L’éducation bienveillante, positive, empathique… Bla bla bla… C’est bien joli tout ça mais
“Moi des fessées j’en ai reçues, et pas qu’un peu, et j’en suis pas mort!”
“Si tu les laisses faire, tu vas te faire avoir ! Il faut les mâter un peu pour qu’ils filent droit!”
C’est vrai ça ! Ça fait des années, des générations et des générations qu’on fait comme ça. Pourquoi changer ?
Si ça a marché pour moi, pourquoi ça ne marcherait pas pour mes enfants ?
Je pense qu’il est important de se poser la question : quel est notre but ? Qu’est ce qu’on veut vraiment pour notre enfant, pour aujourd’hui et pour demain ?
Parce que si le but principal est d’avoir un enfant sage et obéissant, de pouvoir mener sa propre vie comme on veut, de ne pas avoir de crises, pas de débordement… On peut utiliser les méthodes “old school”. Les résultats seront certainement là. Enfin certains.
Si on veut un petit soldat obéissant c’est sûr que les traditionnelles punitions, humiliations, mises à l’écart et toute la panoplie des violences éducatives ordinaires, ça va marcher. Au moins en apparence et dans une certaine mesure.
Alors pourquoi pas ?
Parce que l’enfant s’adapte. Il a tellement besoin de conserver l’amour qu’il a pour ses parents, besoin de leur donner raison, qu’il mettra en place des croyances sur lui et sur le monde qui lui permettront de maintenir un état stable. Il apprendra que si on le punit c’est sûrement parce qu’il est mauvais. Si on le tape c’est qu’il a dû le mériter. Si on le met à l’écart c’est que ses émotions ne sont pas acceptables.
Ouais mais quand même, ça marche !
Ah oui ? Vraiment ? Combien de temps ?
J’entends parfois des parents se vanter de leur créativité en matière de punition, ou se refiler des tuyaux.
Oui parce qu’il faut toujours changer la punition, aller plus loin dans la privation, dans la sanction. L’enfant n’a pas appris à modifier son comportement, à prendre en compte les besoins des autres, à respecter l’autre. Il obéit par peur. Il apprend à ne pas se faire prendre ou à supporter les punitions. Les punitions et privations marchent de moins au moins au fur et à mesure que l’enfant devient autonome. Il grandit et peut répondre à ses besoins seuls et les moyens de pression du parent diminuent.
Est-ce que l’enfant apprend quelque chose dans ce système de punitions, ou de récompenses d’ailleurs ? Oui, il apprend à éviter d’être pris pour ne pas être puni. Il apprend à faire plaisir à son parent. Il apprend à faire pour l’autre, selon la pensée et les demandes de l’autre. Il apprend à en vouloir à son parent ou à lui même. Il apprend à résoudre les conflits par la force.
Qu’est ce qui fait qu’on a aussi souvent recours aux menaces et aux punitions ?
Déjà par faute d’autres modèles. On reproduit ce qu’on a vu et appris.
Quand on est à cours d’argument, à cours de patience, on utilise la force.
Et puis, sur le coup, ça soulage ! On a l’impression de reprendre le pouvoir, de ne pas se laisser faire, d’être fort, de maîtriser.
Malheureusement ce n’est que l’aveu de notre impuissance face à la situation.
Sur le court terme ça peut même marcher et on est soulagé d’avoir enfin réussi à faire plier notre adversaire ! Oui, notre “adversaire”, parce que quand on rentre dans ce mode là, on n’est pas dans la relation, dans l’éducation, dans l’apprentissage, on est dans le jeu de pouvoir, dans la confrontation.
A-t-il retenu la leçon ?
Il y a peu de chance ! La violence, la mise à l’écart, l’humiliation met l’enfant en situation de stress. Or, le stress bloque l’apprentissage. L’enfant mémorise l’expérience, la peur, la colère mais pas l’ensemble de la situation. Il n’intègre pas le fait que son comportement était inapproprié.
Il se souviendra que “maman a crié”, “papa l’a puni”, “il a été mis au coin” mais il n’aura pas appris à modifier son comportement.
Et sur le long terme ? Aie, aie, aie !
Le cerveau de l’enfant est extrêmement fragile et immature, surtout les 5 premières années de vie. Le cortisol sécrété lors d’épisodes de stress est très toxique pour le cerveau. Quand le stress est important ou répété, le cortisol devient nocif et peut détruire des neurones dans plusieurs structures cérébrales très importantes: cortex préfrontal, hippocampe, corps calleux, cervelet.
C Gueguen, vivre heureux avec son enfant
Qu’est-ce que tu veux pour ton enfant ? Quel est ton but ?
Tu veux qu’il soit un adulte bien dans sa peau, épanoui, confiant. Tu veux qu’il comprenne les conséquences de ses actes, le respect de l’autre…
Alors apprend lui, montre lui !
Sois l’exemple de ce que tu veux lui transmettre. Aide le à réparer ses erreurs, à assumer les conséquences de ses actes. Inutile de l’accabler ou de lui dire “je te l’avais bien dit”, vois avec lui comment il pourrait faire pour améliorer les choses. Laisse le trouver ses propres solutions. Vois avec lui comment faire autrement la prochaine fois. Fais lui confiance !
Et parfois, tu as juste envie qu’on te fiche la paix.
Oui, tu voudrais juste être au calme et faire ce que TU veux. Ok, ça va. On ne peut pas être dans l’empathie et l’écoute de l’autre 24h sur 24. On a nos propres besoins.
Parfois, tu craques, tu pètes un plomb, tu ne sais plus comment faire alors tu menaces, tu cries, tu punis. En fait, toi aussi, tu es sous stress ! Ça arrive à tous et c’est aussi un apprentissage pour toi et ton enfant. Dans ce cas, prends le temps de te calmer, de respirer. Puis vas voir ton enfant, excuse toi, répare, consolide le lien.
Il est important de se rendre compte des conséquences néfastes pour l’enfant des punitions, des violences physique ou verbales, des mises à l’écart… Le but n’est pas de se culpabiliser à outrance et se voir comme un monstre.
Le but est de prendre conscience que ce n’est pas une solution efficace et appropriée.
Essayer de faire autrement. Essayer de faire mieux, la plupart du temps et selon nos possibilités.
Le parent 100% bienveillant n’existe pas, et heureusement car l’exemple serait bien difficile à suivre pour l’enfant ! On a tous un passé, une histoire, des blessures. On vit tous du stress.
Faisons de notre mieux et soyons le meilleur parent imparfait possible !
Alors, tu en penses quoi ?