De notre enfance, nous gardons des messages qui nous encouragent et d’autres qui nous limitent. De ces petites voix qui résonnent dans notre tête au gré de nos péripéties.
“Tu peux y arriver.”
“J’ai confiance en toi.”
« Je t’aimerai toujours quoiqu’il arrive. »
« Les garçons ne pleurent pas. »
« Les filles sont des chouineuses. »
« Tu es maladroit. »
« Tu es fatiguant. «
…
Ces phrases ce sont celles qui ont bercé notre enfance. Nous les avons entendus à maintes reprises jusqu’à en faire notre vérité. On parle alors de croyances limitantes, de drivers, de principes…
Je te parle ici des croyances limitantes.
Une fois adulte, il est compliqué de s’en défaire. Compliqué mais pas impossible. Pour ma part, c’est un chemin que j’ai entamé il y a maintenant 3 ans au fil de mes lectures et surtout grâce à ma formation à l’EIREM. (École des Intelligences Relationnelles et Émotionnelles.)
Il me reste néanmoins un bout de chemin à parcourir. J’ai encore de nombreuses petites voix qui me susurrent des phrases peu encourageantes. Celle qui me pose souci actuellement : “Pour qui tu te prends ?”
Cette petite phrase, je l’entend revenir dès que je me lance dans un nouveau projet un peu ambitieux. Dès que je sors un peu du rang, je ressens cette pression. Or, depuis quelques années, j’ai pas mal dévié du chemin initialement tracé pour moi… Alors je l’entend beaucoup cette phrase. Et puis, histoire de faciliter encore un peu toute cette histoire, elle se mélange à sa copine : “Ce n’est pas assez.”
Double/triple injonction
Et oui, dans notre enfance, nous n’avions pas qu’une seule voix unanime qui nous donnait des injonctions.
Dans certains cas, ces différentes versions permettent de rééquilibrer donc ce n’est pas si mal. Dans mon cas, il s’agissait plutôt de notions contraires me tirant dans des directions opposées.
En clair, pour mon père, ce n’était jamais assez bien.
“19/20, pourquoi n’as-tu pas 20 ?”
“20/20, pourquoi n’as-tu pas 21 ?”
#véridique.
Pour protéger ma mère, je m’étais moi-même imposée le fait de rester toujours la petite fille sage qui ne rendrait pas maman encore plus triste qu’elle ne l’était déjà. Je me tenais donc à carreau, pas de vague, pas d’émotion débordante…
Par contre, mes grands frères ne voyaient pas tout ceci d’un très bon œil… La petite sœur trop sage qui a de meilleures notes qu’eux… inacceptable ! Alors de leur part, le message était plutôt : “arrête de te la péter, pour qui tu te prends ?”
Mission impossible
Voilà comment on se retrouve dans une situation impossible. Quoiqu’il arrive, c’est l’échec. Impossible de répondre aux attentes de tous, de plaire à tout le monde. Et donc dans ma tête de petite fille, impossible d’être aimé par tous.
Et oui, c’est bien de se faire aimer dont il s’agit.
Dans la tête d’un enfant, répondre aux attentes de ses parents est essentiel.
Si je ne colle pas à l’étiquette que mon père et ma mère ont posée sur moi, qui suis-je ? Serais-je aimé, accepté et protégé ? Si je ne réponds pas à leurs attentes, me rejetteront-ils ?
Il peut en être de même avec sa fratrie. Moi c’était le cas. Me faire aimer de mes frères était tout aussi fondamental que de me faire aimer de mes parents.
Alors, je me suis adaptée à ces messages aussi contraignants que contradictoires.
Être sage mais sans le faire remarquer. Réussir mais pas complètement. Et surtout, surtout, ne jamais baisser sa garde. Ne jamais se sentir à la hauteur, compétente. Ne jamais être fière de soi.
Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Ok, voilà pour mon enfance. Mais maintenant c’est bien joli tout ça mais je suis une adulte. Ces mécanismes d’adaptation ont été utiles à l’époque. Ils n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.
Pour autant ils sont là : difficulté à me sentir légitime, à faire différemment des autres, à me sentir fière de moi, à croire en mes compétences.
Enfin, pour être honnête, une partie de moi sait le faire : ma partie adulte. La part de moi qui raisonne et qui analyse les faits. Seulement voilà, la voix de mon parent se manifeste régulièrement, rejouant tour à tour les rôles de mon père, ma mère et mes frères.
Oui, je sais, ça peut paraître bizarre de parler comme ça. Il s’agit d’un concept d’analyse transactionnelle : les états du moi. Les influences de tes comportements et pensées par ta partie adulte, enfant et parent. Je te promets de t’expliquer ça dans un prochain article. 😉
Tout ça pour dire que, aujourd’hui, je suis adulte et je peux me détacher de ces injonctions. Je n’ai plus peur d’être rejetée par mes parents (ok, c’est facile, ils ne sont plus là pour me rejeter…) ni par mes frères.
Petit à petit, je me détache de ces petites voix en les rendant à leurs propriétaires. Parce que ce n’est pas moi qui pense “pour qui tu te prends ?”
Aujourd’hui, je veux assumer qui je suis, avec mes forces et mes faiblesses. Je m’autorise à sortir du cadre, à faire autrement que les autres et même parfois mieux. Je me libère de l’histoire de mes parents, de leurs prédictions.
Et puis, c’est vrai quoi, qui suis-je ?
Je suis Julie.
J’ai été élevée par une mère merveilleuse et aimante mais blessée. Trop blessée pour m’aimer comme je l’aurais voulu. Trop blessée pour que je me permette de montrer mes émotions, de faire des bêtises, de me révolter.
J’ai aussi été élevée par un père aimant mais maladroit. Blessé lui aussi, incapable de montrer son amour, incapable de se laisser aller.
Elle est morte trop tôt. Lui n’a pas supporté.
J’ai été élevée avec 3 frères, aussi différents qu’attachants. Ils m’ont challengée, protégée, malmenée, énervée, ridiculisée. Nous avons grandi ensemble, traversé les douleurs et le deuil ensemble.
Aujourd’hui, j’ai grandi. Je ne suis plus la petite fille timide qui cache sa colère, sa tristesse et sa peur.
Alors, pour qui je me prends ?
Je me prends pour une maman de 3 enfants que j’accompagne en faisant de mon mieux. Je les aime d’un amour sans limite et j’essaie de leur montrer chaque jour. J’essaie de les comprendre, de comprendre ce qui se passe pour eux, entre eux et entre nous afin d’ajuster mes réponses et mes attitudes.
Je me prends pour une femme. J’ai des qualités et des défauts et je les assume, les uns comme les autres. Ce n’est pas tous les jours facile. Je travaille sur moi et pour moi.
Je me prends pour une coach parentale, un mot qui ne veut rien dire mais qui a changé ma vie. J’ai quitté une situation stable de sage-femme hospitalière pour suivre cette aventure incroyable. Sage-femme c’était chouette, stimulant et challengeant. Cette profession n’est pas assez valorisée. Les sage-femmes méritent mieux que ça. Elles font un travail merveilleux et fondamental mais n’ont pas souvent les possibilités de le faire dans de bonnes conditions.
J’ai quitté ce monde mais je ne suis pas partie bien loin, juste un peu plus loin dans le temps. Passé la grossesse et les premiers jours, qu’est-ce que c’est être parent ? Comment comprendre notre enfant et l’accompagner au mieux ? Comment se détacher de notre histoire ou plutôt l’utiliser pour améliorer la situation ? Comment diminuer notre stress et reprendre les rênes de nos réactions ?
Toutes ces questions sont au centre de mes préoccupations personnelles et professionnelles. Je me suis formée et me forme encore chaque jour à ce sujet.
Je me prends pour une conférencière, une animatrice d’ateliers, une coach parentale, une formatrice et même pour une chef d’entreprise. J’ai travaillé dur pour cela et je continue en ce sens.
Je me prends pour un être d’émotions. J’ai le droit de montrer ma colère, ma tristesse, ma peur aussi bien que ma joie et mon amour. Je sais écouter mes émotions pour qu’elles me guident.
Alors à vous : papa, maman, mes frères, je me prend pour MOI. Je ne suis pas parfaite et ne le serai jamais. Je fais des erreurs et je les assume et en tire les leçons.
Je suis à ma juste place. J’ai le droit de réussir, de ne pas suivre le chemin qu’on avait tracé pour moi et de choisir d’inventer le mien.
Et toi, pour qui tu te prends ?
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
4 Commentaires
Julie , la phrase qui tue c’était notamment » évidemment pour toi tout ce qui nouveau est beau » ! ah cà laisse de traces quand on se construit …. voyons là tu es dans ton besoin effréné de nouveau ou c’est juste que tu es tout simplement une innovante qui sent l’air du temps à venir !
Aujourd’hui , j’ai appris à ne me prendre ni pour rien ni pour une nulle ni pour une douée , mais je suis simplement un esprit incarné qui voit les expériences comme des apprentissages à se délester de ses barreaux égotiques pour accéder à son être profond , bien occulté par notre personnalité surtout avant 30 à 40 ans …voilà l’immense cadeau de la maturité !!! bon cheminement vers ton « juste » et ta singularité Julie .
Magnifique message ! Merci ! 💖
Coucou Julie! Merci!
Ca m’ a rappelé mon père qui m’a dit alors que je risquais de redoubler mon CP: » tu vas finir femme de ménage »
Et ma mère, « qu’est ce que tu es chiante, casse bonbons, maladroite »…..
Le plus difficile pour moi c’est quand je m’entends répéter certaines phrases à ma fille…. Chaque jour c’est un challenge pour ne pas mettre d’étiquette à mes enfants….
Bonjour ! C’est super de se rendre compte des phrases qu’on répète par automatisme. C’est comme ça qu’on peut réparer et ne pas coller ces étiquettes ! 💖