En tant que parents, on a tous à coeur d’encourager nos enfants, de leur donner confiance en eux. On voudrait leur donner du courage pour aller au bout de leurs rêves.
Alors spontanément, on leur dit des mots comme :
“je suis fière de toi”,
“tu es intelligent”,
“tu es fort.”
Et en même temps, en deux secondes on peut passer d’un “Tu es merveilleuse” à “Tu es vraiment insupportable !” Colère, fatigue, stress, frustration nous font répéter ces phrases que l’on souhaiterait ne jamais prononcer.
Mais alors comment faire ? Comment encourager nos enfants pour qu’ils ancrent leurs compétences positives de façon durable ?
Quand nos mots laissent des traces
Pour commencer, faisons attention à nos mots !
Les enfants, comme tous les êtres humains, ont besoin de signes de reconnaissances. C’est grâce à ceux-ci qu’on sent qu’on appartient au groupe, qu’on est considéré, qu’on existe.
Ce besoin est tellement puissant qu’ils nous pousseront à bout pour en avoir ! Plutôt des signes de reconnaissances négatifs que rien du tout.
C’est pour ça que quand on se montre distant ou si on est hypnotisé par notre smartphone, qui ne nous rend pas vraiment smart, ils seront capables de prouesses en matière de bêtises et de comportements désagréables pour nous sortir de notre anesthésie sensorielle.
Et comment on réagit dans ces cas là ? Souvent assez mal… Ça dérape, ça nous dépasse et on peut avoir des mots vraiment douloureux pour nos enfants.
C’est pour ça qu’il est important de gérer notre propre stress, de prendre soin de nous, d’apprendre à gérer nos émotions pour ne pas déraper. Et quand ça arrive, que ces mots cailloux nous ont échappés, aller voir l’enfant pour s’excuser et tenter de réparer. Les excuses n’effacent pas tout mais ça peut permettre à l’enfant de se détacher du jugement négatif.
Et pour éviter de se retrouver dans ces situations, rappelons nous de l’importance de l’attention portée à nos enfants. Ils ont besoin de se sentir aimés, en lien. Ils ont besoin de nous savoir disponibles. C’est une question de survie pour eux. D’aussi loin que remonte l’histoire de l’Homme, le tout-petit a toujours eu besoin de s’attacher à un adulte qui lui assure sécurité et protection. Penses-y quand ton fils fera l’andouille pour attirer ton attention. Oui, il te cherche. Mais ce n’est pas pour t’embêter, c’est une fonction biologique qui a pour but la survie de l’espèce. Il n’y peut rien. Il a été programmé comme ça.
Alors prends le temps chaque jour de remplir son réservoir d’attentions positives, de marques de tendresse et de câlins. Et tant que possible, ravale tous tes jugements négatifs, change ton regard sur ces comportements et souligne le positif.
Utiliser un langage positif et encourageant, est-ce si simple que ça ?
Les jugements positifs
Quand on essaie de voir les comportements de nos enfants en version optimiste et valorisante, on se retrouve à dire “Tu es persévérante”, “Tu es fort”, “Tu es vraiment créative”.
Quels sont les effets de ce genre de phrases ?
Difficiles à croire
Finalement, ce sont encore des jugements. Ils concernent donc plus celui qui les émet que celui qui les reçoit. Ils dépendent de sa carte du monde, de sa vision des choses. ALors comment se les approprier ?
Face à de tels compliments, certains enfants peuvent ne pas les prendre du tout pour eux. Ils n’y croient pas. Si ça ne fait pas écho en eux, ils ne les accepteront pas.
Si ton patron te dit que tu es vraiment rigoureux dans ton travail alors que tu as fait l’impasse sur certains détails de ton dernier contrat, tu ne te sentiras pas légitime face à ce jugement. Tu peux te sentir mal à l’aise.
Si ta copine te dis qu’elle te trouve très courageux alors que la veille au soir tu t’es effondrée en sanglots, que tu te sens au fond du gouffre et que tu peines à tenir debout. Comment le prends-tu ? Tu te dis que tu n’es pas comprise, qu’elle ne sait rien de ce que tu vies, que tu n’es absolument pas courageux.
Aussitôt dits, aussitôt balayés
Le deuxième problème de ce genre de phrases c’est que l’enfant ne les garde pas en lui. Comme elles reflètent l’avis du parent, elles sont liées à lui. Donc s’il est absent, l’encouragement n’existe plus. Et si, par un mauvais jour, le père ou la mère donne un jugement négatif, celui qui était positif est balayé d’un coup.
Malheureusement, les propos péjoratifs persistent plus souvent dans l’esprit des enfants (tout comme les adultes) et prennent plus de place que les compliments.
La pression des jugements
Lorsqu’on colle une étiquette à un enfant, qu’elle soit positive ou négative, l’enfant comprend que c’est comme ça qu’on le voit. Et comme le parent a toujours raison il se doit de correspondre à cette image.
Dans le cas de jugement péjoratif, cela va se manifester par une persistance du comportement négatif. Ce qui va nous énerver et renforcer notre vision négative. On aura donc tendance à anticiper des réactions négatives et donc avoir une attitude et un langage consolidant le jugement de l’enfant. On s’attend à ce qu’il soit pénible. Par nos gestes et nos mots, l’enfant le sent et donc il est pénible.
Pour ce qui est des jugements positifs, ce n’est pas beaucoup mieux. L’enfant peut penser que pour continuer à être aimé, il doit toujours se montrer à la hauteur de ce jugement.
Quand j’étais jeune, mes parents et mes frères m’avaient collé l’étiquette de “bonne élève”. Ce qui ne représentait aucun avantage en soit parce qu’ils considéraient tous que cela allait de soi. Je n’avais donc droit à aucune félicitation pour mon travail et pour mes efforts puisque c’était naturel que j’ai de bons résultats. Par contre, j’avais la pression de garder cette position.
Lorsqu’on dit d’un enfant qu’il est gentil, sage, calme, on l’oblige à rester dans ce schéma. On peut se dire que c’est bien qu’il reste gentil et sage. Le problème c’est la motivation qu’il va avoir pour atteindre cet objectif. Il le fait pour garder l’affection de l’autre ou son admiration. Il est donc dépendant du regard de l’autre.
Heureusement, il existe une autre de façon de faire : le pousser à faire les choses pour lui, à être fier de lui et de son travail.
Des encouragements efficaces
Pour aider notre enfant à gagner confiance en lui, il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Le but est de l’amener à améliorer la vision qu’il a de lui-même et à prendre conscience de toutes ses aptitudes.
1. Le pouvoir de la description
Si tu veux que tes encouragements soient efficaces et que ton enfant les accepte, il faut qu’ils soient indiscutables, non opposables. La meilleure façon est donc tout simplement de décrire ce que tu vois et ce que tu ressens.
Pourquoi ça marche ?
Premièrement parce que pour décrire il faut être attentif. Si ton fils te montre son dessin et que tu lui réponds “Waouh, c’est beau !”, ce n’est pas toujours crédible.
En fait, tu n’as même pas besoin de regarder son chef d’oeuvre pour lui dire ça. Il peut donc se dire que tu dis ça pour lui faire plaisir, ou pour faire vite.
Tu ne soulignes rien de positif donc si lui n’aime pas ce qu’il a fait, son avis ne sera pas influencé par le tien. Par conséquent, il ne se sent pas spécialement doué pour le dessin.
Tu ne remarques pas non plus le travail fourni pour en arriver à ce résultat. Pourtant il a peut-être passé du temps et s’est appliqué pour des détails que tu ne relèves même pas.
Parfois, certains enfants insistent : “Tu as vu, j’ai fait un arbre.” Et on se contente encore de répondre “Ah, oui, c’est joli !”
A croire qu’on n’a vraiment pas envie de comprendre !
Alors, un petit effort, on décrit : “Je vois que tu as dessiné un soleil dans le coin et des nuages. Tu as mis beaucoup de couleurs sur le toit.” Allez, si vraiment tu insistes, tu peux lui dire que tu aimes bien et que tu trouves ça joli. L’idéal est de lui dire ce que ça provoque chez toi : “toutes ces couleurs me rendent joyeux.”
Quand on donne des détails, l’enfant se sent reconnu. On est vraiment en lien. On montre qu’on prend conscience de ses efforts, de ses progrès. On est attentif à son oeuvre donc à lui. Il peut voir alors qu’il est quelqu’un d’intéressant, qui mérite qu’on s’intéresse à lui.
Le compliment descriptif va donc au delà d’une simple appréciation du résultat.
En décrivant les comportements de nos enfants de la même façon, ils se sentent compétents. Au lieu de dire à ma fille : “Tu es serviable.” je préfère lui dire “J’ai vu que tu avais mis les assiettes et les couverts à table. Ca m’a bien aidé.” Elle se sent alors valorisée. Ce sentiment reste et c’est ainsi qu’elle consolide une image positive d’elle-même.
On peut agrémenter le tout d’un mot résumant le comportement que l’on a apprécié. Par exemple : “J’ai remarqué que tu avais pris ta douche en 5 minutes pour te garder du temps pour jouer avant le repas. C’est ce que j’appelle de l’organisation.”
Là encore, la nuance avec “Tu es organisé” peut paraître subtile mais elle est néanmoins importante. Quand nos phrases déclenchent une activation des zones de la réflexion dans le cerveau de l’enfant, de nouvelles connexions neuronales se font. L’enfant va ainsi associer son comportement au qualificatif donné.
2. Chaque pas compte
Les apprentissages ne sont pas toujours simples et prennent parfois beaucoup de temps. Étonnamment, on a tendance à remarquer chaque petite nouveauté chez les plus petits et ne voir que les grandes avancées chez les plus grands. On s’extasie quand notre bout de chou commence à faire “Arheu”, qu’il se tourne seul, qu’il se met à ramper. Puis, ce pitchoune grandit et ses progrès sont plus discrets.
Pourtant chaque petit pas compte et c’est en soulignant chaque étape que le chemin sera plus facile.
Imagine-toi dans un trek pour passer un col à 5416 mètres (le col de Thorong-la dans les Annapurnas). Tu as plusieurs jours de marche, plusieurs heures par jour. Si chaque soir tu te félicites d’être arrivé à ce stade du parcours, si tu te félicites de chaque pas, tu te sentiras de plus en plus confiant. Si tu attends d’atteindre le col pour te sentir victorieux, il est fort probable que le parcours te semble pénible et interminable.
Alors si on essayait avec nos enfants ? Chaque progrès est à souligner. Chaque comportement positif mérite d’être remarqué.
Inutile d’en faire des tonnes non plus. Une petite phrase suffit. Juste ce qu’il faut pour que l’enfant sente qu’on le voit avec admiration.
Bon, on ne fait pas ça à longueur de journée et pour n’importe quoi non plus. L’idée est de souligner les comportements que l’on apprécie et de remarquer les progrès.
Si ta fille a tendance à mettre deux heures à se préparer le matin, essaie de souligner les moments où elle est efficace. Et surtout, évite de comparer avec le reste de la fratrie ou avec les autres jours. Ça casserait tout le côté positif du processus !
3. Se concentrer sur le processus
En tant qu’adulte, on est souvent plus attentif au résultat qu’au processus. Chez l’enfant c’est l’inverse.
Ma fille mets ses chaussures le matin. Je suis pressée, je voudrais qu’on parte rapidement. Je suis focalisée sur le résultat : des pieds chaussés, prêts à partir. Ma fille, elle, s’applique à faire ses lacets correctement. Elle est concentrée sur le processus.
Autre exemple, on sort de l’école. J’ai envie d’être déjà arrivée à la maison. Mes enfants, eux, profitent du chemin, s’arrêtent toutes les 3 secondes. Ils regardent chaque flaque, chaque plante croisée, chaque insecte sur la route. Ils testent leurs corps : courir, marcher, sauter…
La vie est faite d’apprentissages. Lorsqu’on est trop focalisés sur notre objectif, on passe à côté de plein d’informations, d’enseignements. Souvent le chemin est tout aussi intéressant, voir plus, que l’arrivée.
4. Faire de l’erreur un outil
Parce qu’on ne peut pas apprendre sans jamais se tromper, il est important de ne pas voir les erreurs comme des échecs mais comme des sources d’apprentissages.
Si ton enfant rate, aide-le à voir la leçon qu’il peut en tirer. Se tromper est beaucoup plus instructif que de réussir tout de suite. Cela permet de se poser des questions, de mieux comprendre et de s’en souvenir.
Valoriser les échecs renforce la confiance en soi de chacun. “Je n’ai pas peur de me planter car je sais que quoiqu’il arrive, j’en tirerai quelque chose de positif.”
Je ne perd jamais, soit je gagne, soit j’apprends.
Nelson Mandela
5. Ancrer les sentiments positifs
Pour aller au bout des choses et vraiment ancrer le processus de l’apprentissage, il y a une dernière technique. A chaque fois que ton enfant a réussi quelque chose, qu’il a surmonté un obstacle, refais le film des événements avec lui. En retraçant ainsi son cheminement : “Tu avais des difficultés avec …, tu as fait …, le résultat a été …”, tout le processus s’ancre dans son cerveau. Ainsi, à la prochaine difficulté, il pourra reproduire les mêmes étapes et s’en sortir.
En lui faisant exprimer les émotions et sentiments positifs associés à cette expérience, on consolide aussi l’apprentissage. “Tu as travaillé tous les soirs et tu as réussi ton examen. Qu’est-ce que ça te fait dans ton corps ? Comment tu te sens ? Qu’est ce que tu penses de toi et de ce que tu as fait ?”
Ce n’est pas à nous d’être fiers des réussites de nos enfants. Ce sont leurs victoires, laissons-les les savourer. C’est leur joie que nous pouvons partager.
On peut être fier de notre travail, de ce que l’on a réalisé. Les enfants ne sont pas nos objets, notre création.
SI un jour un “Je suis fier de toi” t’échappe ce n’est pas la fin du monde non plus ! L’important c’est que ce ne soit pas les seuls signes de reconnaissances positifs que reçoit l’enfant !
Et si on jouait ?
Un dernier petit secret : pour augmenter la confiance de ton enfant, joue avec lui !
Le jeu a de multiples vertus : remplir le réservoir, donner de l’attention, entrer dans le monde de l’enfant, parler de sujets délicats par l’intermédiaire des jouets, renforcer l’attachement, sécréter de l’ocytocine et donc diminuer le stress…
Lorsque tu joues avec ton enfant, tu lui donnes de l’importance, de la valeur. Ca favorise donc sa confiance en sa personne propre : “J’ai de l’intérêt”. Il se sent en lien et important.
Pour certains parents, il est difficile de jouer avec son enfant. On s’ennuie, on se sent ridicule. Ne serait-ce pas plutôt que nos propres parents n’ont jamais pris ce temps pour nous et que, du coup, ça coince un peu chez notre enfant intérieur ?
Concentrons-nous alors sur ce qu’il se passe réellement : on n’est pas juste en train de jouer aux playmobils, on passe un moment privilégié avec notre enfant. Pas convaincu ? Regarde ses yeux remplis de joie quand tu joues avec elle. Enfin, si ce n’est pas habituel, il y aura peut-être un peu de surprise avant, voire de la méfiance selon les relations habituelles. Mais les effets bénéfiques ne tarderont pas à venir et alors ouvre bien ton coeur pour le remplir de tous ces échanges.
Un petit détail aussi qui a son importance, lorsque duel il y a, laisse-le gagner ! Et oui, je sais c’est pas sport !
En même temps, où est la gloire dans le fait de battre ton fils de 5 ans au puissance 4 ? Pour toi, il n’y a pas de mérite. Pour lui, la différence est importante.
Quand ta fille gagne contre toi au “qui est-ce ?” ou que ton fils te domine à la bataille de polochon, ils se sentent forts. Ils se sentent puissants. Plus ils emmagasineront de victoires et plus ils seront prêts à encaisser les défaites. Encore plus si tu leur montres l’exemple et que tu es fair play quand tu perds.
En grandissant, ils sauront accepter l’échec et relever le challenge. Mais là encore, une petite victoire de temps en temps leur permettra de se sentir plus confiants.
Un moteur pour la vie
La confiance en soi nous donne des ailes. Elle nous permet d’aller plus loin, d’oser, de nous surpasser. Connaître ses points forts et ne pas avoir peur de se tromper ouvre les portes d’infinies possibilités.
Il ne s’agit pas de foncer dans le mur aveuglément. Au contraire, lorsqu’on a vraiment conscience de ses compétences, on n’a pas besoin de prouver aux autres quoique ce soit et on accepte plus facilement nos limites.
La confiance en soi est un sentiment propre, liée à l’image que l’on a de nous et de nos capacités. En encourageant nos enfants par des compliments descriptifs et en soulignant ce qu’ils font de bien, on nourrit cette image.
On peut parfois sous-estimer l’importance de nos mots et notre influence sur nos enfants. Ils ont tellement besoin de nous et de notre amour qu’ils ne peuvent pas remettre en cause les jugements qu’on leur porte. Soyons vigilants aux phrases dévastatrices qui peuvent nous échapper sous le coup du stress.
A l’inverse, quand nous leur montrons notre admiration et notre joie face à leurs comportements, ils auront envie de revivre cette expérience et donc de renforcer ces compétences. Attention donc aux effets secondaires de la méthode. Personnellement, je n’aime pas entendre siffler alors j’évite de m’extasier sur le fait que mon fils siffle de mieux en mieux.
C’est un nouveau langage à apprendre. Ce n’est pas forcément celui que l’on nous a enseigné. La bonne nouvelle c’est qu’il est toujours possible de s’améliorer et que faire plaisir à l’autre nous procure de la joie et du bonheur aussi.
Et si vraiment tu manques d’inspiration, rappelle-toi que, parfois, un regard admiratif, un geste tendre, un sourire, un câlin valent mieux que des longs discours.
Alors quand tu utiliseras ces compétences, regarde bien l’effet que ça a chez ton enfant et partage ça avec nous en commentaire. La joie est faite pour être partagée !