quand elle veut passer du plat dos au plat ventre est là pour lui apprendre !
De la persévérance petit cœur en a plus que quiconque, le basculement se fera au moment où son corps sera assez musclé pour le faire.
Rappelle toi, « toute aide inutile est une entrave à son développement » disait Maria.
Et comment on sait que c’est utile ?
C’est simple, ton enfant te le demande clairement.
Quand il gémit parce qu’il est coincé, il a besoin de ton regard soutenant.
Quand il pleure, il appelle son porte avion. Toi. Il travaillera encore au prochain moment au sol.
Stop ! Ralenti ! Il n’y a pas l’feu et tu ne rateras pas le train du développement, ton enfant ne sera pas à la ramasse s’il n’a pas de jouet qui chante l’alphabet en anglais, clignote en russe et interagit avec ton bambin.
Ce précieux est une merveille de technologie ! Je parle toujours de ton bébé.
C’est comme s’il avait une carte mémoire où toute réussite est possible. Il a les capacités de reconnaître 300 tonalités de vert, d’apprendre 12 langues et de devenir expert de tout ce qui l’entoure… alors se mettre assis tout seul ou marcher?!! C’est un jeu d’enfant !
Il va s’aider du coussin du canap’ pour se hisser encore et encore, il va marcher en crabe se tenant les mains au bord de la table basse faisant 10 fois le tour, puis quand son corps et sa motivation seront en phase, il se lancera tout seul pour ton plus grand bonheur !
Il va grimper partout.
Tu risques d’avoir peur. Et le plus beau cadeau que tu puisses lui faire c’est lui offrir la possibilité de faire ces expériences là sur le canapé ou en mettant en place un espace dédié.
Pourquoi ? Parce que, c’est comme ça que ce petit sera riche de confiance et rempli de discernement.
Un enfant aime prendre des risques mesurés.
J’ai bien dit mesuré. C’est lui qui juge de ce qu’il cap ou non. Nous parents sommes là pour les 3% d’imprévu…
Tu veux monter sur l’étagère ? Elle est pas fixée au mur, ou pas assez solide, alors je t’emmène faire de l’escalade.
Tu veux courir autour de la piscine d’été du tonton de Hossegor ? Viens on teste la glissade sur les carreaux mouillés d’abord.
Emmi Pikler avait observé que les enfants issus de milieux plus aisés se blessaient beaucoup plus et plus gravement que les enfants issus de milieux plus modestes. Tandis que les uns étaient choyés, les autres avaient plus de liberté.
Quand un gamin tend sa jambe en pédalant au bord du lit vers le vide en se cramponnant aux draps, il évalue la distance. S’il sent que c’est pas ok pour lui, il va remonter, sinon il lâchera. Quand l’enfant n’a jamais eu l’occasion de jauger lui même, il a peu de repères, et donc prendra la décision sans avoir senti… c’est là qu’il se blesse.
Si je résume, l’idée c’est d’avoir confiance en eux comme on aurait confiance en notre meilleur ami. Parce qu’ils sont des personnes qui ont besoin de notre regard émerveillé, notre présence rassurante, de liberté et rien d’autre.
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
2 Commentaires
Merci pour ce très bel article!
Je partage un peu le vécu de Charline. Au début, j’ai acheté des éléments pour me dire très vite: mais a quoi ça sert ce « brol » (comme on dit en Belgique). Je me souviens d’un magnifique tapis d’éveil acheté pour mon premier… Mais qui n’a servi franchement à rien !
Je crois qu’on est nombreuses à avoir acheté la « panoplie » pour le premier ! 🤣