Je lis de plus en plus d’articles associant burn-out parental et parentalité positive. Celle-ci étant exigeante et fatigante, elle nous épuiserait plus que l’éducation traditionnelle et nous ferait foncer droit dans le mur.
Il est vrai que la parentalité positive est une voie impliquant une remise en question des schémas appris. Elle nous pousse à travailler sur nous. Elle nous fait remettre en question ce qu’on a vécu, l’éducation reçue.
Pour autant est-ce bien cela qui conduit au burn-out parental ?
Est-ce plus facile de rester dans un mode éducatif traditionnel ?
Être parent…
Quelque soit le mode d’éducation que l’on choisit, avoir des enfants remet en cause tout notre quotidien. C’est à la fois une source d’amour et de joie incomparable et la cause de bon nombre de questionnement, stress, peurs, incertitudes…
Être parent est un job à temps plus que complet. Même quand nos enfants ne sont pas avec nous, nous pensons à eux, nous organisons leur emploi du temps, organisons leurs rendez-vous médicaux, leurs activités extra-scolaires. Nous nous inquiétons pour leur présent et pour leur avenir, pour les émotions qu’ils traversent, le stress qu’ils subissent, la confiance en soi qu’on voudrait qu’ils aient…
Nous avons milles préoccupations à leur sujet et très peu de ressources pour y faire face. Il n’y a pas d’école des parents, pas de mode d’emploi, ni de guide de référence.
Alors nous nous basons sur ce que nous avons reçu. Parfois on choisit de faire la même chose que nos parents, parfois on préfère faire tout le contraire. Mais nous sommes imprégnés de notre enfance.
De nouvelles informations
Aujourd’hui nous avons des milliers d’informations, de livres, de blogs, de formations, d’ateliers. Les neurosciences nous éclairent sur le fonctionnement du cerveau de l’enfant et sur son développement. Nous connaissons l’impact du stress, de la punition, de la violence. Nous avons de plus en plus de données sur l’importance de l’expression de nos émotions, sur les effets positifs de la méditation, sur l’impact de notre alimentation sur notre humeur…
Tout ceci est nouveau et remet en question beaucoup de nos méthodes éducatives. Tout ceci crée un sacré bouleversement, un grand remue-ménage.
Nos parents et grands-parents n’avaient pas les informations que nous avons aujourd’hui. Ils ne savaient pas les effets du stress, le développement du cerveau, l’importance des émotions.
La prise de conscience, un point de non-retour
Dès lors que tu prends conscience du fonctionnement du cerveau de l’enfant et de l’adulte et de ce qui favorise un bon développement, il n’est plus question de retour en arrière.
Bien sûr que c’est fatigant. Ça l’est d’autant plus que ce n’est pas ce qu’on a appris et reçu. Cela remet en question nos croyances, nos à-priori. Cela nous fait bouger. C’est parfois douloureux mais est-ce un mal pour autant ? Parce que, avant tout, cela nous fait grandir et développe notre propre intelligence émotionnelle et nos propres compétences sociales et relationnelles.
Une fois que tu sais, tu ne peux plus faire “comme avant”.
La prise de conscience est un point de non-retour. C’est à partir de là que tout commence vraiment. Tu as besoin de reconstruire, d’apprendre une nouvelle façon de faire.
Ce qui fait que l’on peut, à ce stade, craquer, désespérer ou tomber en burn-out parental, c’est la solitude, les critiques, la pression et le manque de reconnaissance.
Faire face aux critiques
Dès lors que tu projette de devenir parent, tout ton entourage se met à te donner des conseils. De où à accoucher au choix du collège en passant par le portage, l’accompagnement au sommeil, l’alimentation, l’éducation… Tout le monde a son mot à dire.
Tu devrais faire ci !
Pourquoi tu fais comme ça ?
Tu ne sais donc pas que … ?
Et chaque réflexion te pousse à te poser des questions, à douter, à devoir te justifier.
Lorsque tu « choisis » d’accompagner ton enfant selon les principes de l’éducation positive, tu fais face à de nombreuses critiques. Que ce soit de la part de ton entourage, conjoint, famille, belle-famille, amis et même des professionnels de la petite enfance, maîtres et maîtresses, pédiatres…
Avoir à justifier de tes actions et de tes choix est réellement épuisant.
Ce qui m’étonne le plus est que, bizarrement, on questionne nettement moins les parents qui punissent, critiquent, rabaissent leurs enfants. Peut-être que l’enfant en nous est naturellement sur ses gardes face à ces parents là et se soumet.
Choisir son entourage
De mon côté, j’ai arrêté de me justifier, de me défendre. Je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit de la validité de ma démarche. Je donne des informations à ceux qui le souhaitent mais je ne cherche pas l’approbation des autres. Je sais que pour certains il est difficile d’accueillir cette façon de voir la vie de famille. Je sais qu’en fonction de l’éducation reçue, certains peuvent se sentir perdu, blessé, attaqué par cette remise en question de ce qu’ils ont vécu. (Lire à ce sujet cet article sur la dissonance cognitive.)
Chacun son rythme. J’accepte que les autres ne me comprennent pas. J’accepte qu’ils fassent autrement.
De par ma formation à l’EIREM (Ecole des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle fondée par Isabelle Filliozat), j’ai la chance d’être entourée de personnes ressources qui partagent mes valeurs et me soutiennent. Cela me permet d’échanger sur mes formations, mes questionnements mais aussi sur mes péripéties de maman.
Comme je sais que tout le monde n’a pas la chance d’être si bien entourée, je te propose de rejoindre mon groupe facebook pour échanger et se soutenir.
La solitude
Encore trop peu de parents partagent leurs difficultés du quotidien. On veut tous passer pour des supers héros, des supers parents qui maîtrisent. On ne dit pas qu’on galère, qu’on ne comprend pas notre enfant, qu’on se sent impuissant.
Au lieu de ça, on se fait tout beau pour sortir de chez soi et on affiche notre plus beau sourire de façade.
Pourtant, ce n’est facile pour personne d’être parent. Je te partageais dernièrement mon propre quotidien dans cet article.
Parce que même en étant spécialiste en éducation positive, la vie de tous les jours est pleine de rebondissements. Mon quotidien est rempli de montagnes russes émotionnelles !
Mais comme peu de personnes parlent de ces difficultés, quand ça nous arrive, on se sent seul et nul.
Comment cela se fait-il que je galère avec un seul enfant alors que ma voisine s’en sort très bien avec ses 4 enfants ?
Pourquoi mon enfant fait des crises à se rouler par terre alors que les autres se tiennent bien ?
Partager ses difficultés avec d’autres parents nous aident à nous sentir “comme les autres”. Nous appartenons au même groupe, nous partageons les mêmes problèmes et nous pouvons nous entraider.
Parce que la solitude se joue à deux niveaux : la solitude de ne pas pouvoir montrer nos faiblesses et la solitude d’assumer tout, tout seul.
Seul au jour le jour
De nos jours, les parents assument à deux voire seul l’éducation de leurs enfants, l’entretien du foyer, les responsabilités financières… Pourtant nous ne sommes pas fait pour !
D’un point de vue purement anthropologique, l’homme est un animal social. Nous sommes fait pour vivre en communauté. Nous ne sommes pas fait pour élever nos enfants seuls mais ensemble, en villages. Nous sommes faits pour nous entraider au quotidien.
Nous sommes faits pour nous soutenir et partager nos compétences.
Gérer le travail, la maison, les finances, la santé, l’éducation des enfants… représentent une quantité de travail colossale ! Nous avons besoin de ressources, d’aide que ce soit dans le couple, dans la famille, dans les amis ou par la société.
Malheureusement, aujourd’hui, la société ne joue pas toujours avec nous…
Trop de pression
Un autre élément important qui joue de façon importante sur notre moral est la pression que l’on se met et que la société renforce.
Aujourd’hui, tu es parent mais tu dois aussi te réaliser en tant qu’individu, avoir une vie de couple épanouie, entretenir tes relations amicales, développer ta carrière sans en devenir esclave…
Tu dois faire du sport.
Tu dois faire de la méditation.
Tu dois manger bio et local.
Tu dois réduire tes déchets.
Tu ne dois pas crier sur tes enfants.
Tu dois te sentir bien dans ta peau.
Tu dois avoir de la gratitude pour ce que tu vis.
Tu dois accueillir les émotions de tes enfants, de ton conjoint, de ton chat…
Tu dois prendre soin de toi…
Bref, je vais m’arrêter là, tu as compris je pense.
Bien sûr que toutes ces choses sont importantes. Personnellement, j’essaie d’appliquer ces préceptes au quotidien. MAIS le changement ne se fait pas en 1 jour !
Personne n’est parfait. Nous pouvons mettre en place ces changements, avoir une vie plus saine. Pour autant, ce n’est pas une obligation mais un choix, une volonté. Et même quand c’est un choix, tout le monde a le droit à l’erreur !
Un désir de perfection épuisant
Cette pression va de pair avec la solitude évoquée plus haut. Elle est liée à cette belle image véhiculée par les réseaux sociaux de parents parfaits avec des enfants souriants et respirant la joie de vivre.
Alors oui, si ton but est de ressembler à cela 24h/24 et 7 jours/7, tu vas t’épuiser !
La vraie vie ce n’est pas ça. La parentalité positive, ce n’est pas ça !
Parce que les enfants sont des enfants. Ils crient, pleurent, rient, sautent partout, éprouvent de la colère, de la joie, de la tristesse, de la peur. Ils se disputent, se chamaillent.
Oui, même et surtout les enfants élevés avec une éducation positive expriment leurs émotions et font des bêtises. Et heureusement !
Oui, même les parents positifs craquent, vivent du stress, ont des périodes de ras-le-bol et ont besoin de sas de décompression !
Parentalité positive et Burn-out parental
Alors, non, ce n’est pas la parentalité positive qui conduit au burn-out parental.
Le burn-out parental provient d’un déséquilibre entre tes facteurs de stress et tes ressources. Il résulte d’un ensemble d’éléments qui d’une part t’épuisent et d’autre part ne te permettent pas de récupérer.
Ce n’est pas directement l’accumulation de tâches à effectuer, de soucis à gérer, de surcharge de travail domestique qui est en cause mais le fait qu’elle soit associée à un manque de soutien physique ou moral.
Tu peux avoir un enfant en bonne santé et faire un burn-out parental quand une autre s’occupera de ses 5 enfants sans en faire un. Cela dépendra des ressources de chacun, de son vécu, de son entourage, des possibilités d’être soutenu, reconnu, encouragé… En aucun cas, cela remet en cause la valeur, la qualité ou les compétences du parent.
Si tu te sens épuisé par ton rôle de parent. Si le quotidien familial te pèse. Ne reste pas seul. Tu peux te faire accompagner pour améliorer cela.
Oui, la parentalité positive requiert de l’énergie et de l’investissement personnel. Elle remet en question nos schémas appris. Elle bouleverse parfois.
Changer de regard
Et en même temps, quand tu comprends ce qui se passe pour ton enfant, tout change.
Quand tu comprends ce qui se passe pour toi, tout change.
Quand tu changes ta façon de voir les événements, tout change.
Et là, ça va déjà mieux !
Tu prends du recul, tu te sens moins impactée par la situation, tu baisses ton niveau de stress et tu peux trouver une solution par toi-même.
La parentalité positive, comme moi je la vie, est une autre façon d’aborder les situations familiales et la vie en générale. Elle permet de s’écouter, de se comprendre, de se faire confiance et d’être pleinement présent.
Je considère qu’il s’agit plus d’un chemin que d’un but en soi. Ce qui a véritablement changé ma parentalité, c’est de prendre du recul sur la situation et de voir les choses sous un angle nouveau. Mais cela m’a pris plusieurs années, des centaines de lectures et d’heures de formation.
Ce changement m’a pris du temps et de l’énergie. C’est pour cela que j’ai à cœur de faciliter cette transition pour les autres.
Je suis coach parentale et je t’accompagnerai sur ce chemin si tu le souhaites.