Quand tu élèves ton enfant avec les principes de la parentalité positive, tu lui apprends à exprimer ses émotions. Par conséquent, ton enfant est à l’écoute de ses sensations et peut se montrer assez sensible.
Dans l’éducation plus classique, en tout cas dans celle que j’ai reçue et que je vois beaucoup autour de moi, on apprend plutôt aux enfants à se déconnecter de leurs sensations et émotions. “N’aie pas peur.” “Arrête de pleurer” “C’est pas grave.” “Ca va passer”. “Tu es grand maintenant, arrête de pleurer !” “Sois fort”
Forcément, au final, les enfants ne se comportent pas de la même façon. Ils n’ont pas les mêmes réactions, les mêmes réflexes, les mêmes habitudes.
A l’écoute de ses émotions
Elever un enfant avec la parentalité positive, c’est difficile. C’est fatigant et intense. Parce qu’un enfant est émotions. Il les vit à 200% et ne sait pas encore les contrôler. Son cerveau préfrontal, celui qui sert au raisonnement, n’est pas mature. Il est encore en travaux. Il ne sera complètement mature qu’à l’âge de 25-28 ans !
Cela ne veut pas dire qu’il est incapable de gérer ses émotions et ses réactions jusqu’à cet âge. Mais il a besoin d’un accompagnement. Il a besoin qu’on lui fournisse des ressources.
Plus on l’accueille avec patience et bienveillance, plus les connexions dans son cerveau se renforcent et mieux il saura gérer ses émotions et ses réactions.
Au quotidien, un enfant connecté à ses émotions et qui a l’habitude de les exprimer, c’est bruyant ! Parfois c’est même un véritable ouragan émotionnel.
A l’inverse, lorsqu’on lui apprend à “être fort”, il apprend à se couper de ses émotions. Il en aura quand même, bien sur. Mais, petit à petit, il apprendra à les cacher, à les enfouir au plus profond de lui-même pour ne pas déranger.
Alors quand ces 2 mondes se rencontrent, la différence entre les enfants peut être assez perturbante.
Le monde impitoyable de la cour de récré
Quand mon fils est entré à l’école, j’avais peur.
Peur qu’il soit trop gentil et qu’il se fasse embêter par les autres.
Peur qu’il soit trop différent et qu’il ait des difficultés à trouver sa place.
Peur qu’on se moque de lui.
Peur qu’il soit rejeté.
Ces peurs, ce sont les miennes. Elles parlent de moi et de mon enfance. Elles parlent de la peur que j’ai de ne pas être aimée ou acceptée.
Mais mon fils n’est pas comme moi.
Ces années de maternelle se sont très bien passées et je me suis rendue compte qu’il se sentait bien dans sa peau. Il a beaucoup plus confiance en lui que je n’ai confiance en moi !
Pour autant, l’école primaire est un autre monde. Les enfants qu’ils côtoient sont souvent plus agressifs, plus moqueurs, plus durs.
Violence ordinaire
Le soir après l’école, souvent, mon fils se montre assez énervé, agressif voire violent. J’essaie de l’aider au mieux à trouver d’autres moyens de décharger son stress. Ce n’est pas simple. Il est encore petit et a parfois du mal à canaliser son énergie.
Quand il a retrouvé son calme, je vois avec lui ce qu’il s’est passé dans la journée, ce qui le met dans cet état. Parce que son comportement est un message, un appel.
Et, à chaque fois, il me répond “mais maman tu sais, les copains ils sont violents à l’école.”
Alors évidemment, mon fils n’a pas la même définition de la violence que les autres. Pour lui le rejet, les cris, les moqueries, ce sont des actes de violence. Il a raison. Il s’agit de violence, de cette violence ordinaire qui ne choque même plus certains adultes.
Un enfant (pas) comme les autres
Mon fils a 7 ans. Quand il est triste, il pleure. Quand il trouve que quelque chose est injuste, il le dit et parfois pleure ou crie. Devant certains films, même et surtout ces magnifiques Disney, il a peur.
Bien sûr, parfois, il a des réactions excessives. Parfois, il a des exigences qui s’apparentent à des caprices. Parfois il a des comportements intolérables.
Bien sûr, il n’est pas parfait et ces attitudes ne sont pas toutes acceptables.
Pourtant ce n’est qu’un enfant. Un enfant dont le cerveau se construit, petit à petit.
Un enfant qui a besoin du soutien et de l’accompagnement des adultes, avec patience et bienveillance, pour apprendre à exprimer ses émotions correctement et pour gérer son stress.
Est-il trop sensible ? Je ne sais pas dans quelle mesure la sensibilité peut-être en excès. Cette sensibilité lui permet de mieux se comprendre, de mieux comprendre les autres et le monde. Cette sensibilité le rend empathique.
Nos enfants sont tous différents. Ils ne vivent pas les événements de la même façon. Ils n’ont pas tous la même interprétation du monde qui les entoure. Ils ont chacun leur propre sensibilité. Est-ce un problème en soi ?
Ce qui pose problème n’est pas tant la sensibilité d’un enfant ou la dureté d’un autre. L’important c’est la relation, la cohabitation entre tous. Malheureusement, dans la cour de récré, celle-ci est assez compliquée…
Mais qu’est-ce qui amène les enfants à se juger les uns les autres et à se moquer ?
Tous, petits et grands, nous évaluons les événements et les réactions des autres en fonction de ce que l’on a appris, de ce que l’on vit, de notre carte du monde.
Quand quelqu’un fait différemment de nous, nous sommes déconcertés. S’il fait quelque chose que nous n’avons pas le droit de faire, nous sommes en colère. C’est injuste, intolérable. Alors nous le jugeons.
Lorsque nous encourageons notre enfant à être fort, à ne pas pleurer “pour un rien”, à ne pas crier sa colère, à ne pas exulter trop sa joie, à ne pas avoir peur, nous le déconnectons de ses émotions. Nous lui apprenons qu’il a tort de ressentir ça, qu’il ne doit pas écouter son corps et ses sensations.
Alors si celui-ci rencontre un autre enfant qui, lui, exprime ses émotions, il ne pourra pas le comprendre. Il aura des difficultés à se mettre à la place de l’autre et donc à faire preuve d’empathie.
Il est certain que les enfants élevés avec la parentalité positive ne sont pas “dans le moule”. Ils ont appris que les émotions sont naturelles et doivent s’exprimer. Ils ont l’habitude d’être écoutés et accueillis dans leurs besoins. Ils n’ont pas l’habitude des punitions et autres sanctions à visée soi-disant pédagogiques.
Est-ce que ces enfants sont trop sensibles ? Trop sages ? Trop protégés ?
Ou est-ce un problème de compréhension ? De peur de ce qui est différent ? Cette peur qui n’est pas naturellement présente chez les enfants mais enseignée inconsciemment par les adultes.
Mais alors comment faire avec nos petits loulous “hors du moule”?
Faut-il endurcir nos petits pour les préparer à la société actuelle ?
Il est certain que la vie n’est pas rose tous les jours et ils seront confrontés à des difficultés, à des moqueries, à des blessures. Pour autant, je pense qu’il est possible de changer le climat dans lequel évolue nos enfants, quelque soit leur âge.
Comment ? En développant l’empathie et la grammaire des émotions.
Développer l’apprentissage des émotions et des modes d’expressions de celles-ci aiderait les élèves à mieux se comprendre eux-mêmes et à mieux comprendre les autres.
Par des jeux de rôles, des mises en situations, nous pouvons éveiller l’empathie de tous.
En quoi ça consiste ? Rien de très compliqué.
On met en scène une situation de la vie scolaire : moquerie ou harcèlement. Et les élèves jouent les rôles de victime, agresseur ou observateur. Puis, chacun exprime ce qu’il a ressenti et on débriefe ensemble. Cela permet à chacun de prendre conscience de ce qui se passe pour l’autre.
En faisant ainsi, les moqueries, les violences physiques et verbales, diminuent.
Malheureusement, la plupart des établissements scolaires n’utilisent pas ces méthodes.
Mais alors, là, maintenant, aujourd’hui, comment on fait avec nos enfants ?
En fait, ils ne sont pas “trop sensibles”, ils sont justes conscients de ce qui se passe en eux. Et ce n’est pas une faiblesse mais une force. Parce que nos émotions sont à notre service. Elles nous guident et nous protègent.
Par ailleurs, les concepts de la parentalité positive aident l’enfant à développer son autonomie et sa confiance en lui.
Par nos encouragements, notre regard bienveillant, notre écoute, notre amour inconditionnel, nous tissons chaque jour un lien d’attachement solide. Grâce à cette base de sécurité forte, notre enfant, aussi sensible soit-il, saura qu’il peut toujours venir se recharger auprès de nous.
Mais ce n’est pas tout.
Enseigner des ressources
Que ce soit pour gérer son stress, ses émotions ou les moqueries de ces camarades, notre enfant a besoin de ressources.
Parce que la parentalité positive, ce n’est pas juste accueillir les émotions et montrer un soutien sans faille à notre petit ou notre grand. Le but est aussi de valoriser l’autonomie et de lui donner les outils nécessaires pour qu’il puisse se débrouiller sans nous.
Les émotions ont besoin d’être exprimées, tout comme le stress. Il est important de montrer à notre enfant comment faire.
Si nous faisons preuve d’empathie envers lui, il sera lui-même capable d’en faire autant avec ses camarades. C’est ce que fait mon fils. Quand il voit que ses copains sont parfois violents ou agressifs, il est capable de me dire “ils n’ont pas appris à faire autrement.”
C’est important de ne pas trop prendre pour soi les réactions et les jugements des autres.
Savoir que chacun a sa propre vision, son propre vécu, sa propre vérité.
Et lui aussi, parfois, il n’arrive pas à gérer son stress ou ses émotions et se met dans des états pas possibles. C’est naturel, il apprend.
On peut aussi lui apprendre à se défendre, sans violence. Il est possible de répondre aux moqueries sans entrer dans la spirale de la violence. On peut même s’entraîner à la maison ! En jouant la scène avec des peluches ou entre nous, en trouvant de bonnes répliques et en s’entraînant à les dire avec aplomb.
Un enfant qui a confiance en lui, qui sait qu’il n’a pas à avoir honte de ses émotions et de ses réactions, aura plus de facilités à se protéger des moqueries.
La parentalité positive, un choix pour l’avenir
Choisir d’élever nos enfants avec la parentalité positive, c’est difficile. Les émotions sont parfois bruyantes. On peut se sentir démuni, à bout de forces. C’est pour ça qu’il est fondamental de prendre soin de soi. (Voir l’ebook en téléchargement gratuit “les 5 piliers du parent bienveillant”)
Parfois on peut s’inquiéter de voir évoluer notre enfant dans un monde assez hostile. Pourtant, développer son intelligence émotionnelle et renforcer sa confiance en lui donne à notre enfant toutes les clés pour s’en sortir au mieux et utiliser son plein potentiel.
Est-ce que toi aussi tu as déjà eu des remarques sur la sensibilité de ton enfant ? Dis-moi en commentaire comment ça se passe pour toi.