Parce qu’on fait tous des erreurs, parce que nos actions engendrent des conséquences chez les autres, il est essentiel d’apprendre à s’excuser. S’excuser vraiment, sincèrement.
Pas les excuses qu’on se jette à la figure comme une insulte
“OK, c’est bon, ça va, excuse moi !”
Le pompon étant la version collector avec le fameux:
“C’est bon, je me suis excusé, t’es content maintenant!?”
Que dire face à de telles excuses ? Celles qui laissent chacun dans sa solitude et sa colère. Parce que ces excuses là ne réparent pas. Ces excuses là ne rapprochent pas.
Elles nous blessent un peu plus, creusent le fossé de l’incompréhension, du non dit, du rejet de nos émotions. La souffrance n’a pas été entendue, reconnue. Elle a été balayée d’un geste, d’un mot, d’un simple “pardon”.
Est-ce cela que l’on veut apprendre à nos enfants ?
Ces excuses qui piquent ? Ces excuses froides et sans âmes ?
Quand on force un enfant à dire pardon, qu’apprend-il ?
Paul fait de la trottinette. Il va vite et roule sur le pied de Peter. Il n’a pas conscience de ce qu’il a fait. Il joue et ne prête même pas attention à son camarade qui pleure.
Le forcer à faire des excuses ? Ce pardon murmuré du bout des lèvres, les yeux fixés au sol, sans aucune sincérité, sans remords, sans regret si ce n’est celui de s’être fait attraper. Est-ce que ce mot aura apaisé Peter ? Est-ce que Paul aura appris à faire plus attention ? J’en doute. Pour peu qu’on ait haussé le ton pour obtenir ces excuses, son cerveau est sous stress, il ne peut pas apprendre. Le faire culpabiliser, le punir ? Il apprendra qu’il est mauvais, qu’il fait mal. Est-il seulement capable de faire le lien entre son action et la conséquence ?
Ce pardon forcé ne répare pas l’offense et laisse tout le monde amer. Peter n’est pas réconforté mais se doit d’accepter les excuses. Parce que c’est comme ça.
Allez on se serre la main, on se fait un bisou, un câlin et tout le monde va bien.
Et si on (ré)apprenait à faire de vraies excuses ?
Si on apprenait à prendre en compte le ressenti de l’autre, à faire des excuses empathiques ?
Parce que le secret du pardon, c’est l’empathie. Se mettre à la place de l’autre, reconnaître son ressenti, son émotion, sa souffrance.
Sans empathie les excuses ne valent rien. C’est comme un mot magique qui annulerait l’effet de nos actions.
Hop je te fais mal, hop je m’excuse, hop je peux recommencer.
Il n’y a aucun apprentissage, aucune prise de conscience, aucun changement.
L’empathie s’apprend, pour nos enfants et surtout pour nous.
Montrons leur l’exemple. Faisons nous mêmes des excuses sincères et empathiques.
Faisons leur des excuses !
Faisons nous des excuses.
Parce que nous, adultes, avons conscience des conséquences de nos actes.
Mon mari rentre souvent assez tard du travail. Je gère donc les enfants seule pour une bonne partie de la routine du soir. Ce soir là, je sors dîner avec une amie. Je dois partir à 20h. Mon mari rentre à 19h55. Je suis énervée, je n’ai pas eu le temps de me préparer et gérer les enfants seule, en stress, un vendredi soir… ça m’a un peu tendu !
Adepte de l’honnêteté et de la communication non violente, je lui dis, de la façon la plus bienveillante possible : “Quand tu rentre juste avant l’heure où je dois partir, je suis en colère parce que j’ai besoin de temps pour me préparer et je n’aime pas partir stressée.”
Lui me répond “je suis désolé, j’avais besoin de décompresser un peu avant de rentrer. J’ai discuté avec mon collègue avant de partir et ça a pris plus de temps que je ne le pensais.
”C’est un bon début les excuses, mais je suis où moi là dedans ?
Parce que les vraies excuses sont tournées vers l’autre, vers celui qui a été blessé.
Seules des excuses sincères tenant compte de la souffrance infligée à autrui peuvent conduire à un authentique pardon.
Claude Steiner, « L’ABC des émotions. »
Parce que le but est de réparer la relation, pas de se sentir moins coupable.
Arrêtons les justifications sans fin qui ne servent qu’à se déculpabiliser soi même, à nous éloigner au maximum de notre responsabilité. Assumons notre rôle dans l’histoire. Parce que chacun est responsable de la relation.
Même si notre intention n’était pas de blesser l’autre, même si on ne l’a pas fait exprès.
“Oui, je t’ai fait mal. Je reconnais ta souffrance, ta peine, ta colère. Je vois que mon attitude t’a blessé et je m’en excuse.”
Bien sûr qu’on a le droit de se donner des circonstances atténuantes, d’expliquer la situation, de donner sa version.
Mais si on ne fait que ça, si on ne reconnaît pas le ressenti de l’autre, comment peut-il se sentir accueilli ? Comment peut-il croire en notre sincérité ? Comment peut-il vraiment accepter nos excuses ?
Des excuses à la hauteur.
Pour être honnête dans notre demande de pardon il faut avoir pris la mesure de l’offense, ne pas la minimiser, ne pas la sous-estimer et surtout ne pas la ridiculiser.
“Ça va, c’est pas si grave, on ne va quand même pas en faire toute une histoire !”
Notre attitude, nos actions, nos paroles engendrent des réactions chez l’autre. Ces réactions lui appartiennent. Elles parlent de lui, de son vécu, de sa façon de voir les choses, de sa carte du monde. Son émotion, même si elle nous paraît démesurée ou incompréhensible, est valable et respectable. Nous n’avons pas à la juger, juste à l’accepter.
Et parfois les excuses ne suffisent pas. Parfois il y aura besoin de réparer d’une manière ou d’une autre. Parfois il faudra du temps. L’autre doit être libre d’accorder ou de refuser son pardon.
Il en va de même avec nos enfants. La meilleure façon de leur apprendre à s’excuser, c’est de le faire nous mêmes. Leur demander pardon si on les blesse, de quelques manières que ce soit, même si ce n’était pas notre intention, sans jamais ridiculiser leur ressenti.
Parce que nous sommes leurs modèles, leurs exemples.
Soyons ceux que l’on voudrait qu’ils deviennent.
N’hésites pas à me dire comment ça se passe chez toi les excuses. Trop, pas assez, forcées, spontanées ?