C’est fou cette fâcheuse tendance que certains ont à intervenir, à donner leur avis quand on ne leur a rien demandé, à donner des conseils alors que tu n’as pas de problème !
Et quand tu as un enfant, c’est la fête du conseil !
Comme si le fait de te balader avec un enfant, encore plus si c’est un bébé, signifiait : «Aidez moi je ne m’en sors pas ! »
Tout le monde s’y met : la voisine, ta belle mère, l’épicier, la caissière, la gardienne de l’immeuble…
Ça part d’une bonne intention en général. Le problème c’est que ça met l’autre en position d’infériorité, celui qui a besoin d’aide, qui ne s’en sort pas seul, qui ne sait pas.
Et honnêtement, on est nombreux à le faire, à se positionner en sauveur/se.
Moi j’essaie d’arrêter mais le sevrage n’est pas toujours facile
C’est quoi faire son/sa sauveur/se ?
Ça fait partie des jeux de pouvoir.
Dans les relations sociales, on rentre régulièrement dans des rôles qui nous empêchent de vivre des liens intimes, sincères, francs. On se met alors en position de sauveur, victime ou persécuteur. Il y a même un bon nombre de relations qui fonctionnent comme ça. (Pour ceux qui veulent plus d’info il s’agit du triangle de Karpman.)
Tu fais ta sauveuse quand tu interviens sans qu’il y ait eu de demande, sans en avoir envie ou sans avoir les capacités d’aider.
Imagine, ton enfant met ses chaussures. Tu l’aides à les mettre alors qu’il ne t’as rien demandé. Tu veux gagner du temps, tu veux aider. En fait tu l’empêche d’apprendre, tu lui montre qu’il ne sait pas faire, qu’il ne peut pas faire.
Quelqu’un est tombé à l’eau et appelle à l’aide ? Tu te jettes pour le sauver alors que tu ne sais pas nager… Sérieux ? Pas très utile non ?
C’est pareil quand tu donnes des conseils à ta pote sur comment gérer ses enfants alors que, en vrai, tu n’as aucune vraie info ! Et surtout qu’est-ce qui te dit qu’elle en veut de tes conseils ? Elle attend peut être juste de toi une écoute amicale, de la compassion, de l’empathie !
Parfois c’est utile de faire le sauveur!
Oui, j’avoue, si on avait un superman en vrai, on se plaindrait pas non plus.
Prenons le nouveau-né par exemple. Il est complètement dépendant de son parent.
Lui, on peut se dire que ce n’est pas nécessaire d’attendre qu’il formule une demande. Quoi que… on peut considérer que lorsqu’il pleure, déjà, il appelle à l’aide. Et que anticiper la réponse à ses besoins n’est pas forcément une bonne chose à faire.
Par exemple, donner à manger à un bébé avant qu’il ne ressente la faim, juste parce que c’est l’heure. Bonne idée ? On anticipe, il est content, il n’a pas besoin de pleurer. Oui mais quand est-il de son apprentissage ? Évidemment, il ne faut pas le laisser attendre quand il a faim. Mais le fait de prendre conscience qu’il a faim et que le lait répond à son besoin, c’est déjà un apprentissage.
On se positionne forcément un peu en sauveur avec ses enfants mais attention à ne pas les empêcher d’apprendre, d’expérimenter, d’explorer.
Finalement, la situation où le sauveur est vraiment utile c’est quand il y a danger.
Si on avait un vrai Superman mais qu’il attendait patiemment qu’on crie au secours avant chaque intervention ça limiterait un peu l’intérêt non ?
Parfois il vaut mieux intervenir avant que la bombe n’explose… Et dans certains cas, on n’est pas en mesure d’appeler à l’aide. Un enfant victime de violences ne saura pas forcément crier au secours. Une femme abusée n’osera pas toujours le dire. Dans ses situations où la personne est vraiment en position de victime, là, évidemment, chacun doit être en mesure de porter secours.
Mais finalement, cela ne représente pas tant de situations que ça.
Alors pourquoi je le fais si souvent ?
A quoi ça me sert de faire ma sauveuse ?
C’est un mode de fonctionnement que l’on met en place en fonction de notre histoire, de nos relations aux autres, de notre relation avec nous même. Et, il faut se l’avouer, on n’a pas forcément toujours envie d’en sortir. Parce que parfois ça nous apporte des choses. On peut se sentir utile, important, indispensable. Ça peut nous aider à trouver notre place. Peut-être que ça comble un vide en nous, un manque.
Et si je ne suis plus sauveuse, je suis qui ?
Je deviens victime ? Persécuteur ?
Ou alors je deviens juste moi. Sans artifice, d’égal à égal avec l’autre, sans calcul, sans faux semblant. Juste moi. Ça peut faire peur.
Et l’autre sera-t-il d’accord ?
Parce que certains aiment bien aussi être dans le rôle de la victime. C’est confortable aussi de se laisser guider.
Encore une fois, il ne s’agit pas seulement de se dire : j’ai compris, j’arrête, plus jamais je fais ma sauveuse, ma victime, mon persécuteur. L’important c’est de prendre conscience de notre mode de fonctionnement.
Quand je prends conscience que je fais ma sauveuse, je me demande : « Pourquoi ? Qu’est ce que ça m’apporte ? Qu’est ce que ça me permet d’éviter ? »
Et puis si ma petite sauveuse se réveille, que j’ai très envie d’apporter mon grain de sel. Ce n’est pas forcément néfaste pour l’autre. J’ai peut-être de vraies infos à lui donner, des super solutions qui changeraient sa vie. Mais avant de me lancer dans un cours théorique avec thèse antithèse synthèse, il serait bon de demander « est-ce que tu veux que je te donne mon avis, des info, des conseils ? ».
Histoire de prendre un peu plus en compte le vécu de l’autre.
Histoire de lui redonner le pouvoir, son pouvoir, celui de dire oui ou non !
Tu as aimé cet article ? Un like, un commentaire, un partage, c’est doux comme un bisou pour sagefamily !