Et si on parlait un peu du lâcher-prise ?
Parce qu’il faut bien se l’avouer si tu espères avoir un week-end au calme, une maison toujours propre et bien rangée, avec des enfants… ça va être compliqué !
Les enfants c’est bruyant, ça bouge, ça met le bazar… Ils ont besoin d’expérimenter et d’explorer pour grandir.
Les petits ont besoin de vider la caisse de jouets pour y voir plus clair et s’y retrouver.
Les grands ont besoin d’affirmer leurs propres valeurs, plus ou moins bruyamment.
Nos enfants sont plein de vie !
Quand ils sont heureux, ils crient et sautent dans tous les sens.
Quand ils sont en colère, ils crient et sautent dans tous les sens.
Quand ils jouent, ils crient et sautent dans tous les sens.
Quand ils sont énervés, ils crient et sautent dans tous les sens.
Quand ils sont fatigués, ils crient et sautent dans tous les sens.
Ils vivent dans le présent, à 200%, ressentent des émotions intenses qui s’expriment avec force et fracas!
Alors en tant que parents, on a peu d’options:
- Les formater, les mater, en faire de belles plantes vertes silencieuses et obéissantes. C’est un choix.
- Devenir permissif, les laisser tout faire, lâcher l’affaire, mettre nos besoins complètement de côté jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment grands pour voler de leurs propres ailes, en espérant survivre jusque là…
- Garder toutes nos règles, tous nos vieux principes ancestraux, et s’arracher les cheveux à leur expliquer encore et encore qu’il faut faire comme ci et pas comme ça.
- Faire la part des choses, redéfinir ses priorités, établir des limites pour préserver nos besoins essentiels tout en leur laissant un maximum de liberté. Lâcher prise sur certaines attentes. Arrêter d’essayer d’être parfait. Arrêter de vouloir tout contrôler. Faire confiance dans la nature fondamentalement bienveillante de nos enfants. En un mot: s’adapter!
Et oui, c’est à l’adulte de s’adapter, pas à l’enfant.
Tout d’abord parce que l’enfant n’a pas fini la maturation de son cerveau. Pas la peine de lui demander de raisonner comme un adulte, de se projeter sur l’avenir, de relativiser, de réprimer ses pulsions… Il n’en est pas capable.
Petit rappel: le cerveau continue sa maturation jusqu’à l’âge de 25 ans.
Le cortex préfrontal, la partie du cerveau qui permet de contrôler ses pulsions, de relativiser, ne commence sa maturation que vers l’âge de 5-6 ans. Il commence sa maturation… Et ce d’autant mieux que l’enfant aura été accompagné de façon bienveillante et ses émotions et besoins acceptés et accueillis.
Je vous avais donné un petit exemple sur la maturation du cerveau ici et aussi là.
Alors soyons patients et arrêtons de leur demander l’impossible !
Il y a des phases indispensables au développement.
Tout comme le fait de ramper avant de pouvoir marcher. L’enfant a besoin de dire “NON” pour construire sa personnalité, se définir comme individu. Il a besoin de faire seul pour prendre confiance en ses compétences. Il a besoin de manger avec les doigts avant de prendre les couverts.
Depuis que j’en sais plus sur le développement de l’enfant, j’ai changé ma façon de voir et ça fait du bien !
Si mon enfant de 2 ans brave les interdits ce n’est pas de la provocation, sa pulsion est juste plus forte que l’interdit. Si je lui dis “Ne fais pas ça!” et qu’il le fait direct, quel sale gosse ! Ou alors peut-être que c’est ma formulation qui a induit son comportement. Peut-être que lui dire ce qu’il doit faire plutôt que ce qu’il ne doit pas faire serait plus facile à comprendre pour lui. S’il dit non à tout ce n’est pas pour me tester ou pour prendre le pouvoir sur moi, c’est juste pour construire sa propre identité.
Avant de s’énerver sur les réactions de nos enfants, ça peut être bien de s’informer.
Est-ce une phase normale de son développement ? Phase qu’il convient d’accompagner au mieux.
Est-ce un comportement inadapté ? Dans ce cas quel est le besoin qu’il tente d’exprimer ?
Est-ce que l’interdit a été correctement formulé et compris ?
A-t-il les capacités de répondre à mes attentes ?
Ma demande était elle claire et précise ?
Y a-t-il conflit de besoins ? Son besoin l’empêche de répondre au mien.
Ensuite parce que la plupart du temps, si on y regarde de plus prêt, les enfants sont souvent plus proches de la vérité que nous !
Et oui ! Les enfants ne manipulent pas, ce sont les adultes qui interprètent.
Les enfants ne font pas de caprices, ils expriment juste leurs envies, leurs émotions, leurs besoins.
Ils ne jouent pas, ils ne filtrent pas, ils ne calculent pas.
Les enfants sont spontanés et sincères. Ils expriment réellement ce qu’ils sentent, ce qu’ils vivent, au moment où ils le vivent.
L’enfant naît bon et aimant.
Il veut naturellement rendre ses parents heureux. Il a besoin de leur amour de façon vitale. A tel point qu’il fera tout pour préserver cet amour : se conformer à l’image que ses parents ont de lui, leur excuser toutes leurs erreurs.
Si ses parents ne répondent pas à ses besoins d‘attention, il se dira que c’est de sa faute, il ne mérite pas.
Si ses parents sont tristes ou dépressifs, il se sentira coupable.
Si on le tape, c’est parce qu’il est méchant.
Si on le punit, il se dira que c’est parce qu’il est mauvais.
Arrêtons de toujours imaginer qu’ils font tout pour nous embêter, pour nous rendre chèvre. La plupart du temps, ils font juste ce qu’ils peuvent !
Il serait peut-être bien de se mettre un peu plus souvent à leur niveau.
Il ne s’agit pas non plus de mettre complètement de côté nos besoins et nos envies.
Déjà parce que ce n’est pas un super exemple pour nos enfants, ensuite parce que ce n’est pas viable sur le long terme. On s’épuise et on risque de ne pas être efficaces. On a besoin de se ressourcer soi même et en couple.
Il est possible de respecter à la fois nos besoins et aussi ceux de nos enfants. Si, si, c’est possible ! Ça se travaille, ça se réfléchit, ça s’organise mais c’est possible.
Certaines fois il faudra différer notre besoin, souvent on trouvera un compromis pour répondre aux besoins de tous, de temps en temps le besoin de l’enfant passera avant, et d’autres fois nos besoins seront complètement compatibles.
Le tout étant de rester à l’écoute de nos besoins, nos vrais besoins et ceux de nos enfants.
S’autoriser à être un parent imparfait.
Le lâcher-prise c’est aussi s’autoriser à être humain, à ne pas être au top tous les jours, à fléchir pour mieux se relever, à demander de l’aide quand on est submergés !
Si tu sens que tu es à bout, si tu te perds de vue, si tu es perdu, passe le relais ! Confie tes enfants à une personne de confiance, ton conjoint, une amie, de la famille, le parent d’un copain de classe, une baby-sitter… Prends du temps pour toi, fais toi un ciné, un massage, prends un café avec une copine, lis un livre, dors… Ressource toi!
Et si un jour, parce que tu es fatigué, stressé, juste humain, tu cries, tu es intolérant, tu n’as plus de patience. Rien ne t’empêche de leur dire sincèrement. “Aujourd’hui je suis fatiguée parce que … « , « J’ai moins de patience, je m’énerve vite, mais ce n’est pas de votre faute !”
On peut rester humain, faire des erreurs, sans que nos enfants n’en assument la responsabilité. Le simple fait de leur dire ce qu’on traverse apporte beaucoup : on leur montre notre sincérité, notre confiance en eux, on leur montre l’exemple, on leur prouve que l’erreur est permise et on les protège. On les empêche de développer des croyances négatives sur eux-mêmes.
Pour définir au mieux le cadre de vie, assurer un climat serein et de sécurité, il convient de définir des règles ensemble.
Celles ci ne doivent pas être trop nombreuses, trop lourdes, afin de maintenir un sentiment de liberté. Quand le cadre est trop strict, ça devient une prison. On a tous besoin d’exercer notre pouvoir personnel. Si la contrainte est trop forte, la réaction naturelle est de se rebeller.
Les règles doivent être claires et compréhensibles par tous. Elles doivent respecter les besoins de chacun.
On ne peut pas exiger des enfants qu’ils ne fassent jamais de bruit, qu’ils ne vident pas la caisse de jouets par terre, qu’ils restent toujours bien sages à leur place. Ils ont besoin de leur espace de liberté, de bouger, de s’exprimer. On peut leur laisser cet espace tout en leur apprenant à respecter les limites de chacun, à ranger après avoir joué…
Et avant de dire NON, pose-toi ces 2 questions:
Est-ce que ça représente un danger pour la sécurité physique et psychique de mon enfant ?
Est-ce que le laisser faire irait à l’encontre des valeurs que je veux lui transmettre ?
Non et non ? Alors peut-être que tu peux lâcher prise!
Laisse tomber tes exigences irréalistes, tes attentes démesurées, tes objectifs irréalisables, ton désir de perfection.
Profite de la vie telle qu’elle est !
Lâche du leste ! Sent comme tu es plus léger, plus libre !
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