J’ai 3 enfants. Parfois ils se disputent, crient, hurlent, c’est l’angoisse.
Il y a aussi des moments où ils jouent chacun de leur côté, chacun dans leur coin.
Mais ce que je préfère ce sont tous ces instants où ils jouent ensemble, des moments hyper complices, tantôt calmes, tantôt explosifs, mais toujours plein d’amour.
Si je compare à mon enfance, la différence est flagrante ! Dans ma fratrie, point de câlin ni de mot tendre mais plutôt des disputes, des bagarres, des insultes… On savait jouer ensemble et s’amuser. Par contre, nous n’avons jamais appris à gérer nos conflits ni à exprimer des sentiments positifs. Tout ceci a d’ailleurs encore des répercussions sur nos relations actuelles. On a beaucoup progressé en communication mais on partait de loin !
Des conflits qui nous fatiguent
En tant que parent, il est désagréable de voir et d’entendre nos enfants se disputer. Ils se disputent pour des jouets, pour être assis à côté de maman à table, pour appuyer sur le bouton de l’ascenseur, pour la console de jeu… Le moindre petit prétexte peut donner lieu à un règlement de compte disproportionné. Nous, ça nous parait ridicule de se battre pour des détails pareil.
Et qui n’a jamais entendu le fameux “je vais le dire à maman/papa/la maîtresse.”
Devoir faire l’arbitre dans ce genre de situation est fatigant.
Dans le précédent article, je te faisais part de 6 erreurs qui, selon moi, augmentent les conflits dans la fratrie. Aujourd’hui, je voudrais que l’on aborde comment entretenir une ambiance propice à une bonne entente dans la fratrie. Parce que, oui, je pense que le climat dans lequel les enfants évoluent influencent leurs relations entre eux et avec les autres.
Nous avons 2 manières de diminuer les tensions dans la fratrie. Tout d’abord en diminuant leur tension, leur stress. Ensuite en leur apprenant à gérer leur conflit.
Mieux vaut prévenir que guérir
J’ai déjà évoqué le stress dans plusieurs articles. (Si, je t’assure ici et là. ) Je pense que dans les conflits entre frères et sœurs, le stress est un point qu’il ne faut pas négliger.
Prenons la base : les besoins physiologiques. Un enfant qui est fatigué, qui a faim, qui a chaud, qui n’a pas assez bougé, est un enfant sous stress. Il peut avoir du mal à contrôler ses réactions. Il se sent mal dans son corps et agit de façon plus impulsive. Dans la fratrie, ça se manifeste par des disputes voire des bagarres entre frères et sœurs.
La première chose à prendre en compte est donc d’être vigilant aux besoins de nos enfants. C’est aussi la première piste à explorer quand ils ont un comportement qui nous irrite. Par exemple, clairement chez moi, quand mes enfants ont faim, ils font n’importe quoi…
L’idée étant clairement d’agir en préventif : faire attention à leur sommeil, à leur alimentation, à leur activité physique…
Le stress ambiant
Quand on parle de stress, le sujet est vaste. Les enfants, tout comme nous, subissent de nombreuses contraintes qui engendrent du stress. Manque de liberté, de pouvoir, sentiment d’insécurité…
Quoique l’on fasse, le stress fait partie de nos vies. Nous ne pouvons pas l’enlever complètement et heureusement. A l’origine, il s’agit d’un mécanisme qui nous permet de nous adapter et de survivre. Inutile de chercher à l’éradiquer. Pour autant, nous pouvons agir sur certaines contraintes en diminuant un peu la pression sur certaines exigences, pour nous comme pour nos enfants. Et nous avons le pouvoir de réguler nos réactions face au stress, apprendre à vivre avec. (Comment ? La réponse ici.)
C’est important pour nous-mêmes, pour nous sentir mieux. Ça l’est également pour nos enfants à plusieurs niveaux :
Quand nous sommes stressés, nous leur communiquons ce stress.
Nous n’arrivons pas à réfléchir, à prendre du recul. Nous sommes donc en difficulté pour réagir positivement et trouver des solutions constructives.
Nous augmentons leur stress en essayant de reprendre le pouvoir sur eux.
En un mot, nous nous retrouvons dans un tourbillon de stress. Résultat ? Ne pouvant s’en prendre à nous, nos loulous vont avoir facilement tendance à se battre entre eux. C’est ce qu’on appelle une ambiance électrique !
Des réservoirs bien pleins
Les 2 éléments de base : le stress et le réservoir !
Pour pouvoir s’adapter au quotidien et pour avoir le recul nécessaire à la résolution de conflits, tout le monde a besoin d’un réservoir affectif bien rempli.
Toi, tu as besoin de te sentir bien, reposé, serein pour accompagner tes enfants. Eux aussi ont besoin de toutes leurs ressources pour résoudre leurs conflits sans violence.
J’irais même au delà : quand tes enfants manquent de carburant dans leur réservoir, ils seront plus irritables, intolérants à la frustration. Il y aura donc plus de conflits entre eux.
Encouragements, câlins, compliments descriptifs, marques d’attention, temps partagés de qualité sont des façons de remplir leur réservoir et donc de diminuer leurs querelles.
Tu en doutes ? Imagine que tu rentres d’une journée épuisante. Tu as travaillé de 9h à 18h, tu es rentré dans un métro bondé ou en voiture dans les bouchons… Tu rentres chez toi éreinté et un peu tendu. A ton avis, est-ce que tu risque de te disputer avec ton conjoint, tes enfants, ton chat ? OUI ! Parce que tu es à bout. La moindre petite frustration est intolérable. Tout t’agresse.
Pour tes enfants c’est pareil !
D’un côté trop de stress, de l’autre pas assez de ressources… La balance est déséquilibrée. Ça ne va plus. Il est grand temps de prendre soin de tout ça !
Le conflit fait partie de la vie
Il faut dire la vérité, même si tout le monde est super zen et avec un réservoir au top, les conflits sont inévitables. Nos enfants ne peuvent pas être d’accord sur tout, tout le temps. D’ailleurs nous aussi nous connaissons des conflits dans notre vie. Est-ce un problème en soi ?
Etre en conflit signifie qu’on ne partage pas le même point de vue que l’autre, que nous ne souhaitons pas la même chose. Et c’est naturel. Affirmer sa vision des choses fait partie de l’individualité. Lorsque nos enfants ne sont pas d’accord, ils préservent leurs limites, assument leurs besoins.
Pour autant, le conflit ne tourne pas toujours à la dispute et à la violence. On peut être en désaccord sur un point, avoir un conflit de besoin, une divergence d’opinions et aboutir à une solution qui convienne à tous.
Savoir écouter l’autre
La première compétence à travailler pour aider nos enfants, et nous mêmes, à résoudre des conflits est de savoir se mettre à la place de l’autre.
Dans une histoire, il y a toujours plusieurs versions, surtout avec les enfants. Pour autant, laquelle est vraie ? Y-en-a-t-il une plus valable que l’autre ? Qui a raison, qui a tord ?
Et si on sortait de cette vision binaire et qu’on prenait de la hauteur ? Dans une histoire, il y a souvent plusieurs versions et celles-ci peuvent être à la fois contradictoires et vraies !
Parce que chacun aura un vécu différent, une lecture différente des événements. Victor pense que Charlie l’a poussé. Charlie dit que Victor s’est mis en travers de sa route. Est-il possible que les deux aient raison ?
Et, en fait, est-ce vraiment important ?
Ce n’est pas la recherche de la vérité qui va aider à sortir du conflit. Par contre, écouter chaque version sans jugement et sans interprétation permettra à chacun de s’apaiser.
Enseigner la différence
Ce n’est pas facile pour nos enfants de réussir à se mettre à la place de l’autre, à écouter sa version. D’ailleurs on peut dire que pour nous non plus ! On a tous tendance à camper sur nos positions. C’est un apprentissage pour tous. Alors tous à l’entrainement !
Pour enseigner les différences de points de vue, tous les moyens sont bons : lecture, dessins, jouets…
Dans un livre, les différents personnages ne vivent pas les événements de la même façon. En discuter avec les enfants leur permet de se sensibiliser à ces différents points de vue.
Sur un dessin, le simple fait de demander “Que vois-tu ?” à différentes personnes permet de mesurer à quel point nous percevons les choses différemment.
La résolution de conflit
Lorsque 2 personnes sont en désaccord, la discussion permettra d’avancer vers une solution commune.
Quand chacun exprime son point de vue et est entendu par l’autre, la situation s’apaise déjà.
Parfois, le simple fait de s’écouter l’un l’autre permet de lever le voile sur un malentendu et le conflit se résout de lui-même.
D’autres fois, les besoins sont en opposition et il faudra réfléchir un peu plus pour trouver une solution qui satisfasse chacun. Tout le monde peut suggérer des solutions et ensuite le choix se fera ensemble. Certains cas n’aboutiront pas à une solution commune. Il est possible que l’issue de la discussion soit que chacun aille jouer de son côté.
En pratique
Concrètement, en dehors de tout conflit, il est bon de montrer à nos enfants les différences de point de vue, les différentes interprétations d’une même situation. En jouant, en racontant des histoires, en donnant l’exemple, on peut enseigner la résolution de conflit : chacun écoute le vécu de l’autre puis on trouve une solution ensemble.
Lorsque les enfants se disputent, il n’est pas nécessaire d’intervenir à chaque fois. Parfois, leur laisser quelques minutes leur permettra de trouver une issue sereine sans nous. Plus ils prennent l’habitude de résoudre leurs problèmes entre eux et plus ils seront capables de faire de même dans leur vie.
Laisser les enfants gérer leurs conflits
A toi de voir comment tu sens l’ambiance entre tes enfants. Si le ton monte mais que tu sens qu’ils sont capables de communiquer, tu peux les encourager à gérer la situation eux-mêmes : “Je sais que vous pouvez trouver une solution ensemble. Si vous avez besoin de mon aide, appelez-moi.”
Si, au contraire, tu sens qu’ils ne sont pas en état de s’écouter, alors tu peux faire office de médiateur. Recueillir les vécus de chacun, les reformuler puis les aider à trouver une solution.
Dans tous les cas, on évitera de prendre parti et d’arbitrer : toi, tu vas dans ta chambre et toi, tu ranges.
Quand l’un d’eux vient te voir en te disant : « Olivier il m’a pris mon jouet. » ou autre plainte. Il n’est pas toujours nécessaire d’intervenir. Ton enfant a besoin d’être entendu dans ce qu’il lui arrive. Pour ma part, dans ce genre de situation, je reformule ce que mon loulou me raconte avec beaucoup d’empathie. Je lui montre que je comprends sa colère ou sa peine. La plupart du temps, ça suffit. Il s’est senti accueilli et repars vers de nouveaux jeux.
Les jours où ça dérape entre eux, où la violence s’immisce dans les relations, notre attitude est déterminante. Quand l’un frappe l’autre, rappelons-nous que ce sont les deux qui souffrent. Tout comportement a une signification. Plus nous leur montrerons une autre voie, une alternative à cette violence, et plus ils pourront l’intégrer et la mettre en place.
Révéler le positif
Quelque soit le climat dans la fratrie, plus tu soulignes les gestes de soutien, les marques d’attention entre eux, plus tu favorises cette attitude positive. Les enfants, tout comme nous, ont besoin de reconnaissance. Quand on met en valeur leurs comportements positifs, ils se sentent compétents. Ils prennent confiance en eux, ont une meilleure estime d’eux-même. Ils auront donc tendance à répéter ces attitudes.
Les piliers d’une vie de famille sereine sont, pour moi, la communication, l’empathie et l’accueil de l’autre. Pour une ambiance apaisée, prendre soin de soi, remplir les réservoirs affectifs de chacun et faire attention à nos facteurs de stress sont des éléments essentiels.
Etre parent est difficile. Gérer les fratries est un challenge. Soyons indulgents envers nous-mêmes et faisons confiance en nos enfants. En leur apportant amour, confiance et accueil inconditionnel, nous les accompagnons de notre mieux.
Et toi, comment gères-tu la fratrie ?
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
4 Commentaires
Merci beaucoup!
Ça m’aide bcp!
3 enfants c’est prenant 😂
Ravie que ce soit utile ! Oui, 3 enfants, ce n’est pas tous les jours facile ! 🤣
Merci pour ce bel article Julie. Je vous admire avec 3 enfants, car moi déjà avec 2 je tire la langue. Ma dernière est tout le temps entrain de pleurer, car elle veut faire tout ce que sa sœur fait, et si sa sœur a le malheur de le faire ou nous même, c’eslpoit les pleurs assurés et c’est juste fatiguant ! Exemple : si sa sœur nous passe la corbeille de pain, elle va se mettre à pleurer car elle veut que ça soit elle qui le fasse. Si j ouvre la porte, elle va pleurer car elle veut que ça soit elle qui ouvre. Et tant qu’elle ne le fait pas, ben se sont des pleurs en continue. C’est lessivant. Humm
Oui la gestion des fratries c’est difficile ! Je serais ravie d’en parler avec toi à l’occasion !