Hier soir, ma fille m’a donné une parfaite illustration de la maturation du cerveau de l’enfant.
Le contexte :
La nuit précédente, ma dernière s’est réveillée dans la nuit.
Globalement, chez nous, le lit parental est un lit très familial. Les enfants vont et viennent durant la nuit au rythme des cauchemars, pipi au lit et autres réveils nocturnes.
C’est un choix éducatif mais pas seulement. C’est aussi notre mode de survie : dans notre lit, ils se rendorment plus vite donc nous aussi !
Donc je me lève, vais chercher l’enfant pendant que l’homme va lui faire un petit bib de ravitaillement. Aussi bien réveillés l’un que l’autre : lui a mal revissé la tétine du bib et moi j’ai attendu que ma fille soit trempée de lait avant de réaliser ce qu’il se passait…
Évidemment, tout ça dans notre lit, bien au milieu, sinon c’est pas drôle !
On était crevés. On a changé la petite et mis une grosse serviette sur le champ de bataille histoire de finir la nuit au sec !
Donc, hier, je mets les draps à laver et comme refaire un lit n’est pas ma grande passion, je n’ai pas remis de nouveaux draps tout de suite..
Histoire du soir:
Le soir, ma moyenne, toujours hyper facile à coucher, souhaite s’endormir dans notre lit. Franchement, il était 21h, on voulait juste se poser tranquille en amoureux.
Elle s’est donc couchée dans notre lit sans draps. Pas grave, je la rebasculerai dans son lit une fois endormie…
Enfin! On s’installe au salon avec un petit verre (d’eau bien sûr!)… Et là, j’entends ma fille pleurer. ( Quoi, encore?)
J’arrive dans la chambre et la retrouve, un feutre à la main, avec de magnifiques arabesques violettes sur mon matelas !
« Hiiiiiiiiiiii, c’est quoi ça ? »
Note bien que j’étais assez zen à ce moment là. Je n’ai pas crié.
Ma fille était vraiment en larmes.
Je pense qu’elle était choquée de ce qu’il s’était passé, comme si quelqu’un d’autre avait agit à sa place.
Et, quelque part, c’est un peu ça.
Je lui ai fait un gros câlin, l’ai rassurée en lui disant que je n’étais pas en colère. (J’ai presque trouvé ça drôle et puis franchement, ça change rien aux qualités de mon matelas.)
J’ai verbalisé son émotion :
« Tu as peur que je sois fâchée et que je te grondes. »
« Tu n’as pas fait exprès. »
J’ai dédramatisé en lui disant que tant qu’à faire, elle aurait dû signer ! Ça, c’était pas nécessaire, c’est ma touche perso!
Elle m’a dit « je voulais pas le faire maman ! »
Quelques années en arrière je me serais énervée:
« Mais enfin c’est bien toi qui a dessiné sur le lit ! Personne ne t’as forcée ! Tu savais bien que c’était interdit ! C’est n’importe quoi ! »
Je suis assez contente d’avoir changé d’ailleurs ! De telles paroles lui auraient fait beaucoup de mal.
Parce que, quand elle me dit « je voulais pas », c’est vrai !
Elle a 4 ans. Elle n’a pas encore les capacités neurologiques pour se retenir.
Elle ne peut pas. La pulsion est trop forte ! Tout se passe comme si sa main agissait indépendamment de sa volonté.
« Le petit enfant, jusqu’à 5-6 ans, n’a pas la capacité de prendre du recul, d’analyser la situation, de se raisonner car son cerveau supérieur qui permet ces capacités est encore très immature. Il est soumis à son cerveau archaïque et émotionnel. »
Catherine Guegen, « Vivre heureux avec son enfant. »
Hier soir, j’ai vraiment vu et ressenti la détresse de ma fille : « qu’est-ce que je viens de faire ? »
Ne va pas croire qu’après 6 ans c’est gagné.
Le cerveau mature jusqu’à 25 ans ! Oui 25 ans !
Parce qu’il y a du boulot !
Gérer ses pulsions, ses émotions, ses envies, ses besoins, nécessite des mécanismes neurologiques complexes.
Et franchement, je connais pas mal d’adultes qui ne s’en sortent pas mieux que mes enfants dans la gestion de tout ça !
Plus on rassure nos enfants, plus on les console, plus on les entoure d’amour, de bienveillance et de compréhension, et plus leur cerveau mature, plus ils apprennent à gérer leurs envies et leurs émotions.
Alors, oui, au quotidien, c’est difficile. On est parfois à cours de ressources.
Essayons juste de garder en tête que ce sont des enfants.
Si eux n’ont pas les capacités neurologiques pour gérer leurs pulsions, nous, on est sensés les avoir ! (En tout cas, moi, j’ai plus de 25 ans donc mon cerveau est mature à priori)
On est donc sensés réussir à maîtriser notre colère, notre frustration.
Si c’est si difficile pour nous, imaginez pour eux !
Et toi, as tu déjà vécu une telle situation ? Si oui, raconte-moi tout en commentaire !