L’autre jour, je discutais avec mon mari de ma charge mentale. En ce moment, avec les enfants à la maison, mon travail à organiser, les tâches ménagères à gérer, ça fait un peu beaucoup et parfois je me sens débordée.
Régulièrement, nous parlons de la répartition des tâches pour essayer d’améliorer un peu les choses. Clairement, c’est surtout moi qui en parle…
Mais ce dont je me suis rendue compte c’est à quel point mon mari sous estimait la quantité de choses qui occupent mon esprit concernant mon rôle de maman.
Quand on parle de la charge mentale au sujet de la parentalité, on parle de quoi ?
La plupart du temps, on va penser au fait de s’occuper des enfants en terme de présence. Soigner les bobos, gérer l’éducation, les devoirs…
Quand on dézoome un peu, on peut se rappeler qu’il y a aussi : penser au suivi médical, connaître leurs poids, leurs spécificités de santé, la gestion des sorties scolaires, du matériel scolaire…
En ce qui concerne l’aspect matériel, on peut ajouter vérifier qu’ils ont des habits à leur taille, savoir quand acheter des chaussures, les emmener chez le coiffeur.
J’en oublie des tonnes. Et ça, encore, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Parce que ce qui me pèse le plus, ce qui me préoccupe vraiment, va au delà de ces aspects.
Les accompagner au mieux
Je suis maman et je me pose des milliers de questions. Chaque jour, j’essaie de faire au mieux pour mes enfants. Pas seulement pour qu’ils mangent équilibré, qu’ils soient bien habillés ou qu’ils aient de l’activité physique.
Je me prends la tête sur comment les accompagner au mieux, comment leur montrer la voie vers le bonheur. Je fais au mieux pour qu’ils se sentent bien dans leur peau, qu’ils aient confiance en eux, en les autres, en le monde.
Quand ils ont des comportements qui m’irritent, j’essaie de les comprendre. Je fais le point sur leurs facteurs de stress, sur leurs besoins physiologiques, sur leur stade de développement.
Je me suis tellement lancée sur le sujet que je ne me suis jamais arrêtée et que j’en ai fait mon travail à plein temps. Je lis, je me forme pour mieux comprendre ce qu’il se passe entre nous, comment améliorer nos relations.
Un déséquilibre marqué
Ce que je veux dire par là, c’est que la charge mentale des mères va bien au delà de l’organisation et de la prise en charge physique. Et oui, je parle des mères. Le fait est que la plupart du temps, cette préoccupation est principalement celles des mamans et beaucoup moins des papas. Pourquoi ? Parce que la société nous a formaté ainsi et qu’il est très difficile de sortir de ces schémas pré-établis. Pendant (trop) longtemps, le rôle des femmes étaient de s’occuper des enfants et de la maison. Le rôle de l’homme, lui, consistait à ramener de quoi manger. Miam, un bon mammouth fraîchement abattu.
Seulement voilà, nous ne sommes plus au temps des cavernes, les choses ont changé mais pas toutes. Les femmes se retrouvent maintenant à gérer les enfants, la maison et leur travail. Oui, les femmes peuvent désormais avoir de belles carrières, s’épanouir dans leur travail et contribuer à remplir le frigo. C’est top.
Double (triple) emploi
Le souci c’est que leur autre travail est toujours là.
Le fait est que les femmes assument encore la plupart des tâches ménagères et parentales. Qu’elles travaillent ou non.
Oui, il y a quelques papas qui en font plus. Quelques uns. Mais quand on regarde les chiffres, ça me donne envie de hurler !
Selon une étude de l’INSEE de 2010 les hommes consacrent en moyenne 105 minutes par jour aux tâches domestiques et 42 minutes par jour au travail parental.
Les femmes passent elles, 183 minutes à s’occuper de la maison et 95 minutes par jour à gérer ce qui concerne les enfants. Ce qui fait une différence de 2h11 par jour !!! On est bien là ou pas ?
Le pompon de la pomponette c’est que dans cette répartition déjà bien déséquilibrée, les travaux domestiques et parentaux des hommes sont essentiellement des tâches plus gratifiantes : jouer avec les enfants, faire du bricolage ou du jardinage…
Et bien, oui, passer la serpillière, c’est pas hyper funky ! Et là, on ne parle que des occupations physiquement observables, on ne parle pas des inquiétudes sur leur avenir, des préoccupations sur leur bien-être physique et psychique…
Besoin de reconnaissance
Le fait est que la société dans laquelle on vit est inégalitaire. Les femmes sont moins payées. Les métiers à prédominance féminine sont dévalorisés. Je le sais bien, j’ai été sage-femme pendant 11 ans. Je ne connais pas beaucoup d’autres métiers avec autant de responsabilités, de contraintes physiques et psychiques, niveau bac + 5, qui soient aussi mal payés et mal reconnus.
En ce qui concerne les tâches dans le couples, il est sûr que ce serait bien de rééquilibrer un peu tout ça. Mais au delà de ça, tout ce travail est invisible. Il manque cruellement de reconnaissance. Trop de personnes considèrent encore que “femme au foyer” signifie “ne rien faire”. Le fait de s’occuper des enfants, dans l’esprit de beaucoup, consisterait uniquement à les aider à faire les devoirs et jouer avec eux. C’est oublier toutes les préoccupations au sujet de la parentalité au sens large, de la prise en charge de leur bien-être, de leur épanouissement.
Il est grand temps de reconnaître enfin le travail qu’engendre la parentalité. C’est un poids et une responsabilité considérable, supporté par les 2 parents mais souvent plus intensément par les mères.
Tous responsables
Le pire pour moi c’est que je contribue à perpétuer cette injustice. Parce que moi aussi j’ai ma part de responsabilité là dedans. Je prends en charge plus que ma part. J’en fais trop et de temps en temps je pète un plomb parce que c’est trop. Mais à la base, c’est moi qui décide d’en faire trop. Je pourrais demander plus souvent de l’aide.
Savoir demander de “l’aide”
Oui, j’aimerai que mon cher et tendre participe spontanément à toutes ces activités épanouissantes que représentent les lessives, le ménage et la paperasse scolaire, mais non. Depuis le temps, je vois bien que non, il ne le fait pas. Alors je fais quoi moi ?
Option 1 : je rumine dans mon coin parce qu’il ne prend pas assez d’initiatives à mon goût. Je continue de faire plus que ma part et je craque tous les 15 jours.
Option 2 : je prends soin de mon besoin et je fais une demande. J’ai bien dit une demande et non un ordre, une remarque cinglante… Oups !
Et puis, tiens, si on en profitait pour revoir la répartition des tâches au sein de la famille en règle générale. Si on faisait un peu plus participer les enfants ?
Responsabiliser les enfants
Ce n’est pas la peine d’attendre que les enfants aient 10 ans, des poussées d’hormones et la rebelle-attitude au top pour leur demander de s’investir dans la vie de la famille. Participer à plier le linge, mettre la table, faire à manger.. entrent assez vite dans les compétences de nos enfants. Par exemple, ma fille de 3 ans commence à plier ses vêtements et à mettre la table. Mon fils de 7 ans sait préparer un repas seul.
Nous avons donc mis en place un tableau pour que chacun s’inscrive en tant que responsable de telle ou telle tâche. Le but étant de les faire participer volontairement et en les valorisant dans leurs compétences. Bon, passons sur le fait que, encore une fois, c’est moi qui suis à l’initiative de ce changement.
Ai-je vraiment envie de lâcher ?
Sur certains aspects de mon quotidien, il faut admettre une chose : je n’ai pas toujours envie de passer le relais. J’aime que ce soit fait à ma manière. J’aime que ce soit fait quand je le veux.
Quand on fait une demande, il faut accepter que l’autre puisse refuser ou le faire différemment de nous. C’est le revers de la médaille. Pour ma part, j’ai encore un peu de travail à faire sur le lâcher-prise.
Comme maman
Par ailleurs, j’ai du travail à faire concernant ma loyauté vis à vis de ma mère, de mes grands-mères… Parce que cette tradition de prendre en charge homme et enfants est ancrée profondément. Toute une lignée de femmes dont la mission de vie était de prendre soin des autres en s’oubliant elles-mêmes. Elles ont toujours fait ça. Alors, qui suis-je moi pour remettre tout cela en cause ? Comment me permettre de remettre en cause le schéma établi ? Est-ce un manque de respect envers elles ?
Etre maman
Concernant la parentalité en particulier, c’est mon truc. J’aime ça. J’aime apprendre sur la parentalité, sur le stress, sur les neurosciences. Je lis énormément sur le sujet et me forme de multiples façons. C’est devenu mon métier.
Pour autant, j’aimerai avoir un relais plus souvent. Le souci, encore une fois, est d’accepter que ce ne soit pas fait à ma manière. Mais chacun son chemin , son rythme, son histoire. Nous n’en sont pas tous au même point sur la gestion de notre stress, de notre histoire.
L’exemple donné à nos enfants
Ce qui me préoccupe beaucoup dans toute cette histoire, ce sont mes enfants. Encore et toujours.
Je sais à quel point l’exemple est source d’apprentissage, bien plus que tous les discours. (Si, si je t’assure, je t’en parle ici.) Je ne veux pas de toutes ces inégalités pour mes filles. J’aimerai que ce soit différent pour elles. Pour cela, la société devrait évoluer. Le changement est en marche mais il est lent…
J’essaie aussi de leur montrer un exemple autre que celui que j’ai reçu. Prendre soin de soi et de ses propres besoins, assumer ses choix au risque de déplaire, ne pas se sacrifier pour les autres. J’ai pris beaucoup de décisions ces dernières années qui vont à l’encontre de l’éducation que j’ai reçue. J’ai quitté un travail stable pour me lancer dans le soutien à la parentalité, j’ai fondé mon entreprise pour améliorer les relations entre adultes et avec les enfants. J’ai décidé de suivre ma propre voie et d’écouter ma propre voix. J’ai choisi de croire en moi.
Mon quotidien n’est pas tout rose. Je suis une femme, je suis une mère. Je vis des inégalités à plusieurs niveaux et ça me met en colère. Je sais que ma colère est là pour m’aider, pour me guider. Elle m’aide à définir mes limites. J’ai choisi de l’utiliser dans un sens positif. Je remets l’ordre établi en question et tente de rééquilibrer mon quotidien.
J’ai choisi de prendre soin de moi et de suivre mes valeurs, de réaliser mes rêves.
C’est cet exemple là que je veux donner à mes enfants.
Et toi, comment te sens-tu dans ton rôle de mère, de père ?
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ? Prends rdv avec moi ici !
8 Commentaires
« Je me prends la tête sur comment les accompagner au mieux, comment leur montrer la voie vers le bonheur. » c’est aussi ce que je cherche à faire , et moi aussi « Le souci, encore une fois, est d’accepter que ce ne soit pas fait à ma manière. » Après selon le contexte familial, les événements du moment, il doit y avoir du lâcher prise, qui devrait toujours être là à mon sens, mais la mise en pratique n’est pas facile et très vite on se trouver happer dans notre quotidien, et sans compter le retour de l’entourage qui n’est pas forcément celui que l’on attend. Alors je me dis, je fais de mon mieux. Merci pour vos articles
En effet, on fait de notre mieux ! Bon courage et merci pour ce message ! 🙏
Super article dans lequel je me retrouve complètement. Ça va parler à beaucoup de maman à mon avis!! Merci en tout cas!
Merci ! J’espère que ça aidera ! 🤗
Bonjour Julie. Très belle article et très vrai. C’est une colère saine. Différent facteurs nous poussent (parents) à suivre ce schéma instauré depuis des générations. En ce oui me concerne je pense aider plutôt pas mal à la maison ainsi qu’avec les enfants. De même pour la charge invisible dont tu parles c’est assez équilibré je pense. Avec mon épouse nous échangeons beaucoup. J’ai instauré la norme de communiquer dans notre famille ainsi que de comprendre, vivre et maîtriser ses émotions. J’ai aussi instauré le développement personnel au sein de notre petite famille. Nous avons un fils de 3 ans et une fille d’un an. C’est 3 ingrédients nous pressent essentiels au bon développement de notre famille du moins pour la notre : développement personnel + maîtrise de la communication + gestion des émotions (intelligence émotionnelle).
Après oui il faut que je sonde peut être plus souvent mon épouse pour connaître en temps réelle si un déséquilibre sur la répartition des « tâches » se fait ressentir. Il y a aussi ce problème que lorsqu’on le ressent c’est qu’on le traîne depuis longtemps ce déséquilibre a priori.
En ce qui me concerne, je suis aussi victime d’une non reconnaissance. La plupart des personnes ne le croit pas lorsque je dis que je suis très impliqué à la maison. Je n’aime pas dire « aider à la maison » car je n’aide pas. Je fais ce qu’il y a à faire. Comme tu dis la société est tellement ancré dans ce schéma que parfois ça me désole. Pour la société je n’ai pas le droit d’être exténué car ce n’est pas moi mais mon épouse qui fait à la maison. Ce qui l’a le plus piqué c’est durand la grossesse de mon épouse et après l’accouchement. J’ai beaucoup aidé (là ‘e mot est juste) et ont m’a repris en disait c’ est plutôt ta femme qui doit l’être et pas toi ! Grrrr !!! Mais bon comme dit Gandhi commençons par incarner le changement si l’on veut que les choses changent. Et c’est ce nous nous efforçons de faire dans notre famille afin d’impacter le plus nous entourage. En tout cas je te soutiens avec toute ma force Julie et merci à toi pour tes articles qui me font progresser et qui me font du bien 😊
Merci beaucoup pour ce beau témoignage ! Et bravo pour ton implication dans ta famille ! C’est un bel exemple pour tes enfants et pour la société. Et, oui, bien sûr que les papas ont le droit d’être fatigués ! ☺😄
Bonjour Julie, tout d’abord merci pour tes articles qui sont très inspirants.
Je viens par mon commentaire confirmer ce que dit Alexandre. Le schéma de société actuel, est effectivement toujours celui où la femme a la plus grande charge mentale, c’est également l’éducation que j’ai reçu.
J’ai la chance d’avoir un mari sur qui je peux compter et qui partage cette charge mentale avec moi. Comme tu l’a bien dit, il faut savoir aussi demander de l’aide et déléguer. Et c’est parfois bien difficile quand ce n’est pas encrée en nous.
Avant je n’en était pas capable et je me chargeait toute seule, sans demander l’aide de mon mari, qui lui n’attendais que ça de pouvoir partager avec moi. Grâce à nos nombreuses discussions (qui venait de lui), nous avons pu équilibrer cette charge. C’est pourquoi aujourd’hui, je ne me retrouve plus dans cet situation.
J’espère par mon commentaire, faire comprendre que le changement est possible, mais il faut le vouloir et l’initier. Accepter aussi que l’autre puisse avoir des responsabilités, et déléguer.
Encore merci Julie pour tes articles qui sont d’une très grande aide.
Merci beaucoup pour ce commentaire qui fait du bien ! Oui le changement est possible et chacun a sa part de responsabilité dans la situation. Demander n’est pas facile mais nécessaire pour amorcer un nouvel équilibre. Bravo à toi !