Dans la vie on passe beaucoup de temps à essayer de faire bonne figure, de se faire accepter.
On est fatigués mais quand on nous demande si ça va on dit oui.
On est débordés par la vie de famille, le travail, les contraintes quotidiennes mais on fait comme si on s’en sortait trop bien.
On accepte des cadeaux dont on ne veut pas.
On tait notre colère pour ne pas entrer en conflit.
On cache notre déception pour ne pas blesser l’autre.
Pourquoi ne pas simplement être soi ?
Oui, on a des défauts, des faiblesses, des jours sans.
Parfois on manque de patience.
Parfois on pète carrément les plombs.
Parfois on n’a juste pas envie de faire d’effort.
Parfois on est euphorique et on dit n’importe quoi.
Parfois on n’aime pas et puis c’est tout.
Et alors ? On est tous des êtres humains.
Peut-être qu’assumer nos faiblesses nous permettrait de nous sentir plus proches les uns des autres ? Si on osait la sincérité ? Si on faisait confiance à nos proches pour nous aimer tels que nous sommes ?
Peut-être même que ça leur ferait du bien à eux aussi. Peut-être que ça leur permettrait de partager eux aussi ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent.
Qu’est-ce qui nous empêche d’être franc ? La gentillesse, la peur d’être rejeté, la politesse ?
Peut-être qu’on est un peu trop polis finalement ?
On se dit de belles choses, on enjolive, on ne veut pas blesser.
On ne veut pas encombrer avec nos sentiments, avec nos émotions.
Il ne faut pas se montrer trop heureux quand les autres sont tristes.
Il ne faut pas se montrer trop tristes quand les autres sont joyeux.
Il ne faut pas crier quand on est en colère.
Il ne faut pas dire qu’on n’aime pas pour ne pas vexer, ne pas dire de négatif sur les autres.
Mais ne dire que du positif pour faire plaisir, c’est un peu limité non?
Je ne dis pas qu’il faut se forcer à dire des choses négatives non plus. Juste être honnête ! Essayer de flatter les autres pour gagner leur amour est rarement efficace.
On a tous besoin de signes de reconnaissances positifs. Mais un compliment ne vaut rien s’il n’est pas sincère.
Et puis, à force, on manque un peu de franchise.
Parce qu’avec le temps, on ne sait plus comment dire ce qui ne va pas.
Et puis, à force, personne ne progresse.
Parce que parfois la sincérité permet d’avancer, de voir nos erreurs et d’en sortir grandis.
Et puis, à force, on peut manquer aussi un peu de crédibilité.
Parce que, par exemple, moi qui ai un léger manque de confiance en moi, parfois je me dis que certaines personnes ne m’apprécient pas mais qu’elles sont trop polies pour le dire. Et quelque part c’est vrai. En tout cas ça peut l’être.
Qu’est ce qui fait que nos relations manquent autant de sincérité ?
Combien d’amis tu as pour lesquels tu sais qu’ils te répondront sincèrement ?
L’ami qui est capable de te dire qu’elle n’aime pas trop ta nouvelle coupe de cheveux, qu’il a trouvé ton dernier article un peu décousu, que tu as dit une bêtise à ta dernière conférence, que ton nouveau boulot n’est peut-être pas si parfait…
J’ai pas dit l’ami pénible qui broie du noir et te tire vers le bas. Lui, il est toxique.
Mais l’ami sincère, celui qui est capable de s’enflammer avec toi sur tes projets et de te soutenir à fond mais aussi de te dire quand tu fonces dans le mur ! Celui qui te dit réellement ce qu’il pense, qui est capable de te dire sans rougir quelles sont tes forces.
Et si on essayait d’être honnête avec soi et avec les autres ?
Je pense qu’on peut se dire les choses sans se blesser, avec un peu d’entrainement !
Se faire confiance, faire confiance en la relation.
Parce que quand quelqu’un me dit qu’il n’aime pas quelque chose chez moi ou quelque chose que j’ai fait, c’est son avis. Libre à moi de le prendre ou pas.
Je peux l’entendre, l’accepter, sans pour autant tout remettre en cause. Il me parle de son point de vue, de sa carte du monde. Il me parle de lui, pas de moi. L’avis des autres ne me définit pas.
Il y a 2 façons de dire les choses:
Le jugement
“Tu es belle”, “Tu es pénible”…
Le jugement ne parle que de la personne qui juge, de sa carte du monde, de sa façon de penser, de ses propres besoins.
Finalement quand quelqu’un émet un jugement, c’est à lui de se demander ce qui ne va pas chez lui. Qu’est-ce qui se passe pour lui quand il dit ça ? De quoi il aurait besoin ?
Si on me dit que je suis mal habillée par exemple. Je n’ai pas à remettre en cause mon style. Je n’ai pas à me sentir touchée, vexée. Je peux me demander ce qui se passe pour cette personne. A-t-elle passé 3 heures à se préparer ? Lui a-t-on répété toute son enfance qu’il fallait faire attention à sa tenue ?
Ce n’est pas facile de ne pas se sentir blessé par le jugement des autres. Et pourtant cela ne nous concerne absolument pas finalement.
Pour t’aider tu peux visualiser un bol devant toi et y laisser tomber tous les jugements que tu entends.
Ne les prends pas, regarde les tomber dans le bol et laisse-les là. Ils ne t’appartiennent pas.
Parler de soi
L’autre façon d’exprimer son avis, c’est de partir de son impression, son propre ressenti.
Quand je n’aime pas quelque chose dans la relation, quand il y a un truc qui me dérange, je peux le dire avec respect. Si je parle de moi, de mes sensations, de mon ressenti, je ne blesserai pas l’autre.
“Quand tu fais ceci, je me sens … parce que j’ai besoin de …”
“Je n’aime pas quand tu dis cela parce que je me sens…” ou “ça me donne l’impression que…”
Non seulement ça ne fait pas de mal à l’autre, si on le dit de la bonne façon, mais en plus ça nous rapproche ! Dire ce qu’on ressent purement et simplement, sans offenser, sans critiquer. Juste expliquer ce qui se passe pour nous dans telle ou telle situation, permet que chacun se sente vraiment bien dans la relation. En confiance.
Petite illustration
Reprenons l’exemple de ma copine qui me parle d’un de mes articles.
Si elle me dit “franchement ton dernier article il était complètement décousu.” Je ne vais pas forcément bien le prendre et ça ne va pas m’aider. C’est un jugement.
Mais si elle me dit “je n’ai pas réussi à suivre le fil, je n’ai pas compris.” On peut en parler et approfondir la situation.
Elle me parle de son ressenti, de sa façon de voir les choses. Je ne me sens pas attaquée ou blessée. Au final le message n’est pas très différent mais il permet une ouverture. Ce n’est pas une sanction définitive comme dans un jugement. La discussion est possible et un avis contraire l’est également. Je peux prendre en compte sa façon de voir les choses et choisir de réajuster ou non mon article.
Nos comportements ont un impact sur les autres et nous en sommes pleinement responsables. Mais la réaction de l’autre lui appartient et dépend de sa carte du monde, de son histoire. Chacun est pleinement responsable des messages qu’il émet mais aussi de la façon dont il en reçoit.
Quand quelqu’un me parle de son ressenti face à mon comportement, je prend conscience de l’impact que ça a sur lui. Je peux alors choisir d’adapter ma façon de faire ou continuer comme avant.
La franchise partout, tout le temps ?
C’est sûr que dans certaines situations, il faut arrondir les angles, avoir un peu de diplomatie. On ne peut pas dire n’importe quoi à n’importe qui n’importe comment.
Mais que ce soit au travail, dans le milieu scolaire, avec nos amis, en famille, je pense qu’on peut se dire les choses avec sincérité et respect. C’est une nouvelle habitude à acquérir. Une fois qu’on l’a assimilée, ça devient plus facile et plus spontané.
Comme pour chaque apprentissage, on a besoin de répéter, de rater, de recommencer. Petit à petit, un nouveau chemin se crée dans nos connexions neuronales. Une nouvelle voie se trace. A force de répétition, ce nouveau langage devient plus naturel.
Et puis, parfois, on n’a pas forcément envie de raconter notre vie, de défendre nos points de vue, d’argumenter. Et c’est complètement OK à partir du moment où c’est un choix volontaire.
Si ta voisine te demandes si “ça va ?” et que tu n’as aucune envie de lui expliquer que ton mari t’a énervé ce matin, que tu es stressée par ton nouveau boulot et que tu as mal dormi, rien ne t’oblige à lui raconter ta vie. De toute façon, cette formule est plus une convention sociale qu’une vraie question. En fait, ce n’est pas une demande sincère.
Si c’est une amie qui te pose cette même question, il y a des chances qu’elle perçoive ton mal-être et agisse en conséquence. Elle se préoccupe vraiment de la réponse et verra au delà des mots.
Et si on essayait aussi avec nos enfants ?
Si on apprenait à nos enfants à exprimer leur point de vue de manière respectueuse ?
Parce que si dès le plus jeune âge, on leur montre l’exemple, si on leur parle avec respect, ils pourront modéliser et faire de même.
Il n’y a pas d’âge pour apprendre mais c’est quand même plus facile quand on part avec de bonnes bases dès le début.
Alors apprenons à mieux communiquer nous mêmes pour leur enseigner et leur montrer une voie plus respectueuse et plus sincère.
Ne nous laissons pas atteindre par les jugements des autres et nos enfants en feront de même.
Prenons l’habitude d’exprimer nos avis, nos émotions, nos sensations afin qu’ils comprennent les leurs et les acceptent.
Alors, dis-moi, sincèrement, qu’est-ce que tu en penses ?
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