Il répond quand on est en colère.
Elle parle mal.
Il dit des gros mots.
Elle se moque de nous.
L’insolence.
Qu’est-ce que ça signifie ? Qu’est-ce que ça cache ? Comment faire ?
Définition
Première chose à faire, savoir de quoi on parle. Parce qu’on met beaucoup de choses derrière ce mot. Chacun a sa vision, sa conception du monde. Ce qui est de l’insolence pour l’un ne l’est pas forcément pour les autres.
Alors, c’est parti pour l’instant Robert ! (Je parle du dictionnaire…)
Insolence : 1. manque de respect qui a un caractère injurieux. 2.Orgueil offensant (pour des personnes que l’on juge d’un rang inférieur).
Ce qui m’amène à aller voir la définition de :
Respect : 1. Sentiment qui porte à accorder à quelqu’un de la considération en raison de sa supériorité, son âge, etc… 2. Sentiment de vénération.
Je ne sais pas pour toi mais moi, tout ceci me plonge dans la perplexité.
Je pense que la simple définition de ce qui est de l’insolence et du respect est un sujet de débat interminable en soi. Un bon sujet de bac philo !
On retiendra de cette troublante explication de mon ami Robert que c’est une notion assez vague et qui dépend de l’interprétation de chacun. Notre enfance, l’éducation que l’on a reçue influence notre jugement.
J’irais même plus loin : notre humeur influence notre vision. Un comportement jugé intolérable un jour pourra passer tout seul un autre jour.
Quoiqu’il en soit, nous sommes parfois surpris du langage et de l’attitude inappropriés de nos enfants. Essayons donc de voir ce qui se cache derrière tout ça.
Pour aujourd’hui, je intéresserai essentiellement aux gros mots, paroles insolentes et réponses désobligeantes. J’ai déjà parlé des comportements dérangeants dans un précédent article.
La modélisation
Rappelons-nous que le cerveau fonctionne en miroir pour une partie de son apprentissage. Les enfants apprennent en faisant, en expérimentant mais aussi en observant.
Lorsque leur entourage, que ce soit à l’école ou à la maison, emploie des mots grossiers, parle de façon agressive ou autoritaire, les petits comme les grands s’imprègnent de ce langage. C’est donc tout naturellement qu’ils répètent ces schémas. Et ça marche à tout âge.
Tu n’as jamais remarqué la facilité avec laquelle on peut s’approprier les expressions de ceux que l’on côtoie ? Que ce soit un accent plus ou moins marqué, des tics de langage, des mimiques, notre façon de nous exprimer, nos comportements… Nous sonmes constamment influencés par notre environnement.
Si tu passes 1 mois dans un monastère, il est fort probable que tu en reviennes plus serein. A l’inverse, passe 2h dans un stade de foot avec des supporters déchaînés, j’ai des doutes sur le fait que tu en ressortes tout calme.
Donc, avant de te dire que ton fils te manques de respect, réfléchis à l’environnement dans lequel il a passé sa journée.
Faire comme les autres
D’autant plus que, pour les enfants, un autre élément rentre en ligne de compte : le besoin d’appartenance. On a tous besoin de se sentir appartenir à un groupe. Et quoi de plus efficace pour s’intégrer que d’adopter les coutumes locales ? Que ce soit en matière de langage, de vêtements, de comportement. Evidemment, il y a des âges où ce besoin est encore plus marqué, à l’adolescence notamment. Alors si tu sens poindre en toi un début de jugement envers ton enfant du genre “c’est ridicule, pas besoin de ça…”, prends quelques secondes et souviens-toi… Toi, dans ton enfance, tu n’as jamais rien fait de stupide juste pour faire comme les copains ?
L’exemple familial
Il n’y a pas que les copains qui donnent le mauvais exemple…
Et moi la première ! Lorsque je suis fatiguée ou en colère, des mots très fleuris peuvent m’échapper. Parfois même des phrases plus que maladroites et blessantes. Quand j’entends ces mêmes mots dans la bouche de ma fille, ça me rend folle de rage. Et pourtant, elle ne fait que répéter les miens. Difficile de lui reprocher quelque chose que je lui ai appris.
Alors quoi ?
Faut-il laisser passer les gros mots sous prétexte qu’on a donné le mauvais exemple ?
J’allais dire “non, bien sûr” mais finalement ce n’est pas si simple.
Jouer avec les mots
Chez les plus jeunes, répéter les mots entendus est un jeu. Ils n’ont aucune conscience de leurs significations ni de l’impact qu’ils peuvent avoir sur nous. Pour eux, plus on réagit, plus ça leur donne envie de recommencer. “Chouette, j’ai trouvé un mot magique qui fait réagir mes parents au quart de tour!”
Si ton pitchoune sort un tonitruant “Pitain”au beau milieu d’une assemblée de parents parfaits, sers-toi de ton sens de l’humour. C’est une arme fatale pour calmer les donneurs de leçons. Corrige-le d’un franc “oh, oui, pétard!”
Et à l’avenir, surveille ton langage. Même si tu ne peux pas l’empêcher d’entendre toutes sortes de mots imagés en dehors du foyer, ton impact est beaucoup plus fort. Si c’est toi qui les emploie, c’est comme si tu lui donnais l’autorisation de le faire !
Repéter pour trouver du sens
Plus tard, nos loulous utilisent les mots entendus par mimétisme mais aussi pour les comprendre. Reproduire est une manière d’explorer, de chercher du sens. C’est valable autant pour les gestes que pour le langage. Comme évoqué au sujet de la violence<<<<, l’enfant peut être amené à répéter un comportement dans le but de comprendre. Comme pour une expérience scientifique, on réitère le même processus encore et encore pour voir si les effets sont toujours les mêmes. La solution pour faire cesser ces répétitions est parfois juste dans l’information.
Si l’objectif de l’enfant est de trouver du sens, lui interdire d’utiliser ces mots ne servira à rien. Par contre, lui expliquer leurs significations ainsi que l’effet sur les autres peut l’aider dans son cheminement. Oui certains mots sont des “mots-cailloux”, ils blessent les autres et sont à éviter. Encourager l’empathie de l’enfant sera toujours plus efficace que l’interdit qui engendrera rancœur et sentiment d’injustice.
Et chez les plus grands alors ?
Là, encore, plusieurs cas sont possibles. Est-ce que ma fille a un souci dans son coeur, une émotion refoulée ? A-t-elle vécu quelque chose qui la met mal et dont elle n’arrive pas à parler ?
Est-ce que c’est juste un trop plein de stress qui se décharge ainsi ?
Est-ce un problème d’interprétation, de perception des choses ?
L’insolence en tant que symptôme
Lorsque l’on ne voit que la surface, que le comportement, on est en colère. Mon fils me parle mal, se comporte mal… C’est inacceptable ! On se sent aussi un peu en échec. “Qu’est-ce que j’ai raté?”
Mais si ce n’était qu’un appel, l’expression d’un mal être ?
Un enfant qui ne se sent pas bien n’est pas forcément capable de venir nous voir simplement pour nous en parler. Même si on est un parent bienveillant et à l’écoute. Parfois, il peut se sentir honteux et ne pas réussir à s’exprimer autrement. Il utilise alors une autre voie pour se faire remarquer, pour nous montrer que quelque chose cloche.
Cela peut être aussi une émotion qu’il n’a pas pu exprimer dans la journée et qui ressort en présence de sa figure d’attachement, garante de sa sécurité.
La vie est faite de petits et de grands traumatismes. Que ce soit une simple dispute avec un de ses camarades, une remarque vexante de son professeur ou un problème d’une autre ampleur comme de la maltraitance, de la violence, l’enfant a besoin de notre empathie pour pouvoir se confier. Selon l’importance de la blessure, la parole peut parfois être longue à se libérer.
Le facteur stress
De façon beaucoup plus commune et habituelle, notre compagnon du quotidien à ne pas oublier : Monsieur Stress !
Présent aussi bien pour le parent que pour l’enfant, il est présent dans toutes les situations de conflits !
Tout d’abord pour toi puisqu’il influence largement ta façon de supporter les situations. C’est lui qui guide en bonne partie le fait qu’un comportement nous paraît supportable ou non. Celui-ci est largement abordé dans l’e-book gratuit “les 5 piliers du parent bienveillant.”
Concernant notre charmant bambin, le stress est impliqué dans beaucoup de comportements dérangeants. Celui-ci s’exprimant de différentes façon dont l’agressivité, donc l’insolence mais aussi par des conduites de fuite moins évidentes.
Tu sais, quand tu t’énerves sur ton enfant et qu’il se met à ricaner bêtement ! C’est énervant non ?
En fait, ton fils ne le fait pas exprès, c’est du stress !
Ta fille ne lève même pas les yeux quand tu lui parles voire elle se bouche les oreilles ? C’est encore du stress !
Donc, si tu cries encore plus fort, tu augmentes son stress et tu renforces sa réaction. Jusqu’au moment où le niveau de tension est tel que l’enfant se réfugie dans le figement. Et là, on est dans l’impasse.
Un problème d’interprétation
Une autre situation qui se produit chez moi et qui peut sembler être de l’insolence c’est quand l’enfant répond.
Par exemple : mon fils de 7 ans corrige mes fautes de français quand je m’énerve. Oui, c’est insupportable!
Parfois aussi il me reprend sur les règles de la maison : “tu n’as pas le droit de dire ça !” ou “j’ai le droit de faire ça!”
Il faut avouer que dans certains cas, il n’a pas tort. Même si ça me fait mal de l’admettre, il se pourrait même qu’il ait parfois raison…
Parce que les règles s’appliquent à tous. Si on veut être crédible on se doit de montrer l’exemple.
Je ne dis pas qu’à chaque fois que l’enfant répond c’est légitime de sa part. Il est toujours intéressant de prendre du recul sur la situation et de vérifier où se situe le problème. Est-ce moi qui suis énervé et le prend de travers ou est-ce un comportement symptôme d’autre chose ? Est-ce qu’il affirme ses limites, ses droits ? Quel est son besoin ?
Nous sommes tous, dans notre quotidien de parent, confronté à des comportements dérangeants. Certains s’apparentent à de l’insolence, à un manque de respect.
Face à ces situations nous pouvons prendre du recul pour essayer de comprendre ce qui se passe. Prendre conscience des raisons de notre réaction et de celle de notre enfant nous aide à trouver la bonne réponse.
Et alors la bonne réponse c’est quoi ?
S’occuper de la cause, redéfinir les règles, exprimer ses émotions, donner des ressources…
Je te dis tout dans le prochain article !
D’ici là, à toi de jouer, je te propose de me donner en commentaire ton alternative aux gros mots à la maison !
6 Commentaires
Merci pour ces précieuses infos!!! Super article comme toujours !
Merci Emma!
Très intéressant! Merci pour tes articles inspirants…
Merci ! Heureuse de pouvoir t’inspirer !
Heu je n’ai pas encore trouver d alternative, je dis juste on ne dit pas ça, mais sur un ton plutôt colérique.
Merci Julie, on en prend de la graine.
L’insolence n’est pas facile à accueillir, ça nous touche et nous mets en colère. C’est une réaction naturelle. Le tout est de voir comment exprimer sa colère de façon à affirmer ses propres limites et restaurer le lien. 😉