En tant que parent, en tant que personne, il y a un certain nombre de comportements qui nous irritent. En particulier ceux de nos enfants.
Ils sautent partout, ça nous fatigue.
Ils crient, ça nous casse les oreilles.
Ils nous empêchent de vivre comme on veut, de faire comme on veut.
Ils nous piquent notre place dans la salle de bain, occupent les toilettes pendant 45 minutes, picorent dans notre assiette, s’essuient la bouche sur notre superbe chemisier…
Bref, il y a un certain nombre de réactions qui nous cassent les pieds.
Comprendre où se situe le problème
Dans une bonne partie de ces situations, le comportement n’est pas à proprement parlé inapproprié. Souvent ce que font nos petits loulous nous irritent et ça ne signifie pas pour autant que l’enfant a un problème.
Je m’explique : ton fils court partout en jouant en rentrant de l’école. Toi, ça t’épuise. En plus tu es gêné car ta voisine va encore se plaindre et tu as peur qu’il casse quelque chose ou qu’il se fasse mal. Pour autant, ce comportement n’est pas forcément inadapté pour ton enfant. Lui, il est content, il a besoin de bouger, il s’exprime. Tout va bien.
Autre situation : tu es pressé pour aller au travail, tu as besoin de la salle de bain. Ton fils traîne pour se brosser les dents. En fait, il est en train de mettre un minuteur pour se brosser les dents pendant les 2 minutes réglementaires. Chose que tu lui a rabâchée maintes et maintes fois, lui expliquant qu’il était impossible de se brosser les dents correctement en 10 secondes. Donc d’un côté, tu es énervé parce qu’il prend trop de temps et te mets en retard. Mais d’un autre côté ton enfant fait ce que tu lui a demandé de faire : il s’applique pour faire les choses correctement.
Que se passe-t-il souvent dans ces situations ? On ne voit que le mauvais côté de l’histoire. On ne souligne que ce qui ne va pas. Plusieurs conséquences à ça : toi tu es énervé, de mauvaise humeur et tu vois le comportement de ton enfant comme un problème, récurrent et insoluble. Tu as l’impression qu’il ne t’écoute jamais, que rien ne progresse jamais, que rien ne va. Ton fils ? Lui voit bien que, malgré ses efforts, tu es fâché. Ses efforts ne servent à rien. Tu ne les remarques même pas. Pas très encourageant tout ça.
Plusieurs interprétations possibles
Dans une histoire, il y a toujours plusieurs versions.
Est-ce qu’il y a une vérité, une seule, unique ? Non. Car chacun a sa façon de voir les choses, chacun sa carte du monde, son interprétation. On a tendance à oublier que l’autre n’a pas le même vécu que nous.
C’est la source de tant de malentendus et de conflits.
Non seulement c’est le cas entre adultes mais la différence de perception est d’autant plus marquée entre parent et enfant. Rappelons nous que nos loulous vivent totalement dans le présent, dans l’instant. Les petits n’ont pas de filtres à leurs émotions, ils les ressentent pleinement et intensément. Leur cerveau est immature et leur capacité d’analyse est en développement. Ils n’ont pas forcément la faculté de prendre du recul sur la situation. Nous, oui !
Voir les événements sous un autre angle
On peut toujours faire une pause et se donner 3 secondes pour voir la situation dans son ensemble, se demander ce qui se passe pour l’autre.
Se poser de bonnes questions
Qu’est-ce qui se joue ici ? Comment on en est arrivé là ? En quoi est-ce un problème ? Et, comme le souligne Thomas Gordon : à qui appartient le problème ?
Est-ce le comportement de mon enfant qui est le symptôme d’un besoin, d’une émotion refoulée, d’un souci dans son cœur ?
Est-ce un comportement naturel qui me pose problème ?
En quoi cela me gène-t-il ? Est-ce toujours le cas ?
Le problème concerne-t-il ma relation avec mon enfant ?
Sommes-nous en conflit de besoin ?
Répondre à ces questions est essentiel. Cela permet d’aiguiller notre réaction et de prendre du recul. Je ne réagirai pas de la même façon si le comportement est naturel ou s’il est le symptôme d’un souci pour l’enfant.
Plusieurs cas de figures donc :
Un comportement naturel
Dans ce cas, le comportement de l’enfant est naturel, c’est-à-dire lié à son âge, à son stade de développement.
Des réactions différentes pour des comportements liés au développement
On ne s’énerve pas auprès d’un petit de 9 mois qui ne marche pas. On sait que cette acquisition prend du temps.
Mais quand c’est notre pitchoune de 2 ans qui nous répond “Non” à tout ce qu’on lui dit, on se met en colère, on insiste et on entre (souvent) dans une lutte de pouvoir. C’est pourtant un comportement parfaitement naturel à cet âge. Naturel et même essentiel pour affirmer son identité et construire sa confiance en sa personne propre. Je dis “Non”, je suis quelqu’un d’autre, je me différencie. Si on savait l’importance de cette phase, on pourrait alors l’accompagner au mieux en confirmant les choix de l’enfant, en lui laissant des opportunités de décider. On comprendrait que le “Non” ne s’adresse pas à nous, c’est en réalité un grand “oui” à son identité propre.
Un manque d’informations
Certains stades d’apprentissages sont bien connus de tous : âge de la marche, du langage, de la propreté, de la lecture…
D’autres sont beaucoup moins connus alors qu’ils sont tout autant voire plus importants. Savoir que son enfant n’a pas les capacités neurologiques pour gérer son stress est une information bien utile pour un quotidien plus serein.
Comprendre que le tout petit ne peut pas calmer ses émotions seul nous aide à être à l’écoute et à voir les choses différemment.
Comment savoir si c’est lié à son âge ou pas ? Fais un sondage auprès d’autres parents. Si tu te rends compte qu’ils font tous la même chose au même âge, il ya de fortes chances pour que ce soit lié à leur développement.
Quand on a identifié que le comportement de notre enfant est lié à son développement, à son immaturité cérébrale, la pression retombe déjà un peu. Ce n’est pas dû à une mauvaise éducation. Ce n’est pas un présage de problèmes futurs. Ce n’est pas parce que quelque chose cloche chez lui. Il ne fait pas ça pour nous torturer. C’est juste un mauvais moment à passer et à accompagner.
Alors, en fonction des cas : je tolère, j’adapte son environnement ou je lui enseigne comment faire autrement.
Un problème d’accordage
Quelquefois je suis fatiguée stressée et je ne supporte plus d’entendre mes enfants crier, sauter partout…
Je voudrais juste un peu de calme, de silence.
Là encore, le comportement de mes enfants n’est pas forcément inadapté pour eux. Ils jouent, s’amusent. Rien d’anormal dans le fait de faire du bruit quand on joue.
En fait, la joie de nos enfants peut parfois nous déranger. C’est triste à dire mais c’est malheureusement vrai. On a même parfois la sensation qu’ils en rajoutent exprès pour nous rendre fous.
Alors qu’est-ce qu’on fait ?
Savoir que le comportement de nos loulous est lié à leur âge ou à une émotion, c’est un bon début mais ce n’est pas toujours suffisant. Pour le supporter et les accompagner correctement, il nous faut des ressources, de l’énergie.
En un mot, on a besoin de remplir notre réservoir affectif.
Celui-ci, tout comme celui de nos enfants, se vide au fur et à mesure de notre journée, des petits et gros tracas, des émotions refoulées, du stress environnant…
Si on ne fait pas attention, on est vite à plat, en panne.
Nous pouvons donc faire deux choses :
– en amont : prendre soin de nous encore et encore, s’occuper de notre stress, de notre enfant intérieur. On sera alors capable d’être plus tolérants, plus patients.
– quand on est en panne de carburant, qu’on a besoin de calme, qu’on est à bout de patience : prendre conscience de notre état et exprimer notre besoin sans agressivité.
Oui, je sais, ce n’est pas facile. Moi-même j’ai encore des ratés dans ce domaine.
Un comportement significatif
Parfois tu vois bien que ta fille fait n’importe quoi ou que ton fils est anormalement bruyant.
Tu sens bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Dans ces cas là, il va falloir creuser un peu. Alors on remonte ses manches et on explore les pistes.
Stress, émotion non dite, souci dans son cœur, réservoir vide ?
Pour comprendre ce qui se passe, on a besoin de prendre du recul et de rester à l’écoute. Souvent l’enfant n’a pas conscience de ce qui ne va pas. Si c’est du stress ou une panne de réservoir affectif, il ne s’en rend pas compte.
L’observer, faire le point sur sa journée, sur ses facteurs de stress nous permet de nous faire une petite idée de la situation.
Lui demander comment il se sent, l’écouter avec empathie, reformuler ce qu’il nous dit, permettra d’affiner nos hypothèses.
Ça peut paraître fastidieux mais une fois qu’on aura trouvé la source du problème, on pourra aider notre enfant et le comportement inapproprié cessera de lui-même. On peut voir ça comme un signal d’alerte, un appel au secours.
Quoi qu’il en soit, lorsqu’on montre à notre fils ou notre fille qu’on cherche à le comprendre, lorsqu’on parle avec douceur, qu’on se montre attentif et bienveillant, on lui montre notre amour et on le rassure. Quelque soit l’origine du problème, l’approche empathique fait du bien à la relation.
Conflit de besoins
Le dernier cas de figure dont je voulais te parler est la situation où ton besoin et celui de ton enfant sont en contradiction.
Par exemple : tu as besoin de dormir et ton fils réclame ta présence pour jouer avec lui.
Tu dois aller faire les courses et ta fille veut aller au parc.
Comment faire alors ? Faut-il forcément que l’un des deux cède et se prive ?
Non. Il existe une solution que Thomas Gordon appelle “gagnant-gagnant” où chacun voit son besoin respecté.
Pour cela il est important de prendre le temps d’écouter chacun et de comprendre quel est le réel besoin.
Distinguer envie et besoin
Par exemple, Henri réclame les dernières baskets à la mode. C’est son envie. Quel est le besoin qui se cache derrière ? Henri a besoin de se sentir appartenir au groupe. Dans son école, le fait d’avoir ces chaussures te donne une entrée gratuite dans le club des gens sympas.
Imaginons que Charlotte me demande de venir jouer avec elle mais je suis occupée à la cuisine. En prenant le temps d’interroger et d’écouter Charlotte, je comprends que ce dont elle a besoin c’est de passer du temps avec moi. Après avoir reformulé nos attentes respectives, nous pouvons ensemble trouver une solution qui convient à chacune. Par exemple : préparer le repas toutes les deux.
Dès le plus jeune âge, l’enfant peut participer et chercher des alternatives. Le mettre à contribution le valorise, lui montre notre confiance et lui apprend à résoudre les conflits.
De plus, comme il aura participé au choix final, il sera beaucoup plus enthousiaste pour suivre le plan établi.
Jongler avec les tracas de tous
La vie de famille nécessite de jongler avec les besoins de chacun. On vit tous du stress, beaucoup de stress. On a tous des moments difficiles où on est moins patients. Nos enfants vivent eux aussi des turbulences. Ce n’est pas tous les jours faciles de conjuguer tout ça.
Prendre du recul, prendre le temps de se poser les bonnes questions, nous aide à trouver les réponses adaptées.
Alors prenons le temps, du temps pour nous ressourcer, du temps pour leur montrer notre amour, du temps pour être ensemble et s’écouter. Pour ne pas le gaspiller en dispute et en conflits. Ne passons pas à côté du bonheur d’être en famille.
La vie est faite de rebondissements, d’aventures plus ou moins heureuses, d’épreuves. Les enfants bouleversent notre quotidien. Ils nous poussent à nous dépasser, à nous surpasser. Faisons de ces moments des opportunités de nous améliorer, d’apprendre et de grandir.
Vas-y, lance-toi ! Observe, expérimente, rate, apprend et recommence ! Et surtout raconte-moi ! 😉
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2 Commentaires
Top ! Merci pour cet éclairage ! En revanche, comment faire lorsque l’enfant n’est pas enclin au dialogue ? Que faire pour l’encourager à parler de ce qui ne va pas (si tant est qu’il sache verbaliser lui même ce qui ne vas pas 😅)?
Ce n’est pas tous les jours facile en effet. Avec beaucoup de patience et en remplissant régulièrement le réservoir affectif de l’enfant, en se montrant accueillant quoiqu’il dise, petit à petit, il prendra confiance et se confiera s’il en ressent le besoin. Et parfois, il faut juste lui faire confiance. Parfois l’enfant a besoin de savoir qu’on est à l’écoute mais il n’a pas forcément besoin de parler. Il peut trouver ses propres solutions seul.
Alors quand on voit que quelque chose ne va pas mais que l’enfant ne veut pas parler, peut-être juste lui dire « je suis là si tu en as besoin et quand tu seras prêt ».
😉💞