Quel parent n’a pas rêvé d’avoir un enfant sage ?
Un enfant qui fait ce qu’on lui demande.
Un enfant qui écoute.
Un enfant qui ne fait pas trop de bruit quand tu es fatigué.
Un enfant qui n’est pas constamment dans tes pattes.
Un enfant qui travaille bien en classe.
Un enfant qui participe aux tâches de la maison.
Un enfant sage…
J’étais cet enfant.
J’étais une petite fille sage.
Jamais de colère.
Jamais de bêtise.
Travaille bien à l’école.
Pleure de temps en temps mais dans sa chambre.
Autonome.
Agréable.
J’étais une petite fille sage…
Et en fait terriblement triste, seule.
J’étais sage pour ne pas déranger… transparente.
Je ne faisais pas de colère pour protéger… Protéger les autres au détriment de ma propre sécurité.
Parce que j’avais appris que ma colère pouvait blesser… Blesser ma mère et la faire souffrir.
J’étais autonome parce que je ne savais pas demander, ni même recevoir. Je ne savais que donner, faire, encore et toujours plus… Jamais assez.
Lorsque quelque chose n’allait pas, je m’enfermais dans ma chambre. Je m’enfermais dans ma solitude. Sans espoir que quelqu’un vienne.
Je n’étais pas malheureuse.
Je pensais que c’était normal.
Je pensais que je ne méritais pas plus.
Je pensais que la vie était comme ça.
Je pensais que j’avais le pouvoir de rendre les autres malheureux. Alors je faisais très attention.
Je pensais que si je faisais plus, si je devenais mieux, une meilleure personne, une meilleure fille, mes parents pourraient peut-être être heureux.
Je pensais que j’avais ce pouvoir.
Je pensais que j’étais responsable.
Alors j’étais sage. Le plus sage possible.
Pour être aimée.
Pour être acceptée.
Pour mériter.
Pour être utile.
Aujourd’hui j’ai appris
Que je ne suis pas responsable du bonheur de l’autre
Que mes émotions ont leur place et leur utilité
Que j’ai ma place
Que je n’ai pas besoin de faire pour mériter
Que je suis aimable
Que j’ai le droit d’être heureuse
Que j’ai le droit d’être moi.
En apprenant cela pour moi, en me donnant ces permissions, en prenant ma place, je transmets tout cet espace à mes enfants.
Je ne veux pas que mes enfants soient sages.
Je ne veux pas qu’ils soient calmes, discrets, silencieux et obéissants.
Je veux qu’ils sautent dans tous les sens, qu’ils rient, qu’ils râlent, qu’ils crient, qu’ils pleurent, qu’ils se disputent et se réconcilient.
Je veux qu’ils aiment et qu’ils détestent.
Je veux qu’ils vivent pleinement.
Je veux qu’ils soient libres d’être.