Quand on parle de parentalité positive, beaucoup ont cette image de la maman toujours zen, bien coiffée, bien maquillée, qui fait des gâteaux maisons bio et sans gluten, sans œufs, sans sucre, sans lactose et zéro déchet. Cette maman toujours à l’écoute de ses enfants, qui leur fait faire des activités créatives de dingues.
Son mari, tout aussi parfait, rentre tôt du travail pour passer du temps en famille. Ils jouent aux jeux de société en sirotant une petite tisane bio. Ils sont beaux, sveltes.
Leurs enfants sont adorables, toujours propres. Ils se tiennent bien dans la rue, ne crient pas, ne tapent pas. Bref, la famille modèle.
Et bien j’ai une révélation : cela n’existe pas !!!
La famille « parentalité positive » elle galère comme tout le monde ! Les enfants courent partout et crient, parce que ce sont des enfants. Les parents sont des êtres humains et donc ils font des erreurs et parfois se fâchent, crient. Et même parfois, ils sont à bout et se mettent à menacer.
Et même cette maman que tu vois arriver tous les matins en avance au portail de l’école avec ses enfants tout propre et bien coiffés, elle aussi elle galère. Elle s’est peut-être levée aux aurores pour en arriver à ce résultat. Elle a peut-être crié 20 fois pour que les enfants se préparent.
Ou alors peut-être que sa routine du matin est super bien rodée mais qu’elle a mis 3 ans à trouver la bonne formule.
Toujours plus facile pour les autres
Souvent, on a l’impression que les autres s’en sortent mieux que nous. On se sent nul. Comme si on était les seuls à ne pas s’en sortir.
Pourtant ça ne doit pas être si difficile que ça d’élever des enfants. Nos parents l’ont fait, nos grands-parents aussi. Et souvent dans des conditions de vie bien plus compliquées que nous. Mais alors quoi ? Pourquoi on galère autant ?
Pourquoi les enfants des autres font leur nuit à 3 mois et les nôtres se réveillent encore à 5 ans ?
Pourquoi c’est toujours notre fille qui fait un cirque pas possible pour partir de chez nos amis alors que les autres ne disent rien ?
Pourquoi notre fils se met à taper et nous insulter alors que les autres sont si gentils ?
Qu’est-ce qu’on a raté ?
La réponse : rien. En fait c’est juste qu’on ne voit pas ce qui se passe chez les autres et que, la plupart du temps, on ne se vante pas de nos difficultés familiales.
Le pire c’est quand on fait nous-mêmes des erreurs. Autant tu peux dire que tes enfants sont pénibles, ça peut provoquer la sympathie des autres. Autant avouer qu’il t’arrives d’être complètement largué et de faire n’importe quoi… c’est plus compliqué à assumer.
La vraie vie
Un soir tu es crevé, stressé et tes enfants sautent dans tous les sens en criant. Toi tu as besoin de calme. Mais c’est bien connu, plus tu es fatigué, plus ils sont fatigants. (Le pourquoi du comment est à lire ici.) Alors tu craques, tu t’énerves , tu cries, tu menaces et peut-être même que tu tapes.
Tu voudrais bien en parler à d’autres parents, à des amis. Mais tu as honte. Que penseraient-ils de toi ? Alors tu restes avec cette blessure. Tu culpabilises. Tu fais bonne figure face aux autres. Tu dis que tout va bien.
Le souci c’est que la plupart des parents font ça. On raconte les “bêtises” de nos enfants, les nuits difficiles. Mais combien osent dire qu’ils aimeraient faire autrement mais qu’ils ont des difficultés ? Encore plus si tu prônes la parentalité positive, comment assumer que tu craques de temps en temps et qu’il t’arrive de faire ce que tu dénonces ?
Et c’est comme ça que tu te sens de plus en plus seul. C’est comme ça que ta culpabilité prend de plus en plus de place. Que tu te sens de plus en plus nul. Et tu ne vois même plus ce que tu fais de bien.
Je connais ça aussi.
Moi aussi
Ce week-end, ma belle mère était à la maison. Elle revient d’un voyage chez mon beau frère et me raconte comme tout est chouette chez eux, comme les enfants sont merveilleux et comment la maman fait plein d’activités avec ses enfants.
Moi je suis coach parentale, animatrice d’ateliers en parentalité positive, spécialiste de la relation adulte-enfant. Et pourtant chez moi ce week-end c’était le bazar intégral. Alors forcément je me sens jugée, pas à la hauteur. Et ce syndrome de l’imposteur qui se fait sentir…. Qui suis-je pour accompagner des parents dans la parentalité positive alors que je galère au quotidien ?
Parce que chez nous ce n’est pas rose tous les jours. J’ai 3 enfants, je lance une nouvelle activité. Je suis fatiguée, stressée et juste humaine.
Alors dans la vraie vie, on crie, on se fâche et on regrette.
Dans la vraie vie, c’est la course le matin pour se préparer et l’épuisement le soir pour tout gérer.
On pourrait penser qu’être en parentalité positive c’est être au top tout le temps. C’est une famille sereine, heureuse, joyeuse. C’est une vie de rêves et de jeux, de bons moments partagés. Ce n’est qu’écoute et accueil. Une maman qui a toujours le sourire, la patience.
Et bien chez moi ce n’est pas ça.
Je ne suis pas cette maman là. J’aimerais bien mais non.
Une maman imparfaite
Je suis une maman imparfaite. Je fais des erreurs. Il m’est même arrivé d’avoir des gestes violents que je regrette chaque jour.
Je travaille sur moi, encore et toujours. J’apprends à mieux gérer mes émotions, à les accepter. Et ce n’est pas facile parce que je n’ai pas appris à faire comme ça étant petite.
Dans mon enfance, la colère n’avait pas sa place. Pourtant, j’en ai eu des raisons d’être en colère. Contre mon père pour qui ce n’était jamais assez bien. Contre ma mère qui n’avait pas fait le deuil de son premier enfant et qui n’était pas pleinement présente. Contre mes frères qui me faisaient tourner en bourrique, chacun à leur manière. Contre la vie qui m’a arraché ma mère beaucoup trop tôt. Contre mon père qui n’a pas su s’en remettre… J’avais de quoi être en colère. et pourtant ce n’était pas acceptable pour moi. Alors j’ai tout enfoui. Je me suis adaptée.
Et aujourd’hui, cette colère ressort au mauvais moment, contre les mauvaises personnes.
Le vrai parent bienveillant
Alors, être un parent bienveillant, ce n’est pas facile tous les jours. Et ce n’est pas rose tous les jours. Parce qu’on a un passé à soigner, des habitudes à modifier, des nœuds dans le cœur à détricoter. Et tout ceci ça prend du temps. Pour autant, je pense sincèrement que c’est la base. (Pour preuve mon e-book à ce sujet)
Parce que tu auras beau connaître parfaitement tous les outils de la parentalité positive, si tu n’as pas soigné tes blessures, ça ne marchera pas.
Parce que tu peux dire les bonnes phrases, utiliser les bons mots, si tu n’es pas en lien, l’énergie ne sera pas la bonne.
Parce que si tu ne sais pas reconnaître et exprimer tes propres émotions, tu auras du mal à comprendre et accueillir celles de ton enfant.
Je suis une maman imparfaite, je fais des erreurs. Mais mes enfants savent que je fais de mon mieux. Je suis capable d’aller m’excuser et de leur dire que ce n’est pas de leur faute quand je craque. Cela m’appartient et c’est à moi de travailler dessus. Je ne veux pas qu’ils se sentent nuls, méchants. Je ne veux pas qu’ils pensent que c’est bien fait pour eux.
Le grand huit du quotidien
Ma vie de famille est faite de hauts et de bas, en mode montagnes russes.
Il y a des cris et des crises mais aussi de super moments partagés. Des câlins à volonté, des mots d’encouragement et de reconnaissance. A chaque mot que je regrette, je m’excuse et essaie de réparer. J’apprends et je m’améliore.
Quand le matin, on part en retard, en stress et sous tension, je fais attention à recharger le réservoir affectif de chacun sur le chemin de l’école. Un mot, un geste, une attention. Pour qu’ils commencent la journée remplis d’amour.
Quand ils sont en colère contre moi, j’essaie d’accueillir au mieux. Même quand ma première réaction est de m’énerver aussi. Je prends un temps pour me calmer et retourner les voir avec un regard nouveau.
Quand ma fille met du temps à se coucher alors que je voudrais passer une soirée avec mon amoureux, j’accueille et je patiente.
Quand mon fils se met à crier et sauter dans tous les sens, quand il rit face à ma colère, ça me rend dingue. Et pourtant je prends toujours le temps d’aller le voir et de lui dire que je sais qu’il ne le fait pas exprès, qu’il est sous stress.
Quand je sens que je vais exploser, que la situation m’échappe, je précise que c’est trop pour moi, que je les aime fort et que j’ai besoin de prendre soin de mon stress pour pouvoir m’occuper d’eux, que je reste en lien et disponible quoiqu’il arrive.
Un parent imparfait mais vrai
La parentalité positive ne consiste pas à être un parent parfait, toujours calme et à l’écoute. Nous avons nos limites, nous vivons du stress. Montrer notre vulnérabilité à nos enfants ne nous affaiblit pas. Au contraire, c’est une force. On peut s’en servir pour leur montrer comment faire, comment gérer nos émotions. Et même quand on n’y arrive pas, leur dire que nous apprenons, que l’erreur est humaine et qu’on peut toujours progresser. Nous avons nos propres besoins. Nous vivons nos propres émotions et celles-ci nous sont utiles. Nous avons aussi le droit d’être fatigués, stressés, de ne pas supporter certaines choses. Nous avons le droit de ne pas être parfaits.
Cette imperfection leur donne aussi le droit d’être eux-mêmes imparfaits, de se tromper. Parce qu’ils feront des erreurs dans leur vie. Et alors ils pourront se souvenir que ce n’est qu’un autre chemin qui s’ouvre à eux, une opportunité pour apprendre.
Finalement, ce qui compte ce n’est pas d’être parfait tous les jours, de ne jamais perdre patience, ce qui compte c’est le regard porté sur l’enfant. Ce qui fait la différence c’est la prise de conscience de ce qui se passe pour chacun. Ce qui m’importe c’est que mes enfants sachent que je les aime, que je suis là pour eux et surtout que leur vie est précieuse, qu’ils ont le droit d’avoir leurs propres opinions et qu’ils sont capables de grandes choses.
Pour moi, le plus important, c’est qu’ils aient confiance en eux, qu’ils se sentent bien dans leur corps et dans leur tête.
Et toi alors quel parent imparfait es-tu ?
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ? Prends rdv avec moi ici !
2 Commentaires
Super article Julie. Merci 🙏
Ah, j’aime ton article! 🙂
Oui, nous sommes imparfaits. Et ne pas nous viser la perfection… nous protège du burn-out parental!
Je trouve cela vraiment important qu’en tant que professionnel, en tant que coach, tu ne te mettes pas sur un pied d’estale .Tu parles également de la réparation. Et ça me semble aussi un élément fondamental! Quel bien cela nous ferait, nous aurait fait si nos parents venaient près de nous, nous écoutaient dans nos blessures d’enfant et nous disait: « Je n’avais pas mesuré / je m’excuse /… » Aaaaaaaah