Une des choses les plus difficiles, pour moi, à gérer au quotidien, c’est le temps. Associer éducation bienveillante et gestion du temps c’est un casse tête récurrent !
Le stress du matin
Le matin j’ai l’impression de me transformer en lapin d’Alice au pays des merveilles: “en retard, en retard, on va être en retard !!”
Ma fille a du mal à se lever, parfois même elle retourne se coucher.
Ce matin même, 7h50, en pyjama, le ventre vide, elle retourne sous sa couette parce que non, elle n’a pas assez dormi !
L’autre jour, 8h10, déjà hors délai, elle part en criant dans sa chambre parce que son père a refusé de lui faire une énième tartine, faute de temps. Je me retrouve donc quelques minutes plus tard avec ma fille en culotte qui veut choisir ses vêtements et s’habiller seule… sachant que, techniquement, on devrait déjà être en route ! Tout est sous contrôle !
Dans ces cas là, c’est difficile de prendre le temps, parce que tu n’en as plus. Difficile de rester patient quand ton stress est au max.
Le stress engendre le stress
Le pire c’est que plus tu stresses l’enfant et moins il est efficace. Physiquement parlant, il a une baisse du tonus musculaire qui l’empêche d’accélérer… Donc plus tu t’énerves, plus il perd ses moyens et moins il avance… Tous les ingrédients sont réunis pour un feu d’artifices de cris, de colère et de frustrations!
Et là on te dit qu’il ne faut pas crier, qu’il faut rester à l’écoute, accepter ses émotions et prendre le temps de le laisser faire seul ! Mouhahaha ! Quelle super blague !
Et le soir ? Franchement, pas mieux ! Quelque soit l’heure à laquelle je récupère ma jolie ribambelle, quelque soit mon humeur et mon énergie, il arrive (presque) toujours un moment où ça part en cacahuète. La situation m’échappe. J’avais pourtant prévu de la marge pour leur bain avant le repas, leur laisser du temps pour jouer, passer des moments sympa avec eux… Difficile d’avoir des enfants prêts à se coucher dans un délai raisonnable.
Mais alors comment faire ?
La vérité, c’est qu’en ce moment je suis stressée par mes projets professionnels et que, par conséquent, JE suis intolérante à la frustration.
Donc, première chose à faire, encore et toujours, prendre soin de soi ! Assumer que le stress vient de moi et lâcher prise sur les horaires du soir. Parce qu’ils ont besoin de souffler, de jouer librement, de se détendre. Parce que les enfants vivent dans le présent, dans l’instant et qu’on a beaucoup à apprendre d’eux !
Ok, c’est bien joli mais comment on fait le matin ? Il faut bien qu’ils soient à l’heure à l’école parce que sinon la maîtresse, à force, elle va commencer à râler.
Solutions pour un matin serein
On m’a répondu un jour “tu n’as qu’à te lever plus tôt !” Certes, merci, mais ça ne suffit pas. Je connais des parents qui se lèvent bien plus tôt que nous et qui rencontrent des difficultés aussi.
L’important c’est de rendre l’enfant acteur de son temps, de lui rendre son autonomie et son pouvoir personnel. Mon fils de 6 ans sait lire l’heure et ça marche très bien pour lui. Il sait à quelle heure il doit partir et ce qu’il doit faire avant. Il gère son temps seul et, globalement, il est prêt au bon moment. Parce qu’il connaît sa routine.
La magie de la routine
Les routines, pour l’enfant, c’est super. Ça pose un cadre. Ça rassure, il sait ce qu’il a à faire.
Une routine, c’est quoi donc ?
Tout simplement la liste des étapes du matin et du soir.
Le matin, je me lève, je prends mon petit déjeuner, je m’habille, je me brosse les dents, je mets mon manteau et je pars à l’école.
Le soir, je me lave, je me mets en pyjama, je mange, je me brosse les dents, je lis l’histoire, je fais un bisou/câlin à papa et maman et je me couche.
Une routine visuelle
Pour que l’enfant puisse suivre et intégrer sa routine, on s’en fait une fiche, une liste ou une affiche.
Ça parait tout simple mais le fait de les avoir en visuel aide l’enfant à se structurer dans le temps.
Pour les plus petits, on peut faire des dessins, des photos, une liste à cocher, une horloge illustrée… On peut utiliser un sablier. L’important c’est que l’enfant puisse repérer les différentes étapes et se situer dans sa routine.
Quand mon fils était plus jeune, je l’avais pris en photo à chaque étape et on avait fait un tableau qu’il pouvait cocher au fur et à mesure.
Recentrer l’enfant sans lui donner d’ordre
Pour le parent ça donne un outil pour recentrer l’attention de l’enfant.
“Regarde ton horloge, c’est l’heure de quelle étape maintenant ?”
“Où en es-tu dans ta routine ce matin ? Qu’est-ce qu’il te reste à faire ?”
Au lieu de donner un ordre à l’enfant, qui le stresse et le bloque, on lui pose une question qui le pousse à réfléchir, à activer son cortex préfrontal et l’aide à entrer en action. Il se sent valorisé, responsabilisé et l’atmosphère familiale s’en ressent.
Alors oui j’avoue, ma fille avait une superbe horloge avec des super dessins pour sa routine du matin mais il faut que je change les piles ! Voilà, je sais, c’est un peu la honte mais sans ça il n’y aurait pas eu cet article !
Prendre le temps d’accueillir les émotions
Quant au fait d’écouter les émotions, colères et frustrations du matin, oui, je sais c’est dur mais en fait ça marche aussi ! Même dans le stress et l’urgence du matin, prendre le temps d’écouter ce qu’il se passe pour l’enfant, ce qu’il vit et ce qui le pousse à agir ainsi, c’est faisable, la plupart du temps.
Reprenons le cas de ma fille, une vraie mine d’inspiration !
Le jour où elle est partie dans sa chambre en pleurant à 8h20. J’avais 2 options: version hardcore, l’habiller de force et la traîner à l’école tant bien que mal sous le regard outré de tout le voisinage ou version Bisounours, prendre le temps de l’écouter et de gérer les choses calmement, au risque d’être en retard.
La chance que j’avais ce jour là c’est que mon mari était là et a donc emmené les 2 autres en temps et en heure. J’ai soufflé un bon coup, je me suis dit “au pire, elle est en retard, ce n’est pas non plus la fin du monde.” Donc lâcher prise et respiration !
Quand elle a vu que j’étais calmée, elle s’est tout de suite apaisée. Preuve qu’elle avait juste besoin que je sois disponible et à son écoute. On a fait un câlin, elle s’est habillée rapidement et on a couru en rigolant jusqu’à l’école. Au final, elle est arrivée à 8h35 mais les portes étaient encore ouvertes et tout s’est déroulé sans cri ni violence.
Écoute VS autoritarisme
Si je m’étais énervée, si je l’avais habillée de force, que ce serait-il passé ? Du stress, de la rancœur, de la colère, de la tristesse, de la honte… Pour quelques minutes de gagnées ? Je ne suis même pas sûre que ça aurait été plus rapide.
Parce qu’écouter son enfant ne prend pas forcément plus de temps que de le forcer, bien au contraire. Accepter et valider son émotion, prendre quelques secondes pour se mettre à sa place et comprendre. Juste quelques secondes qui peuvent changer tellement !
Option bonus : la vie comme un jeu
Et si tu veux des matins qui chantent, jouez ! Mets du challenge dans la routine du matin. Mets tes enfants au défi: s’habiller en moins de 1 minute, beurrer ses tartines de la main gauche, débarrasser la table en moins de 30 secondes… Faites la course jusqu’au portail de l’école.
Invite la joie à la table du petit déjeuner ! Le stress diminuera et tout le monde commencera la journée positivement !
Moi je te laisse, je vais remettre des piles dans l’horloge de ma fille !
Et chez toi, ça se passe comment le matin ? Quelle est ta routine ?