Mon mari, cet enfant incompris

Ce matin, j’ai entendu l’enfant intérieur de mon mari !

« Moi aussi je voudrais qu’on m’écoute ! »

Faut dire que je ne suis pas forcément simple avec lui, limite pénible même !

Le contexte ?
Un grand classique : le matin, c’est la course pour se préparer en temps et en heure. En même temps, on n’est pas des lève-tôt donc on se lève à 7h30 pour partir à 8h15 avec 3 enfants à gérer ! On est joueurs !
L’aîné traîne la patte, squatte la salle de bain, fait du bruit…
Mon homme, sous stress, commence à s’énerver.

C’est pas sa faute, je pense que son amygdale a été bien abîmée par le stress et il est donc assez réactif ! Parce que plus tu vis de stress et plus tu es sensible au stress… D’où l’intérêt de limiter au maximum les sources de stress pour nous et nos enfants…

Du coup notre organisation du matin : pas terrible ! Voire peux mieux faire !
J’avoue que je ne sais même plus quel était le motif exact de la prise de tête de ce matin mais c’est pas important. C’est une situation récurrente.

Comme je lis beaucoup et que je me forme sur les réactions des enfants, leurs besoins, leurs émotions, leurs capacités neurocomportementales et neuroaffectives… J’ai toujours un avis sur ce qui est en train de se jouer, toujours une interprétation de ce qui se passe pour l’enfant, pourquoi il dit ça, pourquoi il ne répond pas, pourquoi il fait ou ne fait pas ça…
Toujours ? Oui, quand il s’agit d’interactions des enfants avec les autres !
Parce que quand c’est avec moi, parfois, j’ai beau chercher, je comprends fichtre rien !

Donc oui, j’ai mon avis, pas forcément vrai d’ailleurs (je n’ai toujours pas le super pouvoir de lire dans les pensées), et surtout je le dis ! Aie ! Je suis vraiment pénible!

Le pire c’est qu’en essayant de faire ma sauveuse, pour mon fils, mon mari, leur relation, je me transforme en persécutrice !
J’essaie d’expliquer à mon mari pourquoi mon enfant réagit comme ça, d’expliquer son comportement…
Erreur !!!

Donner des conseils n’aident pas à calmer la situation.

Quand tu es super énervé et que l’autre t’explique que, non, vraiment, il n’y a pas de raison, qu’il faudrait que tu fasses un effort pour comprendre l’enfant, écouter son besoin… C’est juste insupportable en fait !
Ça t’énerve encore plus ! Tu te sens incompris !
Et tu as bien raison !

Peut-être qu’il faudrait que je calme un peu mon côté sauveuse ?

Intervenir quand on ne t’a rien demandé, c’est pas utile, c’est pas aidant, ça ne fait progresser personne. Et, de fait, se mettre en position de sauveur c’est forcement mettre l’autre dans le rôle de victime ! Et ça, c’est pas très sympa ! Pas très valorisant pour l’autre…

L’enfant intérieur de mon mari.

Et puis, ce matin, comme toutes les fois où j’interviens comme ça, j’ai tendance à oublier quelqu’un. Un petit garçon qui aimerait bien qu’on l’écoute, qu’on prenne soin de lui, qu’on fasse attention à ses sentiments, qu’on accueille ses émotions…
Qui ? L’enfant intérieur de mon mari. Oui, celui là même !

Celui qui se cache et qui se tait la plupart du temps. Celui qui ne se donne pas forcément l’autorisation d’exprimer ses pensées. Celui qui, peut-être, n’a pas toujours eu le droit de manifester ses émotions, d’exprimer ses besoins.
Il est important lui aussi. Il ne faut pas le laisser dans son coin.

Alors quoi, suis pas sa psy non plus ?

Non, c’est vrai et heureusement, trop de travail !
Mais ce n’est pas en laissant de côté cet enfant blessé que les relations dans la famille vont s’améliorer.
Parce que lui aussi a besoin d’être entendu. Parce que ses émotions aussi sont valables.
Parce que ce n’est pas en lui faisant la morale et en le jugeant que je l’aiderais à comprendre nos enfants.

Pour toutes celles et ceux qui ont des difficultés dans leur couple, des tensions au sujet des enfants, de l’éducation positive, rappelons nous que :

Pour enseigner l’empathie, il faut faire preuve d’empathie.

Pour enseigner l’indulgence, il faut être indulgent.

Pour enseigner la patience, il faut être patient.

Pour enseigner la bienveillance, il faut être bienveillant.

Alors soyons tolérant envers nous, envers nos enfants, envers nos conjoint(e)s, envers la société.

Et à toi, mon amour, je t’aime et tu mérites d’être écouté !

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