« Survivre à la parentalité positive » Quoi ? J’y vais fort ? Oui c’est vrai. En même temps, pour côtoyer un grand nombre de parents qui essaie de mettre en place la parentalité positive dans leur quotidien, je remarque que c’est souvent source de tensions dans le couple. Déjà, en dehors de toute notion de choix pédagogique, la parentalité bouleverse l’équilibre du couple.
Commençons par le commencement : voyons pourquoi ces tensions existent dans le couple.
L’origine des tensions
Déjà, être parent, tu l’auras sans doute remarqué, change un peu l’organisation familiale.
La gestion du temps est différente et surtout plus incertaine. L’imprévisible est omniprésent dans la vie des parents : temps de préparation à rallonge, grosse commission pile au moment de partir, enfant malade, crise à gérer alors que là vraiment c’est pas le moment…
Le quotidien est nettement plus mouvementé et les capacités d’adaptation de chacun sont mises à rude épreuve.
La charge de travail est plus que lourde à porter : gestion de l’alimentation, des courses, de la scolarité, de la santé, du bien-être… Tout ceci en se posant des questions sur le présent, l’avenir, sur la “bonne” façon de faire… Surcharge, stress, inquiétudes…
Les ingrédients idéaux pour une belle prise de tête !
Mais alors, comment faire pour traverser ces perturbations sans y laisser trop de plumes ?
Voyons ensemble 7 clés pour améliorer notre relation de couple.
1. Communiquer
Et oui, je sais, je l’ai déjà dit. En même temps, c’est la base et c’est fondamental !
Exprimer son ressenti
On n’a pas appris à communiquer. On n’a pas appris à exprimer ce qu’on ressent, ce qu’on pense, ce qu’on souhaite.
Alors quand on décide de “parler”, on lâche les fauves. On reproche, on critique, on exige.
Je sais, moi aussi j’ai longtemps fait comme ça. Le souci c’est que ce n’est pas très efficace…
Forcément, personne n’aime recevoir des reproches et il en sort difficilement des changements positifs et pérennes. Quand tu te prends une salve de critiques à la figure, cela suscite difficilement ton empathie et ta motivation à améliorer les choses. Au contraire, tu as plutôt envie de te défendre et de riposter. S’en suit généralement des discussions assez peu constructives à base de “c’est toujours pareil avec toi”, “tu ne fais pas d’effort”, “tu ne me comprends pas”…
Par contre, lorsqu’on explique ce que l’on vit, ce que l’on ressent, ce que la situation engendre pour nous, c’est différent. Je n’accuse pas l’autre d’être responsable de mes émotions, sentiments, pensées. Je lui exprime ma vision des événements, mon vécu. Celui-ci dépend entièrement de moi. Il dépend de ma carte du monde, de mes valeurs, de mes priorités, de mes pensées sur le monde et sur moi-même.
Alors évidemment, il y a aussi une part importante liée au non-verbal, c’est-à-dire à l’énergie dans laquelle tu es lorsque tu t’exprimes.
Si ta phrase est “je me sens débordé par les tâches de la maison.” et que tu penses “tu pourrais m’aider un peu plus au lieu de rester les fesses posées sur le canapé !” Il se peut que cela ne suscite pas l’effet attendu !
Ton partenaire n’est pas devin
A moins que ton/ta conjoint(e) ne soit médium ou mentaliste, sache qu’il/elle ne peut pas lire dans tes pensées.
Honnêtement, je suis pas sûre que ce serait une bonne chose…
Qu’est-ce que je veux dire par là ? Ton partenaire ne sait pas ce que tu attends de lui/elle si tu ne le lui demandes pas.
Oui, je sais, moi aussi j’ai regardé des Disneys et des séries d’ado où les amoureux sont hyper connectés, devancent les désirs de l’autre, font des superbes surprises… Mais dans la vraie vie, en tout cas dans la mienne, ce n’est pas le cas.
Dans ma vie, quand il a spontanément plié le linge c’est déjà un peu Noël…
Parfois on se dit qu’il/elle sait ce qu’il/elle devrait faire pour nous soulager, nous soutenir, nous faire plaisir… Et parfois c’est le cas mais pas souvent.
Et puis, certaines fois, il faut avouer que tu sais ce que l’autre attend de toi mais… tu n’as pas envie, tu as tes propres soucis, tu as tes propres attentes. Et, en fait, c’est OK !
Alors si tu aimerais que ton/ta partenaire fasse quelque chose avec toi, avec les enfants, dans la maison, demande-lui !
Tant qu’à faire, pars de toi, de ton besoin, de ton ressenti et ne transformes pas cette demande en exigence.
2. Accueillir tes propres émotions
Il va sans dire que si ce n’est pas une exigence, cela signifie que l’autre peut refuser. Oui, je sais, c’est énervant mais c’est la vie. Chacun est libre de ses choix sinon cela s’appelle l’emprise, la domination, la prise de pouvoir. Ce n’est pas vraiment synonyme de couple heureux et épanoui.
Si tu fais une jolie demande à ton/ta cher(e) et tendre et qu’il/elle ne donne pas suite, il se peut que tu sois un peu (beaucoup) contrarié. Et là aussi, c’est ok !
Tu as le droit d’être en colère, triste, déçu, dégoûté…
Même, parfois, tu as le droit d’avoir des réactions disproportionnées ! Elles ne parlent plus du présent mais de ton histoire. Le tout est de les accueillir et de voir d’où elles viennent.
Moi aussi j’étais en colère
Quand mon mari a attrapé le CoviD, il a dû rester confiné dans le bureau pendant plusieurs jours. Pendant le confinement, période compliquée et incertaine, je me suis donc retrouvée à gérer seule mes enfants, leurs devoirs, la maison, les courses, tout en portant son plateau repas à monsieur… Ok, il ne l’a pas fait exprès, ok, il était malade. Il n’empêche que j’étais furieuse ! Furieuse qu’il me laisse gérer seule à ce moment si compliqué. Furieuse de ne pas pouvoir compter sur lui, de ne pas pouvoir être avec lui…
La situation était pour moi complètement injuste et j’étais en colère. En y regardant de plus près, cela me ramenait aussi à la maladie de mon père qui n’a pas été capable, à la mort de ma mère de s’occuper de nous. Nous étions donc 2 à être en colère : ma petite fille intérieure contre son père et moi contre la situation.
Laisse-toi sentir et ressentir
Parfois, nous ressentons de la colère, de la tristesse, du dégoût pour ce qui nous arrive. Essayez de nier ces émotions nous poussent encore plus loin dans les abîmes.
Nous avons le droit de nous sentir en colère lorsque notre coparent se retrouve coincé en réunion et nous laisse gérer seul le repas du soir.
Nous avons le droit de nous sentir triste lorsque nous devons annuler un voyage parce qu’il/elle n’a pas obtenu ses congés.
Accueillir nos émotions nous permet de les dépasser et dans certains cas de voir quelles sont les blessures réveillées par cette situation.
Pourquoi cela me met tellement en colère ou triste ?
Ce sera alors l’occasion de prendre contact avec notre passé pour réparer ce qui a besoin de l’être.
3. Accepter de faire différemment
Deux des sources de colères explosives dans le couple sont souvent la répartition des tâches et des façons de faire différentes. Seulement voilà, ces deux problèmes se rencontrent et s’entrechoquent.
Je voudrais que mon mari plie le linge mais quand il le fait, il ne le fait pas “comme il faut”.
Je voudrais que ma femme s’occupe des enfants le soir mais je ne supporte pas qu’elle se mette à crier.
Se répartir les tâches signifie aussi laisser l’autre faire à sa façon. Si je ne peux pas accepter celle-ci, autant le faire moi-même. Cela sous-entend aussi que j’assume ma décision.
De la même façon, laisser l’autre s’occuper des enfants signifie le laisser faire à sa manière.
Bien évidemment, il ne s’agit pas de tout accepter et il est préférable de définir le cadre ensemble. Lorsque nous vivons ensemble, nous élaborons des règles de vie, plus ou moins explicites, pour que chacun s’épanouisse au mieux. C’est le cas pour un couple, pour une cohabitation, pour une famille et pour tout groupe évoluant ensemble.
Lorsque nous élevons des enfants ensemble, nous nous devons d’avoir un socle commun, un cadre sécurisant et stable pour que chacun ait ses repères. Cela nécessite de voir ensemble quelle éducation nous voulons pour nos enfants et d’établir un mode de fonctionnement.
Pour autant, il reste un degré de liberté où chacun évoluera à sa façon. Chacun ayant ses propres besoins, son seuil de patience, son niveau de stress.
4. Avancer à son rythme
Nous avons chacun nos blessures, plus ou moins grandes, plus ou moins cicatrisées, plus ou moins conscientes.
Lorsqu’un des deux parents choisit d’accompagner ses enfants selon la parentalité positive, il a souvent besoin de revoir son passé et d’apprendre une nouvelle voie. Ce chemin est plus ou moins compliqué en fonction de l’éducation reçue et des différents éléments de notre histoire.
Personnellement, j’ai beaucoup travaillé sur moi en thérapie, en coaching parental, en développement personnel. Je me suis énormément investie en formation en parentalité positive, en neurosciences, en expression des émotions, en compréhension des relations…
J’ai fait de ces changements ma priorité.
Je ne peux pas demander à mon mari d’avancer à la même vitesse que moi et lui imposer ma façon de faire.
Il a sa propre histoire, ses propres blessures et son propre chemin à parcourir. Je ne peux pas changer son parcours. Je peux choisir de lui faire confiance ou non.
Mon mari n’est pas moi. Il a ses propres pensées, sa façon de faire.
5. Ne pas essayer de convaincre
Lorsque j’ai commencé à m’informer sur les neurosciences et sur le développement de l’enfant, je voulais que mon mari me suive à 100%. Alors, je tentais de le convaincre, de le faire changer.
Je lui disais ce qu’il devait faire ou ne pas faire. Je le reprenais sur certaines phrases dites aux enfants. J’avais tellement à cœur de protéger mes enfants de jugements négatifs ou de perte de confiance en eux et en nous… Je ne me rendais pas compte que je me comportais avec mon mari de la même façon que celle que je rejette pour nos enfants.
Je soulignais ses erreurs et le privait de son pouvoir personnel et de sa confiance en ses compétences.
Bonne nouvelle pour lui, je me suis calmée !
J’ai compris que plus tu essaies de faire changer l’autre, plus tu lui dictes sa conduite et plus tu actives chez lui une réaction de rejet et d’opposition. Tu suscites en lui des sentiments de dévalorisation. Exactement comme avec les enfants !
J’ai ouvert les yeux sur ce qu’il vivait lui aussi et sur les difficultés qu’il pouvait traverser. J’ai changé de stratégie et j’ai décidé de lui faire confiance, comme je fais confiance à mes enfants.
Je change mon regard sur lui et me concentre sur tout ce qu’il met en place pour avoir une relation respectueuse et harmonieuse avec les enfants. Je souligne ses efforts et lui exprime ma gratitude.
Par ailleurs, je lui donne des informations sans jugement, sans morale ou culpabilisation. Du moins, j’essaie !
6. Montrer l’exemple
J’accepte mon mari comme il est et là où il en est. Pour autant, je sais qu’il modélise sur mes attitudes avec les enfants et que c’est beaucoup plus efficace que mille discours.
Alors je montre l’exemple. Je parle de moi, de ce que je mets en place.
Je lui raconte mes erreurs et comment je les rattrape.
J’exprime mes émotions, mes besoins, mes attentes.
Je prends soin de moi et de mon stress.
Je lui fais part de mes découvertes, de mes apprentissages.
J’applique au mieux ce que j’enseigne.
Et force est de constater que ça marche. Nous en avons déjà parlé ensemble et il remarque lui aussi que c’est ce qui est le plus efficace pour lui.
Notre cerveau agit en miroir. Il apprend en voyant l’autre faire. C’est valable pour les enfants mais aussi pour les adultes. Si tu ne me crois pas, observe !
Observe les personnes autour de toi. Lorsqu’ils se parlent, se côtoient depuis un moment. Nous avons tendance à adopter les mêmes postures, le même ton de voix. Nous sommes influencés par notre environnement mais nous pouvons aussi décider d’influencer nous-mêmes positivement notre entourage.
Je finirais par une clé qui est essentielle à mon sens et souvent mise de côté pour des raisons de temps et de disponibilité.
7. Remplir le réservoir du couple
J’ai déjà abordé le principe du réservoir et l’importance de remplir le réservoir de chacun par des moments privilégiés, des mots doux, des câlins, des paroles encourageantes…
Et bien, ton couple aussi a son réservoir.
Lorsque la vie professionnelle et la vie de famille prennent toute la place, que reste-t-il pour le couple ? Comment se sentir en lien lorsqu’on ne passe plus de temps de qualité ensemble ? Comment s’adapter aux péripéties de la vie lorsque nous n’avons plus de jus ?
Prendre le temps de se reconnecter l’un à l’autre, de se retrouver nous donne de la force. Lorsque notre lien est fort et solide, les perturbations du quotidien ne nous renversent pas.
L’idéal serait de s’accorder des soirées, des week-ends voire des vacances…
Honnêtement, mon grand vient d’avoir 8 ans et on peut compter sur les doigts d’une seule main les journées passées en amoureux depuis sa naissance ! Parce qu’il est difficile de s’organiser, de confier nos enfants, de se séparer. Parce que nous avons 3 enfants et que nous souhaitons être là pour eux, avec eux.
Pour autant, il est possible de se connecter l’un à l’autre simplement, en quelques instants : par le regard.
Plonger son regard dans celui de son amoureux… Lui accorder son attention, lui faire un sourire, le prendre dans les bras…
Il y a tant de gestes simples qui nous unissent et nous nourrissent. Ne passons pas à côté.
L’instant présent ne reviendra pas alors profitons en.
Je t’invite à essayer dès aujourd’hui, dès ce soir. Juste un instant, juste un regard, juste un sourire… et juste un lien qui se renforce et nous rapproche.
Je suis Julie Mathieu, coach parentale et je t’accompagne dans ton chemin de parent pour changer de regard sur tes enfants, sur leurs comportements et sur toi afin de (re)trouver la sérénité et la joie dans ton quotidien.