J’ai 3 enfants. Forcément il y a des jours où ils se disputent, ils crient. Parfois c’est la guerre entre eux ! Gérer les conflits dans une fratrie peut être épuisant.
Pour autant, la plupart du temps, ils jouent ensemble et sont très attentifs aux besoins de chacun. Lorsqu’ils ne sont pas d’accord, ils trouvent une solution qui leur convient. Parfois un des trois cède, parfois ils partent chacun de leur côté et parfois ils inventent une alternative où tout le monde trouve son compte.
Ce n’est pas aussi simple pour toutes les fratries. Cela dépend du caractère des enfants et de leur environnement. En tant que parent, nous ne pouvons pas empêcher les conflits entre nos enfants, nous pouvons néanmoins créer un climat favorisant leur bonne entente. Pour cela, il y a des erreurs à éviter.
Les conflits sont inévitables
Je vais commencer par un point qui me paraît essentiel : le conflit est inévitable. Quand 2 êtres humains se côtoient, ils ont forcément des points où leurs opinions divergent. Ils connaîtront obligatoirement des désaccords.
Chacun a sa façon de voir les choses, ses valeurs, ses priorités. Dans une même situation, nous vivons les événements différemment. Nous percevons différemment ce qui se passe.
Même si nous voyons le même objet, entendons les mêmes mots, sentons la même odeur, nous ne l’interprétons pas de la même façon. Pour autant, chaque version est valable.
Être en conflit signifie ne pas être d’accord. On ne peut pas affirmer son individualité, sa personnalité et être d’accord sur tout.
Il y aura conflit entre nos enfants et c’est naturel. Notre pouvoir de parent est de leur enseigner comment gérer ce conflit et trouver une issue satisfaisante.
Si nous ne sommes pas responsables de leur conflit, nous avons quand même notre part de responsabilité dans le climat qui règne dans la famille. Certains de nos comportements augmentent la rivalité dans la fratrie.
1. Les jugements
Nous sommes nombreux à avoir des étiquettes qui nous collent à la peau et nous poursuivent. Difficile de s’en séparer, même à l’âge adulte.
Dans ma famille, j’étais celle qui était intelligente et douée à l’école. Mes 2 grands frères… pas vraiment. La comparaison n’était pas forcément explicite mais elle était clairement là.
On avait chacun notre étiquette, chacun notre rôle à tenir.
Les étiquettes ne sont jamais confortables, même celles qui paraissent positives. J’étais “intelligente” donc ma réussite ne dépendait pas de moi et de mes efforts. Elle était due à une qualité innée que j’avais. Aucun mérite à cela. De plus, je n’avais pas le droit à l’erreur. J’étais intelligente donc je n’avais aucune excuse pour me tromper.
Mon frère aîné, lui, avait l’étiquette de “turbulent”. Pour lui aussi, ce rôle se devait d’être tenu.
Quand tu es enfant tu te définis dans le regard de tes parents. Si ceux-ci te disent que tu es un “sale gosse”, tu te dois de tenir ce rôle. Si tu en sors, qui es-tu ? As-tu encore ta place dans la famille ?
Mais alors quel impact sur les relations dans la fratrie ? Ces étiquettes augmentent la jalousie. Dans mon exemple, j’enviais mon frère d’avoir le droit de faire des bêtises et de se tromper. De son côté, je te laisse imaginer ce que tu ressens envers ta sœur “sage et intelligente” quand toi tu es celui qui fait des bêtises…
2. La comparaison
Je ne sais pas comment c’est chez toi et ce que tu as vécu enfant mais moi la comparaison je connais.
“Ta sœur est sage, elle.”
“Tu pourrais le faire, ton frère y arrive bien.”
“A ton âge, ton frère savait faire du vélo.”
La comparaison et les étiquettes sont assez liées. Seulement voilà, tout ceci n’est bon pour personne. Cela ne fait pas progresser. Tout ce que cela engendre c’est de la colère, de la rancœur, de la jalousie.
Quand on est enfant, être en colère contre son parent peut être compliqué. Son amour nous est vital et essentiel. L’enfant fera tout pour préserver cette relation.
La comparaison donne un sentiment d’injustice et engendre de la colère. Cette colère, si elle ne peut s’exprimer envers le parent, trouvera un autre interlocuteur. Le souci, c’est que lorsqu’on déporte notre émotion sur une autre personne ou sur un autre objet, elle ne se décharge pas. C’est ainsi que la colère va devenir exagérée et pourra facilement se transformer en violence.
Quand un parent compare ses enfants entre eux, il augmente leur rivalité.
3. L’arbitrage
Nous l’avons vu précédemment, les conflits sont inévitables. Quand les enfants se disputent, la réaction la plus fréquente est l’arbitrage. C’est-à-dire que c’est le parent qui prend le rôle de l’arbitre et donne les consignes pour la suite.
“Chacun dans sa chambre !”
“Prêtes ton jouet à ton frère.”
“Rend-lui ses affaires.”
“Tu joues avec pendant 5 minutes et ensuite ce sera le tour de ta sœur.”
Cette solution paraît efficace à première vue. Les enfants ont un désaccord, le parent tranche pour eux, décide pour eux.
Le problème dans cette méthode c’est que personne n’a écouté les différents points de vue et les besoins de chacun. La solution trouvée risque donc de ne satisfaire personne.
Par ailleurs, cet arbitrage semble souvent injuste aux enfants. Il privilégie souvent un enfant au détriment de l’autre. Parfois, il semble injuste pour les deux.
Encore une fois, ce genre de situation engendre des sentiments de rancœur et de la colère.
Cela risque donc d’attiser les tensions et la rivalité.
4. La punition
Le stade au dessus de l’arbitrage est la punition. Il arrive souvent quand les enfants se disputent que nous ayons une idée bien précise de ce qu’il s’est passé. Léon a tapé Victoire. Rose a arraché le jouet des mains de Violette. Gaspard a déchiré le dessin de Mathis.
Nous arrivons sur la “scène du crime” et nous interprétons ce que nous voyons.
Avec cette seule perspective, nous sommes persuadés de connaître le “coupable”. Il est donc facile de se dire que punir l’auteur du délit sera la solution.
Hormis le fait que la punition est délétère à plusieurs points de vue (détaillés dans cet article, ici.), notre interprétation de la situation manque de précision. Nous n’avons pas beaucoup d’éléments à notre disposition pour savoir ce qui s’est passé. Oui, nous voyons une scène qui nous paraît évidente. Et pourtant, il est facile de mal interpréter ce que nous voyons.
Que s’est-il passé ? Comment en-est-on arrivé là ? Et surtout quel est le besoin de chacun ?
Sans ces informations, sans une vue d’ensemble, nous ne pouvons pas tirer de conclusions justes.
5. Les excuses forcées
Quand on voit que l’un de nos enfants a blessé l’autre, moralement ou physiquement, on voudrait qu’il s’excuse. On voudrait qu’il prenne conscience de ce qu’il a fait et qu’il répare.
Pour cela, on a tendance à forcer les excuses. Ça part d’un bon sentiment, d’une bonne attention. C’est ce qu’on a appris, « il faut » s’excuser. Et les excuses sont importantes.
Pour autant, quand on force les excuses, elles n’ont rien de sincères. Elles ne valent pas grand chose pour celui qui les reçoit.
Chez celui qui est contraint de s’excuser, la rancœur et la colère prennent toute la place et empêchent la responsabilité et l’empathie.
Si tu veux en savoir plus sur les excuses, je t’invite à lire cet article.
5. Toujours intervenir
Quand on entend nos enfants se disputer, que le ton monte, il est tentant de se précipiter pour les séparer. Parfois, cela s’averera nécessaire et évitera que cela se transforme en violence. Pour autant, à chaque fois qu’on intervient, on les empêche de trouver eux-même une issue favorable à leur conflit. On les prive de cet apprentissage.
La frontière est parfois délicate à trouver. Il ne s’agit pas d’attendre qu’ils se tapent dessus pour intervenir. Pour autant, quand on leur laisse quelques minutes, il arrive que la situation se calme d’elle-même. Je l’observe souvent chez mes enfants.
Parfois, ils sont fatigués, tendus, stressés et le ton monte très vite. Quand l’ambiance est électrique, je suis vigilante à ce que ça ne dégénère pas et interviens s’il le faut.
Pour autant, quand le climat est plus serein, il leur arrive de se disputer et de trouver une solution rapidement ensemble.
Prenons un exemple
Léon joue avec ses voitures. Victoire arrive et prend une des voitures de Léon. Celui-ci râle et lui demande de lui rendre. Victoire refuse et tire la langue à son frère. Celui-ci se fâche et arrache la voiture des mains de Victoire. Cette dernière se met à pleurer. Le parent arrive, voit sa fille qui pleure et son fils qui joue l’air satisfait.
Réaction immédiate : “Léon qu’as-tu fait à ta soeur ?”
Que pense Léon alors ? Il trouvera surement cela injuste. Pour lui, il n’a fait que se défendre. Sa sœur est privilégiée, préférée même. Il peut se sentir moins important que sa sœur et donc perdre confiance en lui.
Evidemment si cette situation est exceptionnelle, Léon sera en colère quelques temps puis passera à autre chose. Mais si ce genre d’interactions se répète, il peut en vouloir à sa sœur. Il peut aussi perdre confiance en lui, en son parent, en la justice. Il peut se penser mauvais. Il peut avoir l’impression que son parent ne l’aime pas ou moins que sa sœur.
Toutes ces conséquences seront exacerbées si s’ajoutent des comparaisons, des jugements, des punitions…
Il est possible de faire autrement…
Si les conflits sont inévitables, il est possible de les régler de façon à ce que chacun y trouve satisfaction. En enseignant à nos enfants, l’empathie, l’écoute de l’autre et la résolution de conflit, ils sauront régler leurs différents sereinement. Ils apprendront à prendre en compte l’avis de l’autre en famille mais aussi avec leurs amis et plus tard avec leurs collègues.
En prenant soin des besoins de nos enfants, en leur exprimant notre amour de façon inconditionnelle, en écoutant leurs émotions, nous leur fournirons un cadre sécurisant et rassurant.
Je développerai les différentes façons de diminuer la rivalité dans la fratrie dans le prochain article.
D’ici là, je t’invite à me dire en commentaire juste en dessous comment se passe les conflits dans ta famille mais aussi comment cela se passait quand tu étais enfant.
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
2 Commentaires
Les étiquettes, c’est tellement quelque chose dont j’ai souffert, et ma soeur aussi, que j’ai vraiment peur d’en attribuer à mon enfant sans m’en rendre compte! Moi aussi j’étais l’intelligente de la famille. Ma soeur, elle était la petite fille drôle et ouverte. Ma soeur s’est sentie inférieure car se voyant juste le clown de la famille, moi, je me suis vue comme l’intellectuelle coincée… Nous travaillons encore là dessus et c’est sûr que nos rapports entre soeur ont été mis à mal par ces étiquettes que mes parents n’ont probablement pas mises dans un mauvais but. Je ne les imagine même pas se rendant compte du mal qu’ils nous faisaient avec ces étiquettes! Du coup, j’ai l’impression de marcher sur des oeufs avec ma fille. Je n’ose pas dire certaines choses de peur qu’elle se sente étiquetée d’une façon que je n’aurais pas anticipé. Et pourtant, je n’en ai qu’une, donc pas encore la peur que ça engendre du conflit! Hâte de lire l’article de la semaine prochaine! En tant qu’enseignante, gérer la résolution de conflit est un travail quotidien et apprendre de nouvelles techniques est toujours bon!
Merci pour ce témoignage ! C’est super d’avoir suffisamment de recul pour se rendre compte de nos étiquettes et essayer de ne pas reproduire. Bravo ! Tous les parents font ce qu’ils peuvent en fonction de leur histoire et de leurs connaissances. 💖