Aujourd’hui, j’ai envie de te parler de moi, de mon histoire.
Cela ne t’apprendra rien sur la parentalité bienveillante. Et puis peut être que si.
Aujourd’hui je suis triste.
Parce que j’ai une amie qui va déménager. Une amie du quotidien. Celle que je croise le matin en déposant mes enfants, et aussi le soir. Celle avec qui je déjeune parfois, avec qui je parle tout le temps. Celle qui fait partie de mon paysage, de ma vie de tous les jours. De ces amitiés si précieuses en tant que parent. De ces personnes qui vivent les mêmes choses que moi. De celles qui comprennent.
Alors voilà, elle déménage. Bon, ben voilà, c’est la vie. Y a pas mort d’homme.
Et pourtant moi ça me bouleverse. Ça me déstabilise. Je me sens en insécurité. Je me sens déstabilisée. Et, oui, je me sens abandonnée.
Mais qu’est ce qui fait que ça me touche autant ?
Tout simplement parce que ça fait écho à tellement de choses dans mon passé, tellement de situations où je me sentais bien, sereine, en confiance. Et où tout a basculé.
Ce moment où ma meilleure amie d’enfance a déménagé et où je me suis retrouvée seule. Mon amie, ma confidente, ma partenaire de tous les jours. Ma BFF, ma sœur de cœur… C’est la vie, ça arrive. Mais moi je ne supporte pas qu’on me quitte!
Et puis surtout ce jour où ma mère nous a laissé. Ce jour où sa vie s’est arrêtée, comme ça, d’un coup sans prévenir. Nous laissant seuls, perdus, désemparés. Me laissant seule, perdue, désemparée. Ce jour où ma vie a changé, où tout a changé.
Ces situations n’ont rien à voir. Et pourtant pour moi si. Parce que j’ai peur de l’abandon. Parce que pendant un temps je ne pouvais pas m’attacher de peur d’être abandonnée. Parce que mon quotidien va changer et que ça me terrifie.
Parce que notre présent est imprégné de nos expériences passées.
Parce que les événements de la vie nous laissent des traces. Parce que notre personnalité se construit par notre histoire. Nous ne vivons pas tous les choses de la même façon. Nous n’avons pas les mêmes possibilités, les mêmes réactions, les mêmes réserves d’énergie, de patience ou même d’amour.
Parce que certaines situations nous renvoient à un passé douloureux, à des blessures mal cicatrisées, à des émotions non exprimées.
Nous avons tous notre propre histoire, nos blessures. Nous ne sommes pas égaux face aux événements de la vie parce que nous n’avons pas tous la même sécurité intérieure.
Parce que c’est de ça dont il s’agit. De sécurité. De confiance, en soi, en les autres, en la vie. Cette confiance qui se crée tout petit et qui se renforce tout au long de notre vie.
Je n’ai pas cette sécurité intérieure.
Parce que mes parents avaient une histoire aussi.
Ils avaient des blessures absolument pas cicatrisées et des émotions enfouies au plus profond d’eux mêmes.
Avant moi, avant mes grands frères, mes parents ont eu un enfant. Cet enfant qui n’est plus, qui n’a pas eu le temps de grandir, qui n’a pas eu le temps de nous rencontrer. Cet enfant qui a laissé des traces dans leur cœur. Une blessure, une brisure, une plaie jamais refermée. Alors nous qui sommes arrivés après, on s’est inscrits dans cette histoire. On s’est construit dans ces cœurs brisés. On a grandit dans cet amour blessé.
Parce que ma mère aussi devait avoir peur de l’abandon. Ma mère aussi devait avoir peur de s’attacher, peur de donner un amour qui pourrait la perdre. Parce qu’aimer d’un amour inconditionnel, c’était risquer une douleur éternelle.
Et moi dans tout ça ?
Moi je me suis faite le plus sage possible, pour être aimée de maman.
Moi je ne me suis jamais mise en colère, pour ne pas faire de peine à maman.
Moi je ne me suis jamais sentie à la hauteur, pas assez bien pour être aimée inconditionnellement par maman.
Moi j’ai appris à prendre soin des autres, pour faire plaisir à maman.
Moi j’ai appris qu’aimer, s’attacher c’était dangereux et qu’on risquait d’être abandonné.
Et l’histoire a renforcé mes croyances.
Et aujourd’hui je suis adulte. J’ai progressé. J’ai travaillé sur moi. Et pourtant mon histoire est là. Mon enfant intérieure a peur, j’essaie de la rassurer, de la sécuriser. Mais ce n’est pas facile de cicatriser. Ce n’est pas facile de donner ce qu’on n’a pas reçu, se le donner à soi et le donner à ses enfants.
Alors pourquoi je te parle de ça ?
Pas pour susciter ton empathie ou faire pleurer sur mon sort. Je suis adulte, je vais bien et je prends soin de moi. J’accepte mes blessures et mes émotions. Je suis triste mais cette tristesse je l’accueille avec bienveillance. Je sais qu’elle est nécessaire pour aller de l’avant.
Ce que je voulais te montrer aujourd’hui, à travers mon histoire, c’est que notre passé fait partie intégrante de nous. Nous avons tous des blessures, des croyances limitantes. Alors prenons soin de nous, de notre enfant intérieur. Donnons lui tout ce dont on a manqué. Autorisons lui ce qu’on nous a interdit et dont on a tant besoin. Libérons le de ces entraves, de ces croyances limitantes.
Pourquoi est-ce si important ? Parce qu’on le transmet à nos enfants. Par notre attitude, notre vie, nos phrases, nous transmettons à nos enfants une partie de notre être.
N’aie pas peur de raconter tes peurs à tes enfants. Ils sauront ainsi que ce sont les tiennes et ne les prendrons pas pour eux. Parce qu’ils sentent, ils ressentent tes peurs, sans en avoir la traduction. Explique leur tes comportements.
Tu n’es pas parfait, tu as des faiblesses, des craintes ? Bonne nouvelle ! Tu es humain !
Mettre des mots sur nos ressentis nous aident à donner du sens, à aller de l’avant. Alors arrêtons de faire l’autruche et affrontons notre passé.
Pour que l’histoire ne se répète pas
Aujourd’hui je ne veux pas que mes enfants portent mes blessures comme j’ai pu porter celles de ma mère.
Aujourd’hui je ne veux pas transmettre mon insécurité intérieure à mes enfants.
Aujourd’hui j’aime mes enfants de cet amour inconditionnel qui m’a tant manqué.
Je leur donne le droit à l’erreur que je ne me suis jamais autorisé.
J’accepte chez eux ces émotions qui me font si peur chez moi.
Je nourris chaque jour ce lien d’attachement qui fut si fragile pour moi.
Je leur donne toute la sécurité intérieure dont je manque encore aujourd’hui.
Et à travers eux j’apprends, je grandis, je guéris mon enfant intérieur.
Être parent est une responsabilité importante.
Alors je prends soin de moi pour leur donner le meilleur.
Alors pour le bien-être de tes enfants, prends soin de toi !
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