En tant que parent, nous sommes confrontés à de nombreux comportements chez nos enfants que nous considérons comme inacceptables ou inappropriés.
Que ce soit pour leur demander de faire quelque chose ou pour qu’ils arrêtent un comportement, nous nous retrouvons facilement face à un mur de non-coopération.
Je ne traiterai pas aujourd’hui du pourquoi de cette non-coopération (sujet abordé dans d’autres articles) mais des enjeux psychiques derrière les menaces et la punition.
En effet, une des techniques jugées relativement efficaces pour obtenir ce qu’on veut de notre enfant est la menace.
“Range vite ta chambre sinon…”
“Si tu ne débarrasses pas la table, tu seras privé de …”
Contrairement à ce que certains pourraient penser, la promesse de récompense active les mêmes ficelles psychiques chez nos enfants et a donc les mêmes effets limitants.
La punition a de nombreux effets contre-productifs
Je voudrais donc aujourd’hui m’attarder sur un point en particulier, parmi tant d’autres, qui fait que les menaces et punitions ont des effets néfastes à long terme.
Je précise qu’il existe de nombreuses autres raisons qui font que la punition est délétère, notamment et non des moindres le stress engendré, la colère, le sentiment d’injustice ainsi que toutes les croyances négatives que notre enfant, quelque soit son âge, va tirer de ces expériences. Ce panel de ressentis et de ressentiments, outre le fait de ternir la confiance en lui de l’enfant, l’empêche de tirer les enseignements de ces erreurs.
Par ailleurs, la punition a tendance à déresponsabiliser l’enfant. Il n’a plus besoin de réparer ou de reconsidérer son comportement puisque la punition a été effectuée (ou subie).
La motivation
Aujourd’hui, c’est donc un effet assez mal connu et pourtant fondamental que j’aimerai aborder : celui de la motivation.
Lorsqu’un enfant agit sous menace ou sous contrainte, son action est conditionnée par l’extérieur.
Si j’écris sur le canapé avec mon feutre, maman va me punir.
Si je frappe mon frère, papa va se fâcher.
Ce que l’enfant apprend donc c’est que cette action n’est pas tolérée par l’autre : maman ou papa ou autre référent. Plus la menace est forte, plus son action dépend de l’autre.
La responsabilité de l’enfant n’est donc pas du tout engagée dans ce processus.
Il ne prend pas sa décision selon ce qu’il a compris et intégré mais en fonction de la réaction de son parent.
Et oui, plus la punition est forte, moins sa responsabilité est engagée.
Prenons un exemple…
Imaginons que tu essaies de te mettre au sport. Si je te dis qu’à chaque fois que tu rateras un entraînement, tu recevras un coup de téléphone de ton coach pour te sermonner… peut-être que cela te poussera un peu à te bouger.
Mais si je te dis qu’à chaque cours raté, on viendra te réclamer 1000€, tu vas sûrement te montrer plus efficace. Certes.
Par contre, dès que cette punition sera enlevée, il y a de fortes chances que tu te ramollisses sur ton canapé. Et même, les études montrent qu’il y a plus de chances que tu restes chez toi lorsque la plus grande menace sera levée qu’après les simples remontrances de ton coach. Pourquoi ? Parce que ton implication personnelle, dans le cadre d’une sanction sévère, est quasi nulle. Ta volonté est entièrement soumise à cet élément extérieur.
Cela fonctionne de la même façon avec la récompense.
Ce que développe les systèmes de punition et récompense c’est la dépendance au regard et à la validation de l’autre : faire ou ne pas faire en fonction de l’autre.
Si l’autre n’est pas là ou s’il ne me voit pas, rien ne m’empêche de faire la dite bêtise.
Pas vu, pas pris… pas puni !
Outre le fait que, souvent, nos demandes envers nos enfants sont juste irréalistes par rapport à leur âge et leurs capacités d’adaptation du moment et mal formulées, si la punition peut parfois paraître efficace, elle est contre-productif sur le long terme.
Mais alors, que faire ?
Tout d’abord, je le dis et je le répète, avant d’essayer de faire obéir notre enfant, il est bon de se demander :
-Quelle est mon intention pour lui, pour moi, pour notre relation ?
– Est-il capable de répondre à ma demande ?
Ensuite, si je veux que mon enfant coopère dans les tâches de la maison, qu’il soit persévérant dans ses apprentissages, qu’il respecte les autres… Il y a là aussi de nombreuses pistes à explorer.
Pour n’en citer que quelques une : lui montrer l’exemple, lui enseigner des ressources sur des moments calmes, formuler des demandes claires… et favoriser la motivation intrinsèque.
La quoi ?
La motivation intrinsèque : celle qui vient de l’intérieur de soi.
Je prends cette décision parce que je pense que c’est mieux pour moi et pour mon environnement.
Je fais cette action parce que ça me parait juste.
Je respecte mon prochain parce que je me sens en lien et que ses émotions et ressentis me touchent.
Oui, je sais, c’est un apprentissage plus long et plus subtile.
Encore une fois, quelle est ton intention ?
Petit à petit, en s’adaptant à l’âge et aux capacités de mon enfant, je peux prendre le temps (oui ce fameux temps qui nous manque toujours) de lui expliquer, de lire des livres avec des valeurs qui me sont chères, d’en parler avec lui et de le faire réfléchir à certains sujets.
Lorsqu’il se dépasse, lorsqu’il fait un pas en avant, petit ou grand, je le souligne et le relève. Je ne lui dis pas “je suis fière de toi”. Je lui demande comment il se sent, ce que ça lui fait à l’intérieur. Parfois j’en conclue “tu peux être fier de toi.” Parce que ce que je veux voir grandir en lui c’est ce sentiment de compétences, cette confiance en lui et cette envie de continuer sur cette voie.
Oui, nos enfants ont des cerveaux en pleine construction et pas toujours efficaces pour gérer certaines situations. Pour autant, ils ont un énorme potentiel de créativité et de curiosité. Alors musclons leurs cerveaux ! Invitons-les à trouver leurs propres solutions créatives et innovantes. Laissons-leur l’opportunité de construire et de nous surprendre.
Je ne punis jamais…
Je ne punis jamais mes enfants. Parfois je galère et je me sens impuissante face à leurs comportements. Pourtant je sais qu’ils font de leur mieux pour répondre à mes demandes et que juste, de temps en temps, je leur en demande trop.
Alors je travaille sur moi pour augmenter mes capacités d’accueil et de patience.
Je prends soin de moi pour prendre soin d’eux.
Je me pose des questions sur ce qui se joue en moi pour pouvoir accueillir ce qui se passe pour eux.
Être mère est la fonction la plus exigeante que je connaisse en ce monde et aussi la plus gratifiante.
Je plante chaque jour, du mieux que je peux, des graines d’écoute, de confiance et d’empathie chez mes enfants. Je les arrose tendrement et je sais que ce qu’ils en feront ne m’appartient plus.
Ma responsabilité est dans ce que je leur transmets, avec tout mon amour et toute mon imperfection. Je ne les contrôle pas.
Je leur fais confiance.