“Attention, il va prendre de mauvaises habitudes !”
S’il y a bien un truc qui me hérisse le poil c’est cette fameuse phrase, cette sombre prévision, presque une menace.
Dès la maternité, dès les premières heures de vie. A peine sorti du doux milieu aquatique du ventre de maman, le nouveau-né serait déjà à risque de mauvais comportement, mauvais apprentissages, mauvaises habitudes.
Comme si il représentait une menace ? Une atteinte à la liberté de la mère. Un risque d’échec éducatif.
“Ne le garde pas trop dans les bras, il va s’habituer.”
“Ne lui donne pas trop le sein, il va le confondre avec une tétine !”
“Ne le laisse pas dormir sur toi, il doit apprendre à dormir dans son lit !”
“Laisse le un peu pleurer sinon il va faire des caprices.”
AH STOP AU SECOURS !!!!
Je ne comprends pas. C’est quoi l’idée ?
Le bébé, dans son esprit pervers et diabolique, serait en train d’élaborer un plan machiavélique: “Ah ah, je vais bien les avoir mes parents, je vais pleurer juste pour qu’ils me prennent dans les bras. Rho, j’ai une super idée. Cette nuit je vais me réveiller toutes les heures juste pour les fatiguer ! Et puis je vais faire exprès de refuser mon berceau. De toute façon j’ai rien d’autre à faire que de les faire tourner en bourrique ces deux-là ! Je sens que je vais bien m’amuser !”
Non, vraiment ?
Alors on va remettre les choses au clair. Il ne peut pas faire de caprices. Il ne peut pas nous manipuler. Tu imagines la complexité du raisonnement de la manipulation ? Il faut avoir conscience de soi, des autres, des interactions entre les personnes, du fait qu’une action engendre une réaction… Franchement, il y a du chemin avant qu’il ne nous manipule ce pitchoune !
“Oui mais j’ai bien remarqué que parfois il pleure et dès que je le prends il s’arrête.”
Étonnant le nombre de fois où j’ai entendu une maman me dire ça, se plaindre de ça. Et bien, oui, parfois la seule chose dont le bébé a besoin, c’est qu’on le prenne dans les bras. Ce n’est pas un caprice pour autant. C’est un besoin fondamental.
Il a besoin d’attachement. Il a besoin de se sentir aimé, de savoir que quelqu’un est là quand il appelle, que quelqu’un tient à lui. C’est vital pour lui.
Le bébé a besoin de l’amour et du contact de sa mère, ou à défaut d’une autre figure maternante, pour s’accrocher à la vie.
Donc, s’il n’a besoin “que” d’être rassuré, dans les bras de maman ou papa, il va s’arrêter de pleurer dès qu’on le prend. C’est un peu logique non ? Son besoin est comblé, il est bien. C’est parfois aussi simple que ça.
“Et puis dès que je le pose dans son berceau il pleure. Il s’habitue trop aux bras !”
Imagine : tu passes 9 mois dans un endroit chaud, réconfortant, douillet. Tu es bercé toute la journée. Tu es bien enveloppé. Tu entends des bruits rassurants, la voix de maman, son cœur, les bruits atténués de l’extérieur. Tu es dans ta petite bulle. Un jour il faut en sortir, découvrir le monde, la vie, s’adapter à des changements de lumières, des odeurs inconnues, des bruits étranges, le froid, la faim…
Heureusement de temps en temps tu retrouves l’odeur rassurante de maman, la même que dans ta bulle, tu sent sa chaleur. Ses bras te contiennent, te cajolent, te rassurent. Bien serré contre elle, tu peux même entendre les doux battements de son cœur… C’est tellement rassurant… Et bien non, stop, hop, au lit !
Un super berceau tout neuf, trop de place, l’odeur inconnue des draps propres. Un environnement complètement déroutant. Alors, tu te sens comment ?
Le bébé ne s’habitue pas aux bras. Il y retrouve la chaleur et le confort qui le rassure.
Il a besoin de ce contact le plus souvent possible. Laissons lui le temps de découvrir le monde à son rythme.
Le nouveau-né n’a même pas conscience des limites de son propre corps. Il ne sait même pas qu’il est autre que sa mère.
Tu veux lui apprendre ? Fais lui des massages. Il découvrira par la chaleur du toucher les contours de son corps.
Tu as peur qu’il reste collé à toi toute sa vie si tu l’habitue à ta présence ?
Au contraire, rassure le. Montre lui qu’il peut compter sur toi, sur ton amour.
Plus on répond aux besoins du tout petit, plus on diminue son stress, plus il maturera son cerveau. Petit à petit, l’enfant prendra conscience de son individualité.
C’est grâce à la confiance qu’il aura construit tout petit qu’il se sentira à l’aise pour aller à la découverte du monde et des autres. Il sait qu’il peut s’appuyer sur l’amour de maman, de papa, comme sur un pilier pour avancer, pour aller plus loin.
L’enfant a besoin d’amour comme d’une énergie pour la vie.
Le tout petit va utiliser cet amour, cette présence rassurante pour se construire. Il en a besoin pour grandir tout autant qu’il a besoin de lait.
Comme si, petit à petit, de bisou en câlin, de caresse en mot doux, on consolidait le squelette fragile du nouveau-né. Comme si cet amour le renforçait pour qu’il puisse ensuite se lever et aller vers le monde.
Alors si ton bébé te réclame trop souvent les bras, rappelle-toi qu’il en a besoin pour planter bien solidement ses racines dans le sol et pouvoir grandir en sécurité affective.
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