Comment inciter les enfants à ranger ?

Avant d’avoir des enfants, tu avais un certain contrôle de ta décoration intérieure.

Et puis tout a changé. Tu veux t’affaler sur le canapé après une longue journée de boulot, tu te retrouves assis sur un pyjama. Tu essaies d’être discret en passant dans la chambre de ta dernière pendant sa sieste et tu trébuches sur un stupide jouet qui fait retentir un énorme POUET ! Bref, le rangement c’est pas simple. 

Ta maison a changé. Ta décoration a changé. Tu ne peux même pas acheter ce que tu voudrais parce qu’il faut d’abord passer le test “à l’épreuve des enfants”. Alors forcément la déco chic et cher, tu oublies. Il faut que ce soit solide, silencieux, pratique et surtout lavable ! 

Et puis il y a des jours où, par miracle, tu arrives à obtenir un résultat correct : un appartement agréable, rangé, propre, qui sent bon. Et puis tes loulous débarquent et il leur faut à peu près 3 secondes et demi pour transformer ton havre de paix en champs de mines. 

On n’a pas tous les mêmes besoins…

Il est certain que les enfants et les adultes n’ont pas les mêmes besoins en terme d’organisation et de gestion de l’espace. Les parents eux-mêmes ne sont pas forcément d’accord sur le sujet. Rapport aux chaussettes mâles qui traînent par terre dans la chambre et au manteau qui n’atteint jamais le porte-manteaux… 

Certains enfants, en fonction de leur âge ou de leur mode de fonctionnement, ont besoin de vider la caisse de jouets sur le sol pour y voir plus clair. Tout comme certains adultes ont besoin d’étaler toute leur paperasse sur le bureau pour faire le point. 

Mais pour autant, il faut bien qu’on arrive à cohabiter et à respecter les besoins de chacun. Il en va parfois de notre sécurité physique. Non, je n’exagère pas. Ceux qui ont déjà marché pieds nus sur un jouet, si possible bien pointu, me comprendront. 

Alors on fait comment ? 

Avant d’attaquer les solutions, je voudrais aborder la prévention ! Et oui, parce que c’est mieux de ne pas attendre que le sol soit recouvert de jouets, vêtements et autres objets divers et variés pour intervenir. 

On s’attellera donc à donner aux enfants l’habitude de ranger dès le plus jeune âge et surtout à le faire au fur et à mesure. 

Ranger dès tout petit

On a tendance à faire beaucoup de choses à la place des enfants pour aller plus vite. Ok, parfois ça aide. Mais en faisant ça on les prive d’une bonne partie de leur apprentissage notamment en matière d’autonomie et de responsabilité. Forcément ça demande du temps et de la patience mais c’est un investissement sur le long terme. 

On va faire simple, à partir du moment où un enfant est capable de mettre un objet à un endroit précis, il est apte à ranger. Ça commence donc très tôt.

Ce qui ne veut pas dire que ton pitchoune va tout faire seul mais il peut déjà participer. Et quand il le fait, plus tu l’encourages, plus il aura envie de le refaire. Même si le jouet n’est pas mis exactement comme tu le voudrais, félicite ton enfant. Même s’il ne range qu’un seul jouet, c’est déjà bien.

Il sera toujours plus efficace et motivant pour l’enfant de souligner ce qu’il a réussi à faire que de mettre en lumière tout ce qu’il n’a pas fait. L’idée étant de partir du positif pour améliorer le reste. 

Ne pas se laisser déborder

Le deuxième point qui me paraît important c’est de ne pas se laisser submerger par la situation. Ça nécessite un minimum de présence et d’attention.

Qu’est-ce que je veux dire par là ? Quand tu laisses tes enfants jouer tranquille et que tu reviens vers eux 1 heure après, tu peux être surpris de la quantité de bazar qu’ils sont capables de mettre ! Et quand je dis 1 heure, c’est généreux de ma part. Parfois, tu sors de leur chambre 10 minutes et quand tu reviens tu as l’impression qu’un cyclone est passé par là ! 

Le principe chez nous est donc de ranger au fur et à mesure. Ne sont sortis que les jouets que l’on utilise.

Une des règles de la maison est : on range les jeux/jouets avant d’en sortir d’autres. 

Dans un monde idéal, les enfants rangeraient leurs jouets spontanément… Mais comme ce n’est pas le cas, en tous cas pas chez moi, ça peut valoir le coup de vérifier de temps en temps où ils en sont et de leur rappeler la règle.

Quand la règle est inapplicable

Bon, il y a un bémol à ce principe. Personnellement, j’ai des enfants dont l’imagination se porte très bien. Lorsqu’ils jouent, ils utilisent tout ! Oui, je dis bien tout. 

Ils se créent un monde fantastique où chacun a sa maison et où ils se rendent visite les uns les autres. Dans cet univers extraordinaire, les circuits et garages de voitures se mêlent aux barbies, sylvanians et chateaux playmobils… Toutes ces demeures étant reliées par le circuit de train en bois…

Bref, la règle du rangement au fur et à mesure devient obsolète face à cette organisation. Je retrouve donc mes joyeux lurons au milieu d’une chambre où je ne peux pas faire un pas.

C’est à ce moment là qu’il faut passer à l’étape supérieure : la motivation au rangement. 

Et là je commencerai pas préciser un point important : on reste zen !

Zen, restons zen

Pas besoin de s’énerver ou de faire les gros yeux. Pas la peine de rentrer dans des jeux de pouvoirs, de mettre la pression.

Plus on se met en posture de donneur d’ordre, plus l’enfant aura besoin de dire “non” pour affirmer son identité. Et je parle bien de besoin. Il en est de la nature humaine : lorsqu’on est contraint, obligé, notre élan de vie nous pousse à nous opposer.

Nous sommes tous, naturellement, programmés pour résister à la contrainte, pour affirmer notre pouvoir personnel. Pourtant c’est exactement ce qu’on a l’habitude de faire à nos enfants : les contraindre. On fait la grosse voix, on crie, on menace, on punit. Et plus on le fait, plus les enfants se rebellent et s’opposent. Commence alors une escalade de stress et de lutte de pouvoir. Chacun reste sur sa position : le parent parce qu’il a peur de perdre son statut en cédant, l’enfant parce qu’accepter de répondre au parent équivaut à se soumettre. La seule solution étant que l’un des deux laisse l’autre gagner. Quoiqu’il arrive, il y aura un gagnant et un perdant. 

Et si on sortait de ce mode de fonctionnement pour trouver des options où tout le monde s’en sort gagnant et fier de lui ? 

Une solution gagnant-gagnant

Pour cela, il est important de sortir de cette idée de prise de pouvoir sur l’autre. Il ne s’agit pas de faire obéir mais de motiver et d’amener à coopérer. Pour cela tu as plusieurs options :

• les règles
• la participation
• faire réfléchir
• le jeu
• l’exemplarité

Les règles : 

Il est toujours plus facile de faire participer l’enfant quand la règle a été établie auparavant et avec l’accord de tous. Si tu te poses des questions sur la façon d’élaborer les règles, je te l’explique dans cet article.

Alors au lieu de s’énerver et de répéter 20 fois “range ta chambre” on rappelle la règle. Si celle-ci est notée quelque part, on peut aller la relire ensemble. L’idée étant de responsabiliser l’enfant et de lui rappeler le cadre de la famille. 

Et s’il ne réagit pas ? On attend. On patiente. 

Si la consigne est de ranger la chambre avant de partir ou avant de passer à table, on rappelle à l’enfant qu’il pourra y aller QUAND il aura rangé. Il n’est pas question de menacer ou de faire du chantage, on laisse le temps à notre fils ou notre fille de faire sa part avant de passer à la suite.

Je t’invite cependant à être vigilant : si tu lui dis que vous partirez quand sa chambre sera rangée mais que c’est toi qui est impacté par un départ en retard, tu fonces dans le mur. Choisis bien ton moment ! Ça vaut le coup d’anticiper un peu. 

Soyons clair

On s’assure aussi que la consigne est claire et que tout le monde a bien compris ce qu’il fallait faire. Ranger la chambre, qu’est ce que ça veut dire ? Est-ce qu’il ne doit plus y avoir de jouets au sol ? Est-ce que chaque affaire doit être à une place précise ? Est-ce que le lit doit être fait ? Et le bureau ? Et les livres ? 

Alors on précise : “Les livres vont dans la bibliothèque. Les jouets vont dans leurs boites.”

Et si ça ne suffit pas, on les aide à s’y mettre. 

La participation

Oui, on aide ! Il n’y a aucune honte à ranger avec les enfants. Ce n’est pas une perte de pouvoir de les aider. Pas forcément à chaque fois mais la meilleure manière de les lancer dans le rangement est d’initier le mouvement. On leur montre la marche à suivre. On leur montre ainsi que nous sommes là avec eux et non contre eux. 

Faire réfléchir

Pour éviter de donner des ordres, les faire réfléchir est très efficace.

“Où se rangent tes livres ? Que fait-on avec les CD après les avoir écouté ?”

Ça peut paraître peu important mais le fait de leur poser des questions aident les enfants à utiliser leur cortex préfrontal, à trouver des solutions et donc à agir. A chaque fois qu’on les amène à réfléchir, on stimule leur autonomie et leurs compétences. 

Jouer

Et parce que tout est plus facile en jouant, l’idéal est de transformer le moment du rangement en un instant plaisir. Ce n’est pas nécessairement une corvée. Et tant que ce sera vu comme quelque chose de pénible, personne ne sera motivé à le faire, ni eux ni toi. Alors, à vos marques, prêts, jouez ! 

« Ramasse moi 5 objets qui commencent par la lettre P. »

« Range 5 choses rouges. » 

« On ne touche que les objets bleus. » 

« Tu as le droit à 5 pas pour amener ton livre sur ton étagère. »

« On range au ralenti… puis en vitesse rapide ! »

Si ton enfant aime la musique, profites-en ! Mets sa chanson préférée et rangez en dansant ! 

Tu as de l’imagination et un talent d’auteur ? Invente la comptine de la chambre rangée ! 

Plus tu mettras de joie et de rires dans cette action habituellement vue comme une corvée et plus ce sera facile et enthousiasmant ! 

L’exemplarité

Je vais faire court pour une fois. On ne le répétera jamais assez : la meilleure façon d’enseigner est de montrer l’exemple. J’en ai fait un article si tu veux aller voir.

Si tu veux que les enfants rangent leur chambre mais que ton bureau est en bazar, que ta cuisine est sans dessus dessous et que tu rechignes à l’idée de débarrasser le salon… niveau crédibilité, tu n’es pas au top !

Alors ici encore, incarne les qualités que tu voudrais développer chez ton enfant. Ça ne veut pas dire que ça marchera à tous les coups mais tu as plus de chances de succès. Et au moins, tu auras progressé !

Moins de jouet plus de rangements

Une dernière chose pour te simplifier la tache, penses à faire du tri de temps en temps. On vit dans une société où la sur-consommation est la norme. Mais as-tu vraiment besoin de tant de choses ? Ton enfant joue-t-il avec tous ces jouets ?

Alors fais de la place ! Donne, revends ou recycle !
Fais participer tes enfants : dis-leur que leurs anciens jouets iront à une association. Ou fais-les participer à une brocante où ils vendront eux-mêmes ceux qu’ils n’utilisent plus.
Avant Noël, prépare un carton de jouets de l’avent. Chaque jour, ton fils ou ta fille dépose dans la boîte un jouet dont il ou elle ne se sert plus. Vous aurez alors un magnifique cadeau à faire à une association.

Si chaque jouet a une place définie, une place claire, ce sera beaucoup plus facile de ranger.
N’hésite pas à te munir de grandes malles ou boîtes pour rassembler les jouets de la même famille : la caisse des playmobils, celle des poupées, celle des voitures…

Avoir un lieu de vie agréable aide à une ambiance plus apaisée. Chacun a ses besoins en la matière. Trouver une organisation qui respecte les souhaits de chacun n’est pas toujours facile mais ça vaut le coup de se donner un peu de mal.
Plutôt que d’imposer un système ou de subir, on peut toujours trouver des astuces pour motiver tout le monde.

Alors un peu d’imagination, de liberté créative et c’est ton tour : dis-moi en commentaires comment tu t’y prends !