Je suis furieuse ! Furieuse contre tous ces marchands qui te vendent la panoplie du super parent et profitent à fond de la peur de ne pas être à la hauteur !
Furieuse contre tous ces objets, accessoires, gadgets tous plus inutiles les uns que les autres !
Furieuse de voir les sommes dépensées dans cette consommation toxique et accessoirement, ultra polluante !
Alors je vais te dire la vérité, la vraie : ton enfant n’a pas besoin de tout ça. Non seulement ça ne lui apprend rien mais en plus c’est mauvais pour son développement !!!
Aujourd’hui, je te parle plus en détail du tout petit mais sache que si ton enfant est grand, le sujet te concerne aussi. Pourquoi ? Parce que la technique commerciale marche à tous les âges et que certaines conséquences se voient aussi sur le long terme.
Une proie idéale
Quand tu attends ton premier enfant, tu ne sais pas trop ce qui va se passer. Souvent, tu as envie de te préparer à fond, d’être au top. Tu as envie de lui préparer ce qu’il y a de mieux, de l’accueillir dans les meilleures conditions possibles.
C’est là que les grosses entreprises de puériculture se frottent les mains… On y va et on se fait plaisir ! Du sous-matelas détecteur de respiration jusqu’au bib’expresso en passant par le transat qui se balance tout seul… On en invente chaque jour ! On joue sur les peurs du parent et ça marche !
Finalement, sur quoi investissent les marchands ? Sur ta peur des accidents, sur ton envie de donner la meilleure éducation à ton enfant et sur ton besoin de liberté.
Mais, en fait, si on revenait à la base ? Si on faisait un peu confiance en la nature ?
Non, faut pas déconner ! Ça ne peut pas être aussi simple… Ça ne peut pas être gratuit…
Et pourtant !
La peur
Tu as peur de la mort subite du nouveau-né, je comprends. C’est un sujet hyper angoissant.
Bonne nouvelle, dormir près de ton bébé te permet d’être plus vigilant.
Naturellement, sans forcer. Ton sommeil s’adapte, il est plus léger, te permettant ainsi de récupérer tout en restant à l’écoute. Si tu allaites, c’est encore mieux, ton corps entier se cale sur le rythme de ton bébé et veille au grain.
Lorsque ton enfant dort près de toi, sa respiration se cale sur la tienne, diminuant ainsi le risque de mort subite. Faire dormir son enfant dans la même chambre que soi est désormais une recommandation officielle. L’académie de pédiatrie n’a pas encore passé le pas d’encourager le cododo dans le même lit. Auraient-ils peur ? Pourtant il s’agit de la pratique la plus répandue dans le monde.
Simplement et en sécurité
Pour un cododo en toute sécurité, il y a des bonnes pratiques à suivre :
– ne consommer ni alcool ni médicament avant de se coucher avec son enfant,
– qu’il n’ait ni coussin ni couverture près de lui,
– que son visage soit bien dégagé,
– qu’il ne fasse pas trop chaud dans la chambre,
– toujours le coucher sur le dos,
– faire attention qu’il ne puisse pas tomber.
Si tu veux acheter un lit spécial cododo ou un petit lit à mettre dans ta chambre, vas-y. Sois confortable. Le plus simple reste le matelas au sol. Ainsi, pas de risque de chute.
Maintenant, ça ne convient pas à tout le monde. Chacun est libre de choisir ce qui lui semble approprié à sa situation.
L’important est de se sentir confortable et en sécurité.
A partir de là, tu peux te faire plaisir. De jolis draps, de belles turbulettes, de beaux pyjamas… Enfin, attention, ne fais pas trop de sentiments là-dedans… Les pyjamas risquent fort d’être vite salis et vite trop petits… Et si tu veux faire un petit geste pour la planète, pense à la récup’ et à l’occasion.
Pas besoin de plus
Voilà, c’est tout ! C’est tout ce dont ton enfant a besoin pour dormir. Pas besoin de mobile, de spectacle son et lumière disco-boule à facette.
Tu n’as pas non plus besoin de jouets bruyants, d’objets connectés, de bidules télécommandés, de tablettes pseudo-éducatives…
Franchement, as-tu idée de tout ce que l’enfant a à apprendre dans les premières années de sa vie ? Découvrir son corps, ses mains, ses pieds, se mobiliser… Découvrir l’autre, les visages, les sons, les odeurs, le regard, le contact….
Laisse-lui le temps de découvrir et de se concentrer. En le noyant sous un flot constant de stimulations visuelles, sonores et tactiles, comment veux-tu qu’il ait le temps d’intégrer et de trier tout ça ?
Remplace les jouets en plastique sur-stimulant par un moment d’interaction avec toi. Il apprendra tes mimiques, ton visage, tes émotions, le son de ta voix. Emmène-le avec toi, dans ta vie, dans ton monde. Il apprendra la relation, les autres, la nature…
A quoi servent tous ces accessoires ?
Il faut dire que tous ces gadgets répondent à une envie irrésistible : celle de te libérer de tes contraintes parentales. Ils servent à remplacer ta présence par un substitut mécanique.
Si tu y réfléchis bien, beaucoup d’accessoires de puériculture ont pour but de TE remplacer. Un mobile musical à la place de la voix de maman. Un transat au lieu des bras de papa. Une balancelle pour ne pas avoir besoin de bercer. Une poussette pour ne plus porter…
Attends, attends…. On n’aurait pas oublié quelque chose ? Un élément essentiel…
Ah, oui, le lien, la relation, l’amour !
Rien en remplace la présence
Qu’est-ce qui se passe quand tu chantes une berceuse à ton enfant ?
Il entend ta voix, ton intonation. Il sent les vibrations, ton émotion, ton amour. Tous ses sens sont en éveil. S’il est contre toi, il sent ta chaleur, ton odeur, entend ton coeur. Votre lien se tisse et se renforce. Il est rassuré, aimé. Il se sent exister, important, valable. Il prend confiance en sa valeur propre. Il n’est pas seul.
Penses-tu qu’un mobile musical fasse le même effet ?
Bien sûr que, de temps en temps, ça peut dépanner. Mais il ne faut pas penser que ça remplace l’attention d’un papa, d’une maman.
Tous ces objets qui nous libèrent du temps et nous font croire à l’autonomie de notre tout-petit, nous privent de la relation. Ils nous enlèvent de magnifiques occasions de prendre soin, de rassurer, de renforcer la confiance et de nous sentir compétent.
Une utilisation modérée et consciente
Je sais qu’être parent c’est difficile. C’est contraignant, fatigant. On est en poste 24h/24 et 7 jours/7. Même quand on n’est pas avec notre enfant, on y pense. On prévoit, on organise, on s’inquiète.
Evidemment on ne peut pas être disponible à tout moment. On a besoin de prendre soin de soi, de se ressourcer. Parfois on n’a pas envie. Parfois on a besoin de se retrouver seul. Parfois on est juste trop fatigués. Et c’est ok ! Nous ne sommes pas des robots.
Si tu ne peux pas confier ton bébé à quelqu’un pour te reposer, tu peux le mettre dans un lit ou sur un tapis de jeu avec quelques jouets pour l’occuper. Là encore, pas besoin de jouets compliqués en plastique colorés et qui font du bruit et des lumières dans tous les sens. Des jouets avec différentes textures, un petit grelot dedans, de quoi manipuler, ça suffit. Éventuellement une petite musique si tu as remarqué qu’il aimait ça. Tu peux le prévenir “J’ai besoin de me reposer un peu. Je te laisse quelques instants et je reviens te voir.”
Prendre soin de soi sans oublier le lien
L’important est de faire ça en conscience. Je choisis de laisser mon enfant quelques minutes, en sécurité et en confiance, le temps de prendre soin de mon besoin. Ensuite, je reviendrais vers lui, pleinement disponible pour être en lien.
Si pour cela j’ai envie de le mettre dans une balancelle qui bouge toute seule ou un transat avec des petits jouets, ok. L’important est que ce ne soit pas la réponse à tous les appels de l’enfant. Que ça ne prenne pas la place du lien et du contact.
Je ne rejette donc pas tous ces accessoires. Je pense que certains peuvent aider le parent à relâcher la pression. L’idéal serait de passer le relais à une autre personne de confiance, une autre figure d’attachement. Mais je sais que ce n’est pas toujours possible.
Avoir quelques plans de secours pour pouvoir t’accorder un peu de temps pour toi est important. Et puis ton enfant va petit à petit développer son autonomie, la vraie. Il va apprendre à passer du temps seul. C’est la deuxième face de l’attachement, sécurité et liberté. Il vient se ressourcer et se rassurer auprès de toi, il fait le plein d’amour et de lien. Puis, il vaque à ses occupations, découvre, explore, imagine.
Des effets néfastes sur le long terme
Malheureusement, ce n’est pas tout. En plus d’impacter sur la relation, certains objets ont un impact sur le développement de l’enfant.
Transat, trotteur, siège d’éveil pour bébé… Ces objets censés faciliter la vie de la famille ont un effet bien plus négatif qu’on ne le pense. Pourquoi ? Parce qu’ils limitent la mobilité de l’enfant.
Lorsqu’un enfant est dans le transat, ses mouvements sont limités. Alors, je te l’accorde, c’est bien pratique et ça permet de prendre une douche tranquille. Mais le petit qui passe de nombreuses heures dans un transat ne peut pas bouger autant qu’il veut et autant qu’il en a besoin. Et ça, ça a des conséquences à long terme. Je t’explique pourquoi.
Les réflexes archaïques
A la naissance, nous avons tous des réflexes appelés réflexes archaïques. Certains d’entre eux sont testés par la sage-femme ou le pédiatre dans les premières heures de vie. Les plus connus sont les réflexes de grasping (le bébé agrippe ce qu’on lui met dans la main), le fouissement (il rampe en direction du sein maternel), la marche automatique (il esquisse quelques pas quand on le tient)…
Ceux-ci ont un intérêt dans le développement moteur de l’enfant mais sont voués à disparaître. C’est un processus bien particulier où chaque réflexe est utilisé de nombreuses fois, s’use, disparaît, laissant ainsi la place à l’acquisition motrice suivante.
Quand le bébé ne peut pas bouger autant que besoin, certains réflexes persistent.
Le souci est que si le bébé ne peut pas exprimer pleinement ce réflexe, par manque de mobilité libre, celui-ci va persister et toute la chaîne des acquisitions va être perturbée.
En clair, l’enfant qui n’aura pas pu bouger librement étant bébé aura une persistance de certains réflexes archaïques. A l’âge de l’école, il pourra présenter des difficultés dans l’apprentissage, des troubles de l’équilibre…
C’est comme s’il ne pouvait pas complètement maîtriser son corps. Celui-ci a des mouvements spontanés en rapport avec ces réflexes archaïques persistants. Cela demandera donc une concentration importante à l’enfant pour retenir ses gestes, pour rester en position assise, pour tenir son stylo correctement…
La réponse est à la portée de tous
Voilà pourquoi la motricité libre est si importante. Et ce n’est pas compliqué. Il s’agit de revenir à l’essentiel. On commence avec un tapis au sol, quelques jouets ou objets du quotidien et un adulte attentif.
Un principe essentiel : faire confiance à l’enfant. Pas la peine de le pousser à se mettre assis, à marcher, à grimper… Son instinct le pousse à explorer et à découvrir son corps et le monde. Il suffit d’être là, présent, encourageant. Il veut escalader le canapé ? Ok, je reste présent pour la sécurité et je le laisse expérimenter.
Finalement, quelque soit l’âge de l’enfant, notre rôle de parent est de l’accompagner là où il en est. Lui faire confiance et lui apprendre à se faire confiance.
Revenons à l’essentiel, à ce qui compte vraiment. Passons plus de temps avec nos enfants. Regardons-les. Ecoutons-les. Ils ont beaucoup à nous apprendre.
Tout ce dont ton petit a besoin c’est de toi, de vous, de ses parents près de lui, protecteurs et aimants. C’est tout.
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
6 Commentaires
Je partage ta colère!!! Très clairement c’est un marché très juteux et en tant que professionnel, j’ai déjà été sollicitée pour faire la promo de certains de ces gadgets!
Et certains professionnels en font la promo… Merci Maëliss !
Encore un super article merci beaucoup Julie.
Merci à toi ! 🤗
Excellent article. Vive la sobriété heureuse.
Exactement !