J’ai regardé hier une vidéo d’Isabelle Filliozat très intéressante qui m’a fait réaliser à quel point on peut facilement passer à côté de la cause réelle du comportement de nos enfants.
L’histoire d’Isabelle
Dans cette vidéo, elle raconte un épisode de sa vie où elle a donné une gifle à sa mère.
Déjà, ça fait relativiser les choses… Même Isabelle Filliozat n’est pas parfaite !
Le contexte : à l’âge de 13 ans, elle était chez une amie et elle a assisté à une scène qui l’a choquée. Son amie s’est disputée avec sa mère, sa mère l’a giflée et l’amie à giflé sa mère en retour. Isabelle est rentrée chez elle en portant en elle toute la tension, le stress induit par cet épisode. Pour un motif quelconque elle s’est disputé avec sa mère et en est venu à la gifler.
Son geste était en fait l’expression de sa détresse, de sa tension accumulée, de son incompréhension. C’était un appel au secours.
Reproduire pour comprendre
Bien évidemment, tout ce processus n’est pas conscient. Elle ne s’est pas dit “tiens, voyons ce que ça fait !” C’est son corps qui s’est exprimé à ce moment là.
Reproduire une scène, un acte qui nous a choqué pour pouvoir le comprendre, le digérer. Rejouer la scène en interprétant différents rôles, c’est un exercice de thérapie connu et reconnu. Et cet exercice, les enfants le font constamment.
Quand ma fille joue avec ses poupées et qu’elle fait la maîtresse, elle rejoue sa journée, ce qu’elle a vu faire,ce qu’elle a entendu.
Quand mon fils pousse sa sœur, la bouscule, il reproduit ce qu’il a vu, entendu, vécu dans la cours de récré.
Du coup, quand je vois ma fille de 2 ans qui jette ses poupées par terre je m’interroge sur ce qui se passe à la crèche !
Les enfants reproduisent constamment nos comportements, nos attitudes. Si un enfant assiste à une scène de violence, il est sous stress, sous tension. Il peut garder cette tension dans son corps pendant un long moment. Jusqu’à ce qu’il ait l’opportunité de décharger. Sa tension devient agressivité, violence et ça dérape. Son corps s’exprime, son corps rejoue la scène. Il cherche à comprendre, il cherche de l’aide.
Réagir face à la violence
Quelle est la bonne réponse face à ce comportement ? Que faire ?
Punir, sanctionner… On ne peut quand même pas laisser passer une telle attitude sans réagir ! Mais en punissant l’enfant, va-t-il apprendre ? Va-t-il changer son comportement ?
Les neurosciences nous indiquent le contraire. La punition engendre du stress, de la colère, du ressentiment et bloque les apprentissages. Le stress nous coupe de nos facultés de raisonnement et donc nous empêche d’apprendre.
Alors que faire ? Isabelle Filliozat a la chance d’avoir une mère très en avance sur la compréhension de l’enfant puisque, dans la situation évoquée, elle a su prendre le temps d’interroger sa fille, de l’écouter et de comprendre d’où venait ce comportement. Elle a compris que cet acte n’était pas volontaire. Ce n’était pas dans le but de faire mal. C’était un appel au secours, une demande d’aide de la part de son enfant.
Clairement, là, on est au niveau Maître Jedi de l’approche empathique de l’enfant. C’est hyper difficile, quand on est confronté à une réaction violente de notre enfant d’y faire face avec douceur et bienveillance. Tout simplement parce que, dans ce cas là, nous sommes nous aussi sous stress donc nous avons du mal à analyser la situation. En plus, si notre éducation n’était pas dans ce schéma d’accueil bienveillant, notre voix intérieure nous dit de sanctionner.
Et si on essayait quand même ?
Dépasser nos préjugés
Même si ce n’est pas notre réaction première, même si ça nous prend quelques minutes pour nous ressaisir.
Que se passe -t-il si on adopte cette attitude bienveillante et accueillante face au comportement violent de notre enfant ?
On lui prouve que nous l’aimons de façon inconditionnelle, quoiqu’il arrive et quoiqu’il fasse. Est-ce une récompense à son attitude agressive ? Non, juste l’acceptation de ses faiblesses, de son immaturité cérébrale, de ses erreurs. C’est lui montrer que nous avons confiance en lui, en sa capacité d’apprendre, de progresser. Parce qu’un enfant violent est avant tout un enfant qui souffre.
Ce n’est pas accepter la violence, c’est avoir conscience qu’il ne contrôle pas toujours ses impulsions, qu’il n’est pas méchant ou mauvais. C’est lui montrer une autre voie, un autre modèle. C’est lui donner une alternative, des ressources. Rappeler l’interdit, oui, la violence est à bannir, elle ne résout rien. Mais ne pas se contenter de ça, aller au delà et permettre à l’enfant d’apprendre comment faire autrement.
En faisant preuve d’empathie envers lui, nous permettons à notre enfant d’aller de l’avant, de regarder son comportement et d’en tirer des apprentissages. Il pourra alors, à son tour, comprendre les émotions, les ressentis des autres. Il pourra de lui même comprendre que la violence n’est pas la meilleure voie. Il pourra trouver ses propres solutions pour réparer ses erreurs. Il sera en mesure de se mettre en empathie avec la personne qu’il a blessé, de lui demander pardon, de lui faire des excuses sincères et de proposer une réparation.
Aller au delà de ses gestes, du comportement jusqu’à la cause
Allons plus loin que les apparences. Par son attitude, que me dit-il ?
A-t-il vu quelque chose qu’il n’a pas compris, pas accepté et dont il a besoin de parler ?
Est-il sous stress, sous pression ?
A-t-il un problème non résolu, une émotion refoulée, tristesse, colère, honte ?
Une attitude qui a du sens
Certains diront : pourquoi récompenser un tel comportement ?
Pourquoi prendre le temps de l’écouter alors qu’il est violent ?
Si vous avez un robinet qui fuit et qui inonde le sol de la salle de bain, quelle est la meilleure attitude à adopter ? Essuyer le sol encore et encore ou réparer le robinet ?
C’est pareil avec votre enfant. Oui, il faudra nettoyer le sol, réparer, accepter les conséquences. Mais tant que la cause du comportement ne sera pas identifiée et traitée, ce comportement risque de se reproduire encore et encore.
Quel est votre but ? Affirmer votre pouvoir, votre autorité en sanctionnant les attitudes négatives ou aider votre enfant à apprendre, à développer son empathie, à progresser ?
Autant que possible, montrons à nos enfants notre amour inconditionnel, soyons à l’écoute, accueillons les dans toutes leurs émotions, acceptons leurs erreurs et les nôtres pour ce qu’elles nous enseignent.
Pour que générations après générations, la bienveillance et l’empathie progressent, encore et encore.
Serais-tu prêt à essayer ? Je t’invite à me dire en commentaire comment tu réagirais dans une telle situation. Moi je ne suis pas sûre que j’aurais réagi comme la mère d’Isabelle ! Et toi ?
4 Commentaires
Bonsoir Julie, j’ai vu la vidéo que tu évoques il y a plusieurs années, et impossible de remettre la main dessus.
Peux-tu me transmettre le lien où la visionner ?
Merci !
Bonsoir ! Voici le lien https://youtu.be/CNSylSf02WU
Bonne soirée !
Chouette Merci !
Mon fils de 8 ans vient de « jouer » une scène très ressemblante à celle d’Isabelle: il a giflé l’amoureuse de son père, avec qui il a par ailleurs une chouette relation de confiance. Du coup c’est bien soutenant de pouvoir leurs partager cette vidéo.
Bravo pour ton article, ton site et tes ateliers !
C’est toujours difficile de comprendre ce genre de geste ! Se rappeler que le comportement de l’enfant est toujours un message nous aide.
Je te remercie de ton commentaire et je suis heureuse de pouvoir t’aider ! 🤗