On parle de plus en plus d’intelligence émotionnelle, de communication non violente, de prendre soin de soi et de ses besoins…
En effet, tout ceci me paraît essentiel et ce d’autant plus que tu es parent.
Afin de pouvoir au mieux accompagner tes enfants dans leur développement et afin de favoriser leur confiance en soi et d’éveiller leur empathie, il est important de faire un travail sur toi-même.
Une petite introspection, un état des lieux :
Où j’en suis ?
Comment je gère mes émotions ?
Quel exemple je donne à mes enfants ?
Quelle personne je veux être ?
Ces sujets me tiennent à cœur (et sont évoqués dans l’e-book “les 5 piliers du parent bienveillant” que tu peux télécharger gratuitement ici. )
Mais ce n’est pas le sujet du jour. Aujourd’hui je voulais te parler des effets secondaires de cette introspection : la phase exécrable.
Et oui, on n’en parle pas beaucoup mais ce n’est pas un parcours toujours évident de prendre soin de soi !
Quand tu commences à te reconnecter à toi, à tes émotions, à tes besoins, tu passes par différentes phases : le flou artistique, la prise de conscience de tes manques, la révolte ou période exécrable et enfin le retour à l’équilibre.
Le flou artistique
Au début, tu as du mal à savoir ce qu’il te faut. Ben oui, 36 ans (oui c’est mon âge…) à ne pas t’écouter, à faire ce que les autres attendent de toi, à tout faire pour faire plaisir, pour que les autres soient biens… Quand tu te recentres sur toi, c’est comme si tu avais perdu le mode d’emploi ! Comment on fait ? De quoi ai-je besoin, envie ?
Qu’est-ce que j’aime faire ? Qu’est-ce qui me donne la patate ? Ce n’est pas si simple de sortir de cette anesthésie sensorielle et émotionnelle qui jusque là t’a protégé.
Oui cela t’a protégé dans une certaine mesure. Si toutes tes demandes sont rejetées, tu apprends à ne plus demander. Pour un enfant, c’est salvateur. Ça permet de survivre, de continuer d’avancer. Parce qu’un enfant ne peut pas forcément combler ses besoins seul. Alors si personne n’est là pour s’en occuper, mieux vaut ne plus les sentir. Ne plus sentir le besoin pour ne pas sentir le manque, la douleur.
Et puis, un jour, tu es adulte. Tu peux toi-même t’occuper de tes besoins. Oui, mais…
Ton mécanisme de défense est quand même super au point alors on va le garder un peu. On va s’occuper des autres, ça c’est facile, je sais faire. Et puis, qu’est-ce que ça fait de prendre soin de soi ? Je sais pas. C’est peut-être dangereux ? Si je ne l’ai pas fait jusqu’à présent, il doit y avoir une bonne raison…
Et puis un jour, tu te réveilles ! Ou alors tu tombes tellement bas, tu es tellement au bout du rouleau que ça devient une évidence. Si tu ne prends pas soin de toi et de tes besoins, tu n’arrives pas à avancer.
Les enfants, révélateurs de nos douleurs
Pour ça, les enfants sont un excellent détonateur ! Ils te renvoient dans tes retranchements. Ils te poussent à te dépasser, à te remettre en question. Et avec eux, tu ne peux pas tricher. Fini de faire comme si tout allait bien ! Parce qu’ils le sentent et te font sortir ce que tu as au plus profond de toi. Ils ne le font pas exprès, ils sont sensibles. Ils ressentent ton émotion comme si c’était la leur sauf qu’ils ne comprennent pas d’où cela leur vient. C’est la contagion émotionnelle. Ils se sentent mal, quelque chose cloche mais quoi ?
Malheureusement ils n’ont pas la capacité de te dire “Oh là il y a un truc qui ne va pas bien. Parlons-en et explorons ça ensemble !”
Non, au lieu de ça, ils manifestent leur malaise par des comportements dérangeants. En fait, ils expriment leur stress. En bref, tu peux garder ton masque de “tout va bien” avec tes amis, tes collègues et même ton/ta conjoint(e) mais beaucoup plus difficilement avec tes enfants.
Alors tu te rends compte qu’il te manque quelque chose, qu’il faut que tu travailles sur toi pour pouvoir mieux t’occuper d’eux.
La prise de conscience
Il faut que tu t’occupes de toi pour pouvoir les accompagner au mieux.
Prendre soin de soi, écouter ses besoins, les exprimer. Se reconnecter à soi, sensations, pensées, émotions. Exprimer ses attentes, ses envies, ses besoins….
Tout un travail de reconnexion. C’est comme si tu faisais connaissance avec toi-même, le vrai toi. Celui qui ne se définit pas par le regard des autres. L’authentique.
Alors tu prends conscience de ce que tu veux, ce qu’il te manque. C’est souvent là que ça se gâte !
Oui, je sais, ce n’est pas très encourageant tout cela mais il est bon d’en avoir conscience.
Que se passe-t-il quand tu as enfin trouvé ce que tu voulais ?
Quand tu te reconnectes à tes émotions et que tu les laisses s’exprimer ?
Quand tu réalise tes besoins et que tu veux les combler ?
Tu ressens pleinement le manque et la frustration. Mais pas juste la frustration du moment présent, tu ressens toute la frustration accumulée et toute la douleur du manque.
Alors forcément, quand tu fais une demande ou que tu exprimes ton émotion et que la personne en face ne répond pas comme tu le souhaiterais… ça explose !
La phase exécrable
Tu as pris conscience de tes besoins, tu les exprimes mais tu ne tolères pas que les autres n’en fassent pas de même et ne répondent pas à toutes tes attentes. C’est ce qu’on appelle “la phase exécrable”.
Cela fait partie de tout processus d’apprentissage. Au début tu n’as même pas conscience que tu ne sais pas. C’est quand tu prends conscience de ce qui te manque et du chemin à parcourir que c’est dur.
Il y a un certain confort dans l’anesthésie sensorielle et émotionnelle. C’est d’ailleurs pour ça que c’est si répandu. Notre société entière nie les émotions et les besoins de chacun.
Pourtant notre créativité, notre esprit créateur et notre vraie liberté ne peuvent s’exprimer qu’en étant au contact de nos sensations. C’est toute notre puissance qui réside là dedans.
Ce qui fait vraiment mal ce n’est pas la conscience de nos besoins. Ce qui fait mal c’est de sentir le manque de notre enfance, de notre vie d’avant ce constat. C’est notre enfant intérieur qui souffre. Alors le réveil peut être brutal, aussi brutal qu’il sera libérateur.
Seulement voilà, rien ne sert d’en vouloir aux autres. Ils sont, pour la plupart, aussi anesthésiés que nous l’étions.
Et il y a un point important à soulever : nous ne sommes plus des enfants.
Être un adulte responsable
Un adulte est responsable de la satisfaction de ses propres besoins. Si on attend des autres qu’ils comblent tous nos désirs, on est dépendant d’eux, objet de la relation, et souvent déçu !
La vraie liberté rime avec la responsabilité. Responsabilité de ses actions, de ses réactions, de ses émotions.
Ecouter ses besoins ne veut pas dire les satisfaire à tout prix et au détriment des autres.
Certains de nos besoins devront attendre. Certaines de nos émotions ne seront pas entendues.
Quand on commence à faire attention à soi, surtout quand on s’était un peu oublié, quand on commence à exprimer nos attentes, on a un peu/beaucoup de mal à accepter que l’autre n’accède pas à notre demande !
Et pourtant c’est le jeu ma pauvre Lucette ! Parce que l’autre a aussi ses limites, ses besoins. Dans une relation sincère et équilibrée, sans jeu de pouvoir, chacun a le pouvoir d’accepter ou de refuser.
Je fais ma part du chemin et c’est à l’autre de décider s’il fait sa part ou non. C’est sur cette partie là qu’il est bon d’apprendre le lâcher-prise. On ne peut pas contrôler l’autre. On ne peut pas forcer l’autre à faire ce que l’on souhaite. Du moins dans une relation saine et équilibrée.
Et là où c’est d’autant plus difficile, c’est qu’avec les enfants, c’est la même chose !
Nos besoins et ceux de nos enfants
On ne peut pas forcer un enfant à faire ce que l’on veut à moins de le lui imposer par la force ou par la peur.
Parce que nos enfants ne sont pas toujours capables de répondre à nos attentes. Ils n’en ont pas forcément les capacités que ce soit en raison de leur développement ou parce que leur réservoir adaptatif est à sec. Donc quand tu leur en demandes trop, tu es forcément frustré de leurs réponses.
Par ailleurs, les enfants sont dépendants de nous pour une bonne partie de la satisfaction de leurs besoins.
Et parfois nos besoins sont en conflit avec les leurs.
Nous avons besoin de calme quand ils ont besoin de s’exprimer ou de bouger.
Nous avons besoin de les savoir en sécurité quand ils ont besoin d’explorer et de découvrir.
Alors c’est difficile. Il faut s’adapter, prendre du recul sur la situation et voir ce qui est le plus important.
Quels sont les vrais besoins de chacun et lesquels peuvent être différés ?
Comment trouver une solution qui réponde aux besoins de tous ?
Le retour à l’équilibre
La bonne nouvelle c’est que tout ceci fait parti du processus mais ce n’est pas la fin.
Une fois que tu t’es reconnecté à tes besoins et à tes émotions, tu as repris contact avec ton enfant intérieur. Tu as contacté tes blessures d’enfant et tes manques.
Et ça, ça fait mal mais c’est une très bonne nouvelle.
Parce que toi, aujourd’hui, en tant qu’adulte, tu vas pouvoir prendre soin de cet enfant que tu étais. Tu vas pouvoir le rassurer, lui donner ce qu’il n’a pas eu et le guérir. Tu vas pouvoir soigner une partie de toi.
En avançant sur le chemin de la conscience, tu vas aussi te rendre compte que chacun a ses propres besoins, ses propres blessures, ses propres manques. Tu vas donc développer ton empathie.
Tu vas pouvoir prendre du recul, trouver des solutions satisfaisantes pour tous et parfois lâcher prise sur certains conflits.
Tu en ressortiras donc grandi.
Un chemin sinueux mais passionnant
La parentalité positive, l’intelligence émotionnelle, la communication non violente, la pleine conscience, l’empathie…. Tous ces concepts sont les fondements d’une relation harmonieuse, authentique, respectueuse de chacun et permettant de révéler son plein potentiel.
Pour autant ce chemin est un apprentissage, il est semé d’embûches et de défis à relever.
Sois conscient et responsable de tes réactions, de tes émotions, de tes besoins.
Et en même temps, sois patient et indulgent avec toi-même.
La route peut paraître longue et sinueuse mais elle est aussi riche et belle.
Pour ma part, j’ai en partie dépassé cette fameuse phase exécrable mais il m’arrive de retomber dedans quand la fatigue et le stress prennent trop de place.
Et toi, où en es-tu ? A la découverte de toi-même ? A la prise de conscience de tes besoins ? Au contact de tes blessures d’enfant ? ou alors au stade de l’acceptation et de l’empathie ?
Tu souhaites un accompagnement pour améliorer ta relation avec ton enfant ?
Prends rdv avec moi ici !
2 Commentaires
Coucou Julie ! Très bon article qui explique bien le flou dans lequel on se trouve lorsqu’on commence cette éducation, et qui doit parler à beaucoup de parents !
Je trouve toujours tes articles très juste. Bravo pour ce travail !
Merci beaucoup ! 😊