Ce n’est pas toujours facile d’accueillir la tristesse, encore plus lorsqu’elle touche notre enfant.
Parce qu’elle nous met mal à l’aise, parce qu’on culpabilise, parce qu’on ne veut pas la ressentir nous-même, parce qu’on ne sait pas la ressentir ou parce qu’on ne sait pas comment faire.
La tristesse est l’émotion qui accompagne la perte.
Comme toutes les émotions elle a une fonction et elle a besoin d’être exprimée, souvent par la voie des pleurs.
Lorsqu’un enfant pleure, les adultes lui disent souvent: “allez, ne pleure plus”, “c’est fini”.
Mais les larmes font du bien, elles sont utiles. Elles nous aident à aller mieux.
On se sent mieux après avoir pleurer, comme soulagé, libéré d’un poids.
Les larmes sont le « lubrifiant » de toutes les émotions : elles favorisent leur circulation. Elles n’accompagnent pas que la tristesse, mais aussi la joie, le plaisir ou l’admiration. Elles «nettoient» l’organisme, en évacuant jusqu’à 40% du surplus de neurotransmetteurs produits. Il est donc mauvais pour la santé d’interdire de pleurer; de plus, cette maîtrise perturbe le système immunitaire et crée un terrain favorable à l’apparition de maladies graves, telles que le cancer – qui survient plus souvent chez ceux qui n’expriment jamais leurs émotions, socialement considérées comme « négatives », telles que peur, colère, tristesse.
La Gestalt : l’Art du contact – S. Ginger, 1995
Lorsque l’enfant pleure, il a besoin d’être accueilli.
“Tu es triste, tu peux pleurer, je suis là.”
Votre présence et votre écoute suffisent. Prenez le dans vos bras, rassurez le par votre amour. Ne balayez pas son émotion en évoquant un futur joyeux. En tout cas pas trop vite. Laissez lui le temps de vivre son émotion, de penser à l’objet ou la personne perdue.
Même si la cause de son chagrin vous parait futile, l’important c’est son ressenti. Ne jugez pas son émotion.
Attention aux phrases humiliantes “tu ne pleures même pas”, “ce sont des larmes de crocodiles”… Là c’est l’image qu’il a de lui même qui risque d’être abîmée.
Ne minimisez pas sa peine “Ça va, c’est pas si grave !” Pour lui si.
Peut-être que ce jouet cassé était très important pour lui, ou peut-être qu’il représente autre chose. En lui laissant exprimer pleinement son émotion, vous lui ouvrez une porte. Vous lui montrez que vous l’accueillez. Peut-être alors qu’il vous confiera que cette peluche perdue lui faisait penser à sa grand mère qui lui manque, que ce n’est pas d’avoir cassé son verre qui le met dans cet état mais son copain de classe qui ne veut plus jouer avec lui…
Ce n’est pas remuer le couteau dans la plaie que de souligner son chagrin. Il s’agit de lui montrer que l’on comprend l’intensité de son émotion.
Pour ça, il faut s’adapter à son état émotionnel.
Inutile d’en rajouter.
Vous trouvez qu’il a l’air un peu triste en rentrant de l’école. Il vous raconte sa mésaventure mais ne pleure pas. Pas la peine de lui dire “oulala c’est vraiment dur”. Écoutez le. Est-ce qu’il ne s’autorise pas à pleurer ou est-ce qu’il n’en a pas besoin ? On ne va peut-être pas le forcer non plus… “Non mais tu vas pleurer oui ! La dame a dit que ça faisait du bien alors pleure !”
Peut-être aussi que ce n’est pas le bon moment, qu’il n’est pas prêt à en parler maintenant. Alors laissez le décider de quand et avec qui il voudra en parler.
Dans certaines situations, on a du mal à accepter la tristesse parce qu’on se sent responsable.
Ça peut être difficile de se retrouver face à la tristesse, à la déception de notre enfant quand c’est notre décision, notre refus qui l’a engendré.
Finalement, on préférait ne pas le voir triste, ne pas le voir pleurer. Mais est-ce possible ? Doit on tout accepter pour lui éviter la tristesse ?
Si je dois m’absenter pour mon travail, ou que je veux juste sortir un soir avec des amis, mon enfant peut être triste de me voir partir. Je peux accueillir son émotion sans pour autant changer d’avis. Je ne l’abandonne pas seul dans son désarroi. Et surtout je n’en rajoute pas avec des justifications sans fin ni des “pas la peine de pleurer je ne changerais pas d’avis”. S’il pleure ce n’est pas pour me faire du chantage affectif et me faire changer d’avis. Je peux lui expliquer que c’est important pour moi et l’autoriser à être triste.
Parfois on a du mal à accueillir les larmes parce qu’on a du mal à gérer notre propre tristesse.
Parce que nous même, enfant, avons appris à refouler nos larmes, à garder nos chagrins. Alors laisser notre enfant pleurer nous renvoie à nos blessures. Et là ça peut être trop. Trop lourd, trop douloureux, trop interdit.
Mais ne jamais pleurer ne nous rend pas plus fort. Au contraire. Porter en nous le poids de nos peines passées non cicatrisées nous privent de notre liberté de vivre pleinement.
Les émotions justes nous rendent notre puissance.
Isabelle Filliozat, “Au cœur des émotions de l’enfant”
Toutes nos émotions nous servent, nous guident, nous renforcent.
Il est temps d’apprendre à aimer nos émotions :
Tristesse, Colère, Joie, Amour, Peur… Je vous aime !
Tu as aimé cet article ? Un like, un commentaire, un partage, c’est doux comme un bisou pour sagefamily !