La patience n’est pas toujours le point fort de nos enfants.
Attendre leur tour, attendre que maman soit disponible, attendre l’heure du repas… Eux, ils veulent tout, tout de suite. Et quand il faut patienter, ça part vite en crise ! Ils insistent, se mettent à crier, pleurer voire se rouler par terre… Un vrai bonheur ! Et tu te dis : « ils ne sont vraiment pas patients ! «
Mais est-ce qu’il n’y aurait pas moyen d’améliorer un peu cette situation ?
Est-ce qu’on peut apprendre la patience ?
Etre patient c’est quoi ?
Selon la définition du Robert (oui, je suis de la vieille école, je sors cet accessoire ancestral qu’est un dictionnaire, un vrai, en papier !) :
“Patience : Qualité qui fait qu’on persévère dans une activité, un travail de longue haleine, sans se décourager. Qualité d’une personne qui sait attendre, en gardant son calme.”
Le Robert
Il y a donc 2 notions dans la patience : la persévérance et la gestion de l’attente.
Ce n’est pas la première fois que je le dis mais la répétition est importante : le cerveau de l’enfant n’a pas encore atteint son plein potentiel. Il est en développement. Le cortex préfrontal, partie qui assure les fonctions d’analyse et de raisonnement, mature de l’âge de 6-7 ans jusqu’à 25-28 ans.
Cela ne veut pas dire que l’enfant ne peut rien faire. Mais il a besoin de soutien et de ressources. Cela signifie aussi que ce qu’on lui enseigne s’inscrit comme base de son mode de fonctionnement futur. Ça vaut le coup de se donner un peu de mal, non ?
Comment enseigner la patience ?
L’apprentissage passe par une émotion fondamentale : la joie ! Et oui, pour apprendre, on n’a pas besoin de pression, de stress, d’objectifs ambitieux ou de comparaison aux autres, on a besoin de joie. C’est la base de l’apprentissage !
Et quelle est la meilleure façon d’enseigner dans la joie aux enfants : le jeu !
Les jeux sont un outils précieux. Que ce soient des jeux de société, des jeux d’imagination, des jeux de rôles, des jeux qui mobilisent le corps, tous les jeux développent les capacités de nos loulous.
Quand mon fils joue au Puissance 4, il fait du calcul de probabilité.
Quand ma fille fait un circuit de voiture, elle fait de la physique, de la géométrie dans l’espace.
Quand ils jouent aux playmobils, ils développent leurs compétences sociales et leur empathie. C’est 1000 fois plus efficace que les devoirs !
Des jeux de patience
Alors pour enseigner la patience, joue avec tes enfants !
Les puzzles apprennent la persévérance et la patience. Tu mets une pièce, ça ne marche pas. Tu essaies une autre. Tu rates, tu recommences. Petit à petit l’image prend forme. Tu apprends à être patient, à te concentrer. Et tu es fier de toi lorsque l’image est complète.
Jouer à des jeux de sociétés apprend à attendre son tour. Pour les petits qui ne supportent pas trop de perdre, il existe de nombreux jeux coopératifs. Sans perdant, sans compétition.
L’attente n’est pas trop longue pour que ce soit supportable et gérable. J’apprend à respecter le tour de chacun, la place de chacun.
Tu peux utiliser plusieurs types de jeux pour développer la patience, petit à petit, sans stress, sans pression.
Tu peux même faire intervenir Ben la peluche hippopotame qui en a marre d’attendre son tour. Il s’impatiente Ben et s’énerve. Comment l’aider ? Que se passe-t-il pour lui ? Joue la scène.
Laisse ton enfant répondre à ses questions et comprendre ce qui se passe pour Ben l’hippopotame. (Oui, j’ai vraiment une peluche hippopotame qui s’appelle Ben !)
Il n’a pas encore les réponses ? Ce n’est pas grave, laisse-le y réfléchir.
Ok, on joue. Et quoi d’autre ? Dans certains cas, l’enfant va trouver ses propres solutions et parfois il est bon de lui en donner quelques unes, de le guider.
Enseigner des ressources.
As-tu déjà vu cette vidéo assez drôle : l’expérience du chamallow.
Il s’agit d’une expérience sur le self control. On installe un enfant dans une salle avec devant lui un chamallow. Le challenge : attendre que l’adulte revienne sans manger le chamallow. La récompense : un deuxième chamallow. Honnêtement, la vidéo me fait toujours rire. Ils ont chacun des techniques assez étonnantes !
Ok, mais on apprend quoi de ça ? Un enfant ne sait pas patienter, résister à la tentation.
Et bien l’expérience ne s’arrête pas là. Les chercheurs ont étudié quelles stratégies l’enfant mettait en place pour patienter. Ils ont aussi évalué la différence quand on fournissait des astuces aux jeunes cobayes. En leur enseignant des ressources, les enfants devenaient capables d’attendre beaucoup plus longtemps. Quelles ressources ? Rien d’extraordinaire : visualiser le chamallow dans un cadre, se concentrer sur la forme ou la couleur du bonbon, imaginer que c’est un petit nuage.
Comme je le disais tout à l’heure, le cerveau de l’enfant est encore immature mais ça ne signifie pas qu’il ne puisse pas développer ses compétences.
Alors quand ton enfant a besoin de patienter, de contrôler ses envies, aide-le ! Donne-lui des idées, des astuces. Enseigne-lui une ressource.
Et puis parfois, il suffit de le laisser trouver ses propres solutions.
Faire réfléchir
Ta fille ne tient pas en place dans la file d’attente du magasin ?
Ton fils te tire par le bras alors que tu finis de te brosser les dents ?
Tu n’es pas en mesure de répondre à leurs besoins tout de suite. ce n’est pas forcément à toi de leur dire comment faire. Utilise leurs compétences ! Fais les réfléchir !
Cette astuce, je la trouve magique et applicable dans de nombreuses situations : “Trouve-moi 10 choses que tu pourrais faire pour attendre ton tour !”
Et là, c’est parti pour le festival de réponses en tout genre. Et surtout, on ne juge pas les propositions ! On accueille tout ! Et même mieux, on encourage à se lâcher ! On propose des trucs improbables ou inacceptables !
Dans la file d’attente, imagine des options : “Et si on passait devant tout le monde ? Et si on partait sans payer ? Et si on laissait tous nos achats et qu’on partait sans rien ?” Plus tu fais de propositions non conventionnelles, plus tu permets à ton enfant de le faire.
Tout est permis, on est dans l’imaginaire. Alors soyez libres, soyez fous !
Quel est l’intérêt de cette méthode ?
Quand tu permets à ton enfant d’imaginer des alternatives, tu lui permets de reprendre du pouvoir sur la situation. Il n’est plus en train de subir cette attente, il devient acteur de la situation. Ça diminue son stress et ça renforce ses compétences. Il exerce son pouvoir personnel et se sent libre de tout inventer.
Le bonus c’est que cet exercice finit souvent en rigolade. Ça détend tout le monde, renforce le lien et la complicité. D’une phrase tu transformes un moment de stress et de tensions en moment d’échanges et de joie. Tu as rempli le réservoir de chacun avec des rires, de la liberté, de la confiance. Tu as renforcé les compétences de ton enfant. Bravo ! Quel super pouvoir !
Et pendant ce temps là, les choses ont progressé, la file a avancé et peut-être que tu n’auras même pas à utiliser les solutions proposées. Ou peut-être que si et vous choisirez ensemble une version adaptée à la situation.
Merveilleux non ? C’est chouette mais il y a un bémol.
J’ai à coeur de te dire toute la vérité et de ne pas te vendre du rêve, ça ne marche pas à tous les coups.
S’adapter à la situation
Chaque enfant est différent. Chaque situation est différente. Il faut savoir s’adapter.
Parfois ton enfant ne sera pas en mesure de patienter. Si son niveau de stress est trop haut, si son réservoir d’adaptation est vide, si il a un besoin physiologique à combler, si elle traverse une période de changement, si il a un souci dans son coeur….
Parfois il ou elle ne sera pas en mesure de patienter. Et c’est naturel.
Et d’autres fois ce sera toi qui ne sera pas en état de gérer tout ça. C’est toi qui sera trop fatigué, stressé, vidé. Et ça aussi c’est naturel !
L’important ce n’est pas d’être au top tous les jours. L’important c’est d’aller de l’avant, de faire de son mieux et d’accepter les forces et les faiblesses de chacun. L’important c’est de préserver le lien, la relation.
Ton enfant n’a pas besoin d’un parent parfait. Il a besoin d’un parent présent, aimant, accueillant, encourageant, confiant… la plupart du temps.
Il a besoin d’un parent qui prend soin de lui, qui montre l’exemple et qui apprend de ses erreurs. Parce qu’on fait tous des erreurs.
Alors pour apprendre la patience à ton enfant, je t’invite à être patient envers lui et aussi envers toi.
Et s’il te manque encore les bases, retrouve-les ici, gratuitement : “les 5 piliers du parent bienveillant.”