Je parle souvent du stress et de ses impacts négatifs pour l’enfant mais aussi pour l’adulte. Pourtant certains se vantent de mieux travailler sous stress, d’être plus performants sous pression.
Mais alors, le stress est-il un bon stimulant ou au contraire une barrière qui nous coupe de notre raisonnement ?
Premièrement qu’est-ce qu’on appelle stress ?
Il y a la réaction de stress, les facteurs de stress, les déclencheurs de stress…
Le stress est la réaction biologique non spécifique du corps face à toute stimulation ou sollicitation.
C’est une réponse qui nous permet de nous adapter à tout changement.
Elle ne dépend pas du stimulus contrairement aux émotions. Dans le cas des émotions on parle de réaction spécifique car à chaque type de déclencheur correspond une émotion différente. Par exemple la tristesse est l’émotion qui répond à la perte. Dans le cas du stress, plusieurs déclencheurs différents engendrent le même type de réaction.
Le stress est un mécanisme biologique qui sert à assurer notre survie.
Imagine l’homme préhistorique en train de se promener tranquillement. Et là surgit de nulle part un tigre à dents de sabre ! L’amygdale de notre homme préhistorique, petit organe de la taille d’une amande logé au sein de notre cerveau, s’active. Signal d’alarme, réaction directe du corps : attaque, fuite ou figement.
C’est un circuit court, sans passer par la case raisonnement. De la même manière que si tu touches une surface brûlante, tu auras le réflexe d’enlever ta main avant même d’avoir compris ce qui se passait.
La bonne nouvelle c’est que si tu croises un ours, ça peut te sauver la vie. La mauvaise c’est que ce sont les mêmes réactions dans ton quotidien, donc avec ton patron, ta moitié, tes enfants, tes voisins… Et c’est là que ça se peut se gâter.
Quand on parle de stress, on utilise le même mot pour parler des déclencheurs, de la réaction de stress, des facteurs favorisants, des conséquences… Forcément, on s’y perd un peu ! Faisons un petit tour d’horizon…
Les réactions de stress:
Il y a 3 réactions possibles : attaque, fuite ou figement.
Face à un événement, l’amygdale s’active. En clair, quand il se passe quelque chose, le cerveau lance une réaction instinctive avant même d’avoir identifier la situation. Encore une fois, c’est un mécanisme de survie. Une fois que le cerveau a trouvé dans la mémoire une réponse appropriée, ou au moins connue, l’amygdale peut se calmer. Pour les enfants, l’intervention d’un adulte est souvent nécessaire pour calmer le stress.
Quand l’amygdale est activée, le corps commence à se préparer à réagir et sécrète du cortisol et de l’adrénaline. Il y a alors 3 grands types de réactions :
L’attaque :
Dans le cas de l’homme préhistorique face à son tigre, il s’agirait de se lancer dans la bataille. Si notre ami est armé, pourquoi pas.
Dans notre vie actuelle, l’attaque est assez présente comme réaction : crier, taper, jeter des objets… C’est aussi la réponse la plus saine pour notre organisme car elle permet d’extérioriser et de se décharger des hormones de stress.
Et oui, quand ton enfant crie, tape, se roule par terre parce qu’il est stressé, c’est une bonne chose pour lui ! Certe, ce n’est pas super pour les autres… La bonne nouvelle, c’est que tu peux lui apprendre à libérer ses tensions autrement, en le faisant bouger, sauter. L’important est qu’il décharge physiquement.
Certaines réactions sont moins impressionnantes mais font aussi partie des mécanismes d’attaque : se moquer, juger les autres, insulter, se faire mal soi-même, claquer des portes…
La fuite
Tu l’auras deviné, la réaction de fuite c’est partir en courant. Oui, pour l’homme préhistorique c’est bien ça. Et c’est sûrement une option qui lui sauvera la vie. Dans son cas, il aura bien le temps de décharger ses hormones de stress grâce à sa course effrénée jusqu’à un abri.
Malheureusement pour nous, dans notre vie quotidienne, la fuite se manifeste de diverses façons moins physiques : s’isoler, bouder, se cacher, procrastiner, ruminer… Mais aussi tout un tas de comportements qui nous permettent de nous couper de nos sensations et de dévier notre attention sur autre chose : boire de l’alcool, fumer, se ronger les ongles, se focaliser sur notre smartphone… Ces réactions ne nous permettent pas de décharger complètement les hormones de stress.
Et j’insisterais particulièrement sur une réaction qui est source de beaucoup de malentendus : Sourire et rire peuvent aussi être des réponses du type fuite.
Quand tu cries sur ton fils et qu’il te regarde avec un sourire ou même qu’il se met à rire bêtement, c’est du stress ! C’est important de bien le comprendre parce que, comme je l’ai dit plus haut, c’est un réflexe ! Il ne le fait pas pour se moquer de toi. Ce n’est pas de l’insolence. Il est sous stress, il ne contrôle pas sa réaction. Donc plus tu cries, plus il est sous stress, plus sa réaction s’accentue… La seule solution efficace est donc de calmer tout ce petit monde, en commençant par toi ! Respirer, boire un verre d’eau, prendre un peu d’air…
Le figement
Quand tu as peur et que, par dessus ça, tu te sens impuissant, tu te figes. C’est la 3eme réaction de stress. C’est la plus dangereuse pour l’organisme car le cortisol et l’adrénaline ne sont pas du tout éliminés et s’accumulent. L’amygdale est en souffrance et devient de plus en plus sensible.
Comment se manifeste ce figement ? Tu vois la souris qui se fait surprendre par un chat ? Tout d’un coup, elle s’arrête et se fait toute molle. C’est la thanatose, elle fait la morte.
Si on reprend notre homme des cavernes, son stress est tel que ses muscles se relâchent, ses fonctions métaboliques ralentissent. Le corps est figé, incapable de bouger. Il ne bouge plus dans l’espoir que le prédateur ne le remarque pas ou le considère comme inintéressant.
C’est un peu la technique de la dernière chance. Je ne peux rien faire donc je me coupe de tout.
Dans notre vie civilisée ça donne quoi ? Le corps devient tout mou, les muscles se relâchent complètement, on perd tous nos moyens. C’est le trou noir devant la copie d’examen. Notre cerveau ne répond plus. C’est quand on se retrouve face à une assemblée pour faire un discours et que plus aucun mot ne sort de notre bouche.
C’est aussi l’enfant qui ne dit plus rien, se calme d’un coup, ne répond plus. La fameuse scène dans les magasins où l’enfant fait une crise, probablement une décharge de stress, qui se roule par terre et crie. Là où le parent utilise cette technique si efficace : le laisser seul et faire mine de partir. Que se passe-t-il ? Le stress est tellement intense que l’enfant se fige. Il arrête de crier, ne bouge plus. Il s’est calmé ? Pas vraiment non, il s’est coupé. De l’extérieur, ça parait une solution efficace. Si on y regarde de plus près, les conséquences pour l’enfant ne sont pas vraiment positives : amygdale restant en alarme, taux de cortisol élevé et possibles répercussions sur le cerveau. Sans parler du réservoir affectif vidé d’un coup et de la rupture brutale d’attachement…
C’est aussi l’enfant qui devient tout mou, qui se laisse glisser par terre. Tu as l’impression qu’il le fait exprès, qu’il se moque de toi. Tu veux l’emmener quelque part et il se fait lourd et se laisse tomber. C’est pénible, insupportable même. Et pourtant il n’y peut rien.
Il est parfois difficile de comprendre nos réactions et celles de nos enfants. Une bonne partie de celles-ci méritent d’être revues avec l’éclairage des mécanismes du stress.
Si la réaction de mon enfant est due au stress, il ne peut absolument pas la contrôler. C’est un réflexe. Dans ce circuit, le cortex préfrontal, siège de notre raisonnement, est court-circuité. Il convient donc de baisser le niveau de stress afin de calmer la situation.
Pour cela, il est nécessaire de travailler sur soi-même ( des infos ici !)et de s’entraîner sur les outils de gestion du stress.
Il est important aussi de prendre en compte les facteurs de stress.
Les facteurs de stress
Si il y a des déclencheurs précis à un instant T, comme un bruit soudain, une dispute, la surprise, la peur ou autre, il y aussi tout un environnement qui influence notre faculté à répondre.
On sous-estime souvent tous les facteurs de stress que l’on subit nous-mêmes mais aussi nos enfants.
Tout ce qui nous prive de notre liberté, toutes les contraintes génèrent du stress : maladies, douleurs, fatigue, problèmes d’argent, difficultés familiales ou de couple, contraintes horaires…
Et de façon plus générale au quotidien, tout ce qui est bruit, promiscuité, jugements des autres, pression sociale, changements, deuil, sur-sollicitations des sens, émotions refoulées…
Notre histoire aussi influence notre capacité à répondre et à nous adapter :
Quelle réponse a-t-on reçu à nos besoins ?
Pouvions-nous exprimer nos émotions ?
Comment a-t-on accueilli notre stress ?
Nos enfants eux aussi ont leur lot de stress. Certains facteurs sont communs entre adultes et enfants et d’autres plus spécifiques : les besoins physiologiques non satisfaits, le manque de liberté, une alimentation déséquilibrée, la vie scolaire, les ruptures de liens, les hormones, le manque de mouvement …
Globalement quand nous manquons de pouvoir sur les événements, notre niveau de stress augmente. Notre réservoir affectif se vide et nous aurons du mal à faire face aux petits tracas du quotidien.
Mais alors pourquoi certains disent avoir besoin du stress pour avancer ?
Le stress comme stimulant
Malgré tout, le stress a une fonction positive ! A la base, il s’agit d’un mécanisme qui assure notre survie. Il est donc utile !
Quand un nouvel élément survient, notre amygdale s’active. Notre corps se prépare à réagir. Il se charge de cortisol et d’adrénaline. Le coeur s’accélère, les muscles se tendent, nos pupilles se dilatent… Cette tension peut améliorer nos compétences, nous rendre plus efficaces. Elle nous donne l’énergie nécessaire à l’adaptation.
C’est ainsi que, sous stress, un sportif peut se surpasser, un acteur peut réaliser une performance exemplaire.
Pour que cette tension soit source de dépassement de soi et non de détresse, il est important de reprendre du pouvoir sur les événements. Utiliser le stress à son avantage, le maîtriser comme une force.
Ce n’est pas toujours le cas et quelque soit notre vécu de ce stress, il provoquera une véritable fatigue du corps qu’il ne faut pas négliger.
Pour que le stress soit un stimulant, nous avons besoin de nous sentir puissants et en sécurité, solidement ancrés. Cela nécessite un travail sur soi et sur nos facteurs de stress environnementaux.
Nos enfants, eux, n’ont pas cette capacité à calmer leur stress seul. Ils ont besoin de l’intervention d’un adulte pour s’apaiser. Ils ont besoin d’apprendre des ressources, des outils.
Prendre conscience de nos facteurs de stress nous permet de faire le point, de réaliser la pression subie et de faire le tri pour reprendre du pouvoir. Qu’est-ce que je peux éliminer ou réduire comme facteurs de stress ? Comment je peux accepter ceux que je ne peux changer ?
Le stress fait partie de nos vies. Il est omniprésent pour nous et pour nos enfants.
Apprenons à mieux le vivre et à le maîtriser. Je te partagerais quelques outils de gestion du stress dans un prochain article.
D’ici là, tu peux me partager les tiens en commentaires ! Et rappelles toi que tu as à portée de main une ressource puissante et inépuisable : les câlins !
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