L’autre jour, ma fille de presque 3 ans me regarde tendrement et me dit : “maman, je peux te faire un bisou ? “
Et là, j’étais super fière. Pas seulement parce que c’est adorable et que j’adore les câlins et les bisous. J’étais fière d’avoir transmis à ma fille l’importance du consentement.
Oui, même pour un bisou ou un câlin, demander la permission est important. Parce que notre corps est précieux, il nous appartient. Et nous sommes libres, tous, dès le plus jeune âge et quelques soient nos liens, d’accepter ou de refuser un contact physique.
Le consentement dès le plus jeune âge
Le consentement est une notion importante et protectrice. Elle s’apprend dès la naissance. Comment ? En premier lieu, par l’exemple et la mise en pratique.
La notion importante à faire passer est “ton corps est précieux, il t’appartient et personne n’a le droit de te toucher sans ton autorisation.” J’ai dit PERSONNE donc ni papa, ni maman, ni le médecin, ni tatie Paulette… Personne !
Ce qui signifie que, lors des réunions de famille, quand Tatie Paulette ou grand-père René réclament un bisou baveux et un câlin qui pique, l’enfant a le droit de refuser. Ce n’est pas la peine d’essayer de trouver une excuse sous forme de “c’est une question de politesse” ou “Tatie Paulette va se vexer”… On ne force pas quelqu’un à faire un bisou ou un câlin. Quelque soit son âge.
Et les nouveaux-nés alors ?
J’irai même jusqu’à dire qu’il serait bon également de protéger nos tout-petits qui ne parlent pas encore. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas encore l’usage de la parole qu’ils ne peuvent pas s’exprimer.
Le langage non-verbal est important. Le nourrisson nous montre déjà clairement quand il ne veut pas être pris dans les bras. Il se raidit, nous repousse voire pleure. Alors quand il nous montre qu’il n’a pas envie, on l’écoute. Et encore une fois, tant pis si Grand-mère Jacqueline n’a pas eu son câlin.
De la même façon, il n’est pas nécessaire ni recommandé que n’importe qui bisouille notre bébé. Ce n’est ni hygiénique ni respectueux. Il a, lui aussi, le droit au respect de son corps.
Apprendre au quotidien
Comment lui montrer que son corps est précieux dès la naissance ? En ayant des gestes doux, en étant vigilant à ses réactions et en mettant des mots sur nos actions. On peut également lui demander son consentement. Et oui ! Il ne pourra pas répondre avec des mots mais il entendra que son avis compte. Petit à petit il saura exprimer son accord et prendra conscience de la notion de consentement.
Si son corps est précieux et lui appartient, il paraît logique que ce soit à lui d’en prendre soin dès que possible. Alors rapidement, l’enfant pourra se laver seul. Tant pis s’il met trop ou pas assez de savon. On peut lui expliquer comment faire, lui montrer sur une poupée et le laisser faire.
Je vois déjà les sceptiques froncer les sourcils en se disant que c’est excessif.
Et pourtant, il sera beaucoup plus facile de faire comprendre le consentement lorsque c’est une habitude de la famille. Il n’y a pas un âge clé où, pouf, d’un coup, le corps devient privé. Il l’est dès la naissance. C’est valable pour tout le monde, tout le temps.
Une affaire de famille
Mon fils demande souvent des câlins à sa petite soeur. Parfois elle dit oui, parfois elle dit non. C’est très difficile pour mon fils de se voir refuser un câlin de sa soeur.
Et si je forçais sa soeur à lui donner une marque de tendresse alors qu’elle n’en a pas envie, quel serait le message ? A propos de son intimité, de son corps, de ses limites, de ses droits. Qu’est-ce que mon fils apprendrait de cette situation ? Qu’on peut forcer les autres ? Que l’envie de l’un est plus important que le respect de l’autre ?
Alors, oui, mon fils se prend des vents parfois. Ce n’est pas très confortable, ni pour lui ni pour moi. Mais quand sa soeur lui fait un câlin ou un bisou, elle le fait de tout son coeur, sincèrement. Et ça, ça rattrape tout.
Leur relation est authentique et respectueuse.
Consentement et spontanéité
Bien sûr il y a des moments où le câlin se fait naturellement, sans demander. Mais même dans ces moments là on reste attentif aux réactions de l’autre, au non verbal. Ce n’est pas parce que c’est mon enfant et que je l’aime que je peux lui faire un bisou ou un câlin sans lui demander.
Et l’inverse est valable également. J’ai le droit de refuser un câlin à mon enfant lorsque je n’en ai pas envie. Evidemment il faudra veiller à garder le lien et à expliquer à l’enfant que cela n’a pas de rapport avec lui. Parfois on n’est pas disponible, pas réceptif.
Par exemple, quand je rentre chez moi et que mes enfants me sautent dessus, je leur demande d’attendre quelques minutes que je puisse poser mes affaires. Ensuite je suis disponible pour un câlin. Je respecte aussi mon corps et mes propres besoins.
Proposer sans imposer
Quand mes enfants sont tristes ou en colère, je sais qu’un câlin peut leur faire du bien. L’ocytocine que l’on produit lors des contacts tendres nous aident à diminuer le stress et à revenir au calme. (Pour en savoir plus, voici le lien !)
Ce n’est pas pour ça que je les force. Je leur propose et s’ils refusent, je reste disponible pour le moment où ils en auront besoin. La plupart du temps, ils reviennent vers moi au bout de quelques minutes et sont ravis de pouvoir se ressourcer dans mes bras.
J’apprend à mes enfants à respecter leur corps et celui des autres.
Mais si on veut vraiment protéger nos enfants, il faut aller plus loin.
Accepter le refus
Il faut aussi leur apprendre à dire NON.
Pour cela il faut que l’on soit prêt à accepter leur refus et à le prendre en considération.
Oui, mon enfant a ses propres envies, ses propres besoins, ses propres limites. Il a le droit de dire “NON”. Même si ça m’énerve, même si ça me vexe, même si ça heurte mon élan de tendresse.
Accepter que notre enfant nous dise “Non” c’est lui donner la possibilité de s’affirmer lui.
Lorsqu’on parle du respect du corps de l’autre, il ne s’agit pas juste des câlins et bisous. On parle de tous les contacts physiques.
Par exemple, lorsque je joue à la bagarre avec mon enfant ou un autre jeu de contact, il y a une règle très importante : lorsqu’un participant dit “Stop”, le jeu s’arrête tout de suite. Même si l’enfant rigole, même si on s’amuse.
Parce que si je continue malgré son refus, je lui montre que je ne l’écoute pas.
« Fais ce que te disent les adultes »
Au delà de cet aspect purement physique, il y a une autre dimension plus globale qu’il est intéressant de questionner : l’autorité de l’adulte sur l’enfant.
Les adultes ont naturellement de l’autorité sur les enfants. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Si tu veux que ton enfant se comporte correctement, apprend lui l’empathie, l’écoute. Définis avec lui les règles de vie en groupe, des règles qui s’appliquent à tous. Montre-lui l’exemple et fais-lui confiance.
Il n’est pas nécessaire de se mettre en posture dominante pour élever un enfant. Il suffit de se mettre à sa hauteur et de lui montrer le respect que tu voudrais qu’il ait pour les autres.
Le modèle autoritaire où l’enfant doit faire tout ce que l’adulte demande se base sur la peur et l’intimidation. Si ce que tu veux c’est que ton enfant t’obéisse, tu peux avoir de mauvaises surprises. (Je t’en parle ici !)
Les risques de l’obéissance
Lorsqu’on apprend à un enfant qu’il doit toujours faire ce que disent les adultes, on peut le mettre en danger. Parce que malheureusement, tous les adultes ne sont pas bien attentionnés et que la plupart des agressions sexuelles ont lieu dans l’entourage proche de l’enfant. Oui, je sais, c’est un sujet délicat. Ça fait peur. Il ne s’agit pas de devenir parano. Juste d’être conscient.
Parce que quand tu montres à ton enfant que tu respectes son intimité, que tu lui expliques qu’il a des droits, tu le protèges.
Le consentement est une notion importante pour les petites choses de la vie quotidienne comme pour les cas plus graves.
Alors dis-lui :
Personne ne peut décider à ta place.
Personne n’a de droit sur ton corps.
Tu peux tout me dire.
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !