Mais en fait c’est quoi une émotion ?
Selon Robert,
“Émotion : état affectif intense, caractérisé par des troubles divers.”
Franchement, avec des définitions comme ça, il ne faut pas s’étonner que tout le monde soit un peu perdu
On va essayer de faire mieux grâce à Isabelle Filliozat (“Que se passe-t-il en moi?, “Au cœur des émotions de l’enfant.”) et Claude Steiner (“l’A.B.C. des émotions”).
Un premier point important c’est leur origine neurologique.
Les émotions prennent vie au niveau des 2 parties les plus primaires de notre cerveau: le système reptilien et le système limbique. Elles sont donc des réactions spontanées, naturelles, innées et surtout physiologiques. Elles sont des messages de notre cerveau qui ont pour but de nous faire réagir à une situation, à notre environnement.
C’est comme un réflexe, une réaction immédiate à une information nouvelle en vue d’élaborer une réponse adaptée.
L’émotion ne dure pas longtemps, de quelques secondes à quelques minutes.
Mais alors, quand ça fait 3 heures que je m’énerve, que je râle, que je rumine… ce n’est pas l’émotion de la colère ça ? Ben non, ce serait plutôt un sentiment.
Lorsque l’émotion est exprimée, déchargée, son énergie libérée, elle disparaît. On revient à un état stable et tranquille.
Lorsque ce n’est pas le cas, elle reste, se fait une petite place dans notre corps et dans notre mémoire. Elle s’exprimera alors différemment, par le corps, par des actes manqués, par des réactions inappropriées.
La réaction émotionnelle parasite
Lorsque la réaction émotionnelle est disproportionnée, irrationnelle ou inappropriée, on parlera de réaction émotionnelle parasite.
Ce n’est plus une réaction directement liée à la situation présente mais une réaction imprégnée de notre histoire, de notre passé, qui s’exprime alors.
Par exemple, si je me mets à hurler sur mon fils parce qu’il n’a pas éteint la lumière de la salle de bain, c’est un peu excessif non ? Je ne réagis pas à la situation présente. Peut-être que c’est une accumulation de petites colères non dites. Ou alors peut-être que ça me renvoie à une situation de mon passé où la colère a été bloquée ?
Si je suis triste que mon patron me parle comme si j’étais son esclave, il y a comme un souci non ? Je devrais être en colère !
Remplacer une émotion par une autre est un processus qu’on met en place pour éviter de ressentir une émotion qui nous parait incorrecte, interdite. Alors qu’est ce que je m’empêche de ressentir ? Qu’est-ce qui fait que je ne m’autorise pas une émotion pourtant naturelle ?
On confond facilement les émotions avec nos sentiments, avec notre humeur, avec nos réactions parasites.
Pas toujours simple de faire le tri là dedans. Qui est qui ? Qui fait quoi ?
Le sentiment est un état psychologique. Il s’inscrit dans la durée. On le construit, on le réfléchit. Les émotions d’amour, de colère ou de tristesse peuvent se transformer en sentiments. Ce ne sont plus des réactions à un événement présent mais un état qui se prolonge même lorsque le déclencheur n’est plus là. Et alors là, pour s’en défaire, c’est une autre affaire. Il va falloir démêler et décoder tout ce qui se cache derrière.
Une humeur est un état d’être, une sorte de météo intérieure. Aujourd’hui je me sens d’humeur joyeuse, maussade, tendue… Ça vient et puis ça passe.
Une émotion est une réaction spécifique à une situation donnée et s’inscrit dans le présent.
Alors je vous les présente ces émotions ?
Difficile de faire une liste exhaustive des émotions. Tous les auteurs ne se rejoignent pas complètement sur le sujet. Les plus universellement retrouvées sont la tristesse, la colère, la joie, l’amour et la peur. Isabelle Filliozat y ajoute le dégoût et la honte.
Claude Steiner, lui, parle des émotions de haine, de fierté et d’embarras.
A chacun d’y trouver celles qui lui parlent. Pour ma part, je rangerais plutôt la fierté dans la joie, la haine avec le dégoût et l’embarras comme une forme de honte.
Chaque émotion répond à un type de stimulus donné et se manifeste par des sensations corporelles.
Déclencheur | Émotion | Sensations |
Danger/ Inconnu | Peur | Tremblements, palpitations, chair de poule, mains moites… |
Agression/ frustration | Colère | Chaleur, accélération cardiaque, mâchoire tendue, sourcils froncés… |
Deuil, séparation, perte | Tristesse | Froid, baisse d’énergie, baisse du rythme cardiaque |
Intimité | Amour | Chaleur dans la poitrine, détente, pupilles dilatées |
Réussite, accomplissement, liberté | Joie | Respiration ample, chaleur dans la poitrine, élan de vie |
Injustice, viol | Dégoût | Nausée, lèvre supérieure retroussée, nez plissé |
Humiliation, secret, exclusion | Honte | dos voûté, yeux baissés, envie de se cacher |
Elles ont toutes un rôle, une fonction.
La peur nous prépare à réagir, nous aide à anticiper. Face au danger ou à une situation inconnue, le corps se prépare à l’action, à fuir ou à se battre. C’est pour ça qu’on a les jambes qui flageolent, prêtes à courir, le cœur qui bat, prêt à l’action, les yeux grands ouverts à l’affût du moindre indice pour prendre la bonne décision.
La colère nous permet de nous réparer, de restaurer notre intégrité, de protéger nos limites mais aussi de réparer la relation, de renforcer nos liens.
La tristesse nous sert à faire le deuil, à accepter la perte, à laisser partir. Oui même quand on est triste de ne pas pouvoir aller au ciné, c’est une sorte de deuil. On fait le deuil de notre envie.
L’amour nous unit, nourrit l’attachement et régule notre stress.
La joie nous rapproche, favorise nos apprentissages et donne sens à la vie.
Le dégoût nous permet de rejeter ce que nous ne voulons pas, d’affirmer nos valeurs.
La honte nous évite de blesser autrui, nous invite à réparer et nous permet d’être accepté dans le groupe social. Par exemple, ça nous évite de se balader tout nu dans la rue, ce qui ne nous aiderait pas à avoir des amis… ou alors pas les bons.
Alors maintenant qu’on y voit un peu plus clair. Elles sont chouettes ces petites émotions.
Et si on les accueillait pleinement ?
Et comment on les gère alors ? Comment on les exprime ?
Patience… je te le dis bientôt ! 😉
Mais d’abord, dis moi ce que tu en penses toi, de ces émotions. Utiles ou pas ?